26. Rédemption.

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Cimetière de Miami, 17h34.

Je ne parviens pas à retirer mon regard de lui.

Adan est devant moi, livide, son t-shirt blanc est devenu transparent tellement il a transpiré dedans. Il n'y aurait aucune différence à ce qu'il n'en porte pas du tout, le tissu laisse apparaître les centaines de tatouages qui recouvrent son corps saillant.

J'avance doucement afin de ne pas le brusquer pendant qu'il s'active à nettoyer la tombe de sa sœur. Cette scène me brise le cœur. Il serait impensable pour moi d'être à sa place. Je n'imagine même pas la peine qu'il ressent à l'idée de devoir laver la sépulture de sa cadette.

Il ne ménage absolument pas sa jambe blessée, au contraire, il est à genou sur l'herbe qui entoure la pierre tombale claire et frotte de toutes ses forces, la mousse verdâtre qui a commencé à l'envahir à cause du soleil et de l'humidité du sol.

Son regard blafard se pose sur l'énorme éponge qu'il a laissé trop loin de lui, là où il a déjà nettoyé. Il jure contre lui-même entre ses dents serrées, mais avant qu'il ne se redresse, j'approche pour la lui tendre.

Ses yeux se lèvent lentement sur moi pour détailler la pointe de mes pieds jusqu'à mes iris. Je lui souris tendrement tandis qu'il attrape l'éponge, un poil hésitant. Je m'accroupis pour regarder la magnifique photo en noir et blanc de Charlie gravée sur la pierre. Il a retiré toutes les fleurs et toutes les plaques que ses proches ont déposé au fur et à mesure du temps afin de pouvoir les dépoussiérer.

— Salut Charlie, envoyé-je en ignorant les yeux ronds de mon petit-ami.

J'attends. Je ne sais pas quoi, mais j'attends.

— Alaë...

— Hm ?

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je viens rendre visite à la sœur de mon futur mari.

La mâchoire inférieure de ce dernier semble soudain très lourde et tombe presque à ses genoux.

— T... to... ton futur mari ?

— Eh bien... maintenant que tu as dis à Dean que j'étais ta femme, je suppose que nous n'avons pas d'autres choix que de nous marier.

— Est-ce que c'est ce que tu veux ? sourit-il en essuyant ses mains le long de son short de jogging.

— Non.

Son visage se décompose et il replonge son éponge dans son seau d'eau savonneuse.

— Tout ce que je veux, Adan Yard, c'est toi. Si tu veux que l'on se marie, on se mariera. Si tu veux qu'on achète une maison, on achètera une maison. Tout ce que tu voudras, tu l'auras.

— Même des enfants ? ose-t-il demander, les yeux baissés sur la tâche de boue qu'il frotte activement.

— Adan... Je sui...

— Je sais ça ! s'exclame-t-il sans pour autant s'énerver. Mais ça ne nous empêche pas d'adopter, ou de faire appel à une mère porteuse, ou...

Je regarde sa détermination et apporte ma main à sa barbe afin de la caresser tendrement. Il penche son visage vers ma paume et embrasse la pulpe de mon pouce au passage.

— Si tu veux des enfants, alors tu auras des enfants, concédé-je à voix basse. Mais je ne suis vraiment pas prête pour le mome...

— T'entends ça Charlie ! s'enthousiasme-t-il en détournant vivement son menton vers le portrait de sa sœur. Tu vas être tata ! Enfin, dans longtemps, mais tu vas être tata ! Pour de vrai !

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant