2. Pulsion meurtrière.

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Banlieue de Miami, 5h32.


— Tu es sûre que tu veux venir ?

Je hoche positivement la tête avant de baisser ma cagoule sur mon visage et de descendre de la voiture. Le claquement de ma portière interrompt le soupir exaspéré de mon oncle Edouard. Je suis exclue du lycée pendant 2 semaines, alors j'utilise ce temps pour apprendre à être une Anderson. C'est lui qui se colle à mon "éducation", pour son plus grand malheur. Il préférerait sûrement le faire seul et ne pas avoir un boulet à traîner, mais son aîné en a décidé autrement.

C'est pourquoi j'avance en sautillant comme une gazelle jusqu'à la maison délabrée d'un client à qui nous sommes censés mettre un "petit" coup de pression. Et par petit, on entend casser tout ce qui traîne chez lui pour lui rappeler que les armes, ça ne tombe pas du ciel.

Je pousse doucement le petit portillon grillagé qui délimite le terrain de l'imbécile, quand mon oncle attrape fermement mon bras. Lui ne porte rien sur son visage alors je vois sa moue hésitante me faire face. Il a tenu à ce que je reste dans l'anonymat pour me tenir éloignée de leurs affaires encore quelque temps. Je trouve cette décision stupide, mais je la respecte tout de même. Il se racle la gorge, mal à l'aise et regarde la porte de la maison avec une pointe de détresse dans le regard.

— Tu ne me verras sûrement plus jamais de la même façon après ça... mais je veux que tu saches, je ne le fais pas par plaisir.

— Ed... Ma vision de toi ne changera pas. Je te le promets.

Il sonde mon expression un instant avant de hocher la tête de haut en bas. Je lui souris faiblement avant de reprendre mes petits sauts d'excitation jusqu'à l'entrée de notre client.

Un réflexe stupide me pousse à essayer d'ouvrir. Le seul truc solide sur cette porte, c'est la serrure qui ne céderait même pas avec du matériel spécialisé, pourtant, je clenche tout de même la poignée. Je ne sais pas comment je peux être aussi débile, évidemment que c'est verrouillé. Surtout dans un quartier pareil. Ed ne contient pas un soufflement de nez quand il avance vers la fenêtre. Elle s'ouvre de bas en haut et laisse entrevoir un petit interstice qui pourrait nous laisser accéder à la maison. Le problème, c'est mon poids. Si oncle Edouard passe en serrant les épaules, je ne passe même pas une cuisse.

Je vérifie que mon arme est bien dans la poche intérieure de ma veste en cuir pendant qu'il envoie son coude dans le verre. La glace ne résiste pas et se brise en éclats dès sa première tentative. Il passe son avant-bras à l'intérieur de ce que je crois être le salon et soulève le vieux bois jusqu'au loquet de sécurité.

— A... attends... bredouillé-je gênée. Je ne passe pas.

— Je t'ouvre de l'intérieur, envoie-t-il tout en s'engouffrant dans la pièce.

Un bruit de chute fait sursauter mon cœur. D'autant plus que ce n'est pas celui qu'a fait mon oncle en entrant. J'écarquille les yeux et ose passer ma tête couverte, par le passage qu'il vient d'emprunter.

Mon sang se fige dans mes veines quand je vois mon oncle en train de se battre avec un molosse. L'homme aux cheveux longs est au-dessus d'Edouard et tient un chiffon qu'il essaye de faire renifler à son cambrioleur.

Enfoiré de surpoids de merde ! Si seulement je n'étais pas aussi grosse, je serais déjà en train de l'aider !

D'où je suis et surtout à cause de mon incompétence, si je sors mon arme pour tirer, je blesserais Edouard à coup sûr. Je tourne la tête dans tous les sens mais rien, la seule idée qui me vient, c'est de faire le tour de la maison pour trouver une autre entrée.

Je longe la face plongée dans l'obscurité de la maison, heureusement, il y a un chemin de gravier qui me permet de ne pas m'enfoncer dans l'herbe humidifiée par la rosée.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant