13. C'est moi qui pose les questions, ici.

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Alaë.

Commissariat de Miami, 8h53.


— Ne répondez pas, m'ordonne agressivement Adan, qui fusille le flic en face de nous du regard.

Heureusement qu'il est là, parce que seule, je n'aurais jamais pu gérer toute cette pression. Ce mec qui me sait coupable, cette caméra braquée sur moi, l'enregistreur qui ne manque pas une seconde de ce que je dis, la lumière qui m'éblouit comme dans un film cliché. Bref, un interrogatoire en bon et due forme.

— Pourquoi avoir frappé ce gamin ? reformule le policier.

J'envoie un regard interrogateur à mon avocat qui me rend un mouvement de tête pour me spécifier que cette fois, je peux répondre. Comme à la maison Alaë. Mon copain m'a donné quelques cours. Il m'a fait passer un interrogatoire musclé, sous les yeux inquiets de mes parents. Tout ça parce que ce connard têtu veut absolument plaider la légitime défense ! Alors que je pourrais plaider coupable, payer la caution, et tout serait régler.

— Je n'ai fait que défendre un camarade, rétorqué-je platement. 

Il note ma réponse sur sa feuille accrochée à sa planche à écrire, l'expression illisible.

— Pourquoi l'avoir frappé ? répète-t-il. 

Je l'imite et réitère ma réponse. Il émet un rire moqueur qui me fait froid dans le dos.

— Non ma jolie. Pourquoi l'avoir cogné, plutôt que de gentiment discuter avec le fils Miller ?

Je hausse des sourcils surpris et regarde vers mon ami qui reste tout aussi impassible que l'homme en uniforme.

— Je l'ai prévenu, il ne m'a pas écouté. Ce gamin allait vraiment se faire tabasser, alors j'ai agis.

— Pourquoi ?!

— Je viens de vous le dire.

— Pourquoi l'avoir protégé ?!

— Pourquoi pas ? réponds-je du tac au tac, en laissant mon arrogance parler pour moi. Adan va me tuer, c'est certain. 

Je suis censée jouer la petite fille fragile, mais c'est plus fort que moi, je ne suis plus cette fille. Je l'ai été trop longtemps et il est hors de question qu'elle refoute les pieds dans ma vie.

— C'est moi qui pose les questions, me prévient le flic en s'accoudant à la table en fer qui nous sépare.

Yard envoie un mouvement de tête dans sa direction pour me dire de répondre bien sagement. Je gonfle mes poumons d'air. Depuis quand je le laisse me donner des ordres ?

— J'ai des valeurs, expliqué-je docilement. Et défendre le droit des homosexuels en fait partie.

L'enfoiré en face de nous me rit au nez. Je regarde mon avocat qui l'assassine du regard. Qu'est-ce qui le fait rire ce connard ?

— Comme c'est trognon ! se moque-t-il.

Adan se redresse dans son fauteuil roulant, comme pour se donner un peu de contenance.

— Venez-en aux faits lieutenant.

Je réprime un rictus satisfait. Bordel il est... abominablement sexy. Le dénommé attrape son gobelet rempli de café. Sans me lâcher des yeux, il avale trois longues gorgées. Il essaye vraiment de me mettre la pression comme ça ? Il claque le verre cartonné devant moi, si fort qu'une goutte s'écrase sur la table.

— Tu vas finir en prison si tu ne me dis pas réellement pourquoi tu l'as cogné.

— Pour défendre les droits des homosexuels.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant