Épilogue.

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/ Deux mois plus tard.\

Appartement de Karl et Max, au petit matin.

Alaë.

Une longue sonnerie tinte dans mon oreille. Une seconde. Une troisième. Puis enfin...

— Bonjour, vous êtes sur la messagerie de maître Yard. Je suis peut-être en salle d'audience ou simplement occupé, je vous rappellerai dès que possible, merci de me laisser votre numéro de téléphone à la fin de votre message vocal.

Mes lèvres bougent en rythme avec ses paroles que je connais par cœur maintenant.

— Salut Dan... pleurniché-je. C'est encore moi. Je voulais juste te dire que je pars aujourd'hui pour la tournée avec ton frère. Je prends l'avion pour Brooklyn à 14h30 si l'envie de me retrouver devant l'embarcation te prend...

Je m'éclaircis la voix pour m'enlever ce ton monotone et suicidaire.

— Au cas où tu l'aurais oublié, mon numéro c'est "555" tiret "va te faire enculer" tiret "continue de m'ignorer comme ça et je te ferai traquer par des centaines d'espions."

Je hache mes mots comme si je lui dictais réellement un numéro de téléphone.

— Je te déteste, soufflé-je tout en retenant un sanglot. J'ai besoin de toi, et toi t'es pas là. Je crois que je veux que tu brûles en enfer, mais je sais ce que tu vas dire.

J'émets un ricanement malgré moi.

— "Jamais sans toi, ma douce." le cité-je. C'est exactement ce que tu m'aurais dit si tu étais là.

Le regard rivé sur une photo de famille datant du mariage de mes pères, je reste muette un long moment.

— Je t'aime quand même, reviens moi vite, mon Dan.

Je mets fin à l'appel, les yeux gorgés de larmes et le cœur sans dessus dessous.

— J'aurais ajouté que c'est un lâche, incapable d'assumer ses responsabilités, mais ce n'est que mon humble avis, se moque Charles dans mon dos, adossé à la porte de la chambre de mes parents.

Il détaille la pièce cloisonnée et plongée dans la pénombre de son regard compréhensif.

— Il y a encore un peu de son odeur... me justifié-je, le coussin de mon père blond fermement maintenu entre mes mains.

Il acquiesce d'un lent hochement de tête indulgent.

— Tu es sûre que tu veux partir maintenant ? m'interroge-t-il en regardant la date affichée sur le radio réveille de la table de chevet. Monsieur Baker te laisse tout le temps dont tu as besoin pour te remettre de... ça.

Le courage me vient enfin. Je renifle une dernière fois les parfums presque effacés de mes pères, puis je me lève avec entrain. Je n'ai tellement plus l'habitude de me tenir debout que mon cerveau tambourine dans ma boîte crânienne au moindre mouvement trop brusque.

— Je ne veux pas de cette vie, Charles. Regarde-moi ! aboyé-je en désignant mon t-shirt jaunâtre et la pagaille environnante. Je vis dans le souvenir et la souffrance ! Il ne reviendra pas. Il faut que je me fasse une raison.

— Tu pourrais passer à autre chose en commençant par une bonne douche, tu ne crois pas ?

Je jette un coup d'oeil aux oréoles tachants mon t-shirt initialement blanc. Je secoue ma moue écoeurée de bas en haut pour acquiescer. Je contourne le pied de lit afin d'ouvrir le volet et la fenêtre en grand. L'air pollué de l'extérieur me heurte de plein fouet, comme un mur placé au beau milieu de l'autoroute. Mes paupières papillonnent de surprise, peu habitués à autant d'air "pur". Je ramasse quelques vêtements jonchant le sol, et je les jette dans une panière à linge dégoulinante d'affaires sales. Charles me regarde faire depuis l'entrée de la chambre.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 01, 2023 ⏰

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L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant