Alaë.
Même endroit.
— On fait passer ça pour un règlement de compte ! propose Gérald.
— Un règlement de compte ? Dans une maison qui n'est pas la sienne ? s'amuse Adan.
Brady tourne sur lui-même et triture machinalement son menton. Sa chemise blanche est devenue transparente tellement il transpire dedans. Je peux sentir sa peur à des kilomètres. Maintenant que son père est mort, il n'a plus aucune couverture politique. Les fédéraux lui mettront très bientôt la main dessus.
C'est tout ce qu'ils attendent, que nous soyons vulnérable.
— Il peut très bien avoir été suivi ! se défend le vieillard.
Stones passe ses mains dans ses cheveux et fait un énième demi-tour.
— Dans ce cas, pourquoi il serait rentré dans la collocation de son fils, pendant que lui était absent ?!
— Pour arroser les plantes ! J'en sais rien moi !
— C'est ça le problème ! Un alibi avec autant de zones d'ombres, c'est un ticket pour la prison !
Bradley se fige brièvement, puis il reprend ses allers-retours, conscient qu'il ne doit pas montrer la moindre crainte.
— On a même pas de plantes à l'appart' ! s'écrit Adan, dont le cerveau fume.
J'approche de mon ami en deuil. Ma présence le tire hors de ses pensées.
— Alaë, murmure-t-il en reculant à chaque pas que je fais vers lui. Je ne t'ai pas vraiment menti... Écoute, je n'ai jamais été Joach...
— Arrête... le grondé-je à voix basse.
— Attends, laisse-moi finir.
Je penche ma tête sur le côté, tandis qu'un faible sourire étire mes lèvres.
— Je ne me suis jamais senti Joachim, j'ai toujours eu l'impression de déranger, d'être manipulé. Je n'ai jamais vraiment été à ma place dans ma famille, et même dans ma vie à vrai dire. Mon père m'utilisait pour se faire de l'argent sur mon dos. Il avait la vedette en faisant le beau pour les caméras. Il ne m'a jamais demandé mon avis, il m'a imposé le sien. Je ne voulais pas être méchant. Tout ce que j'ai fait, je le regrette, mais c'était eux ou moi... Tu comprends, ma princesse ?
Je l'écoute attentivement me confier tout ce qu'il a sur le cœur, pendant que les deux autres continuent de se disputer à propos de nos alibis.
— Toutes les nuits, je revois mes ennemis me supplier de les épargner, je revois leurs muscles se relâcher, leur âme quitter leurs prunelles, leurs visages s'éteindre.
Il tourne vivement sur lui-même, submergé par la rage.
— Et lui, hein ?! s'emporte-t-il. Qu'est-ce qu'il voyait la nuit ?! Les cuisses écartées de toutes ses secrétaires, parce que c'était un fils de pute infidèle ! Son nom, partout sur les magazines, les médias, les écrans de télé ! Putain il ne voyait rien d'autre que la réussite ! Pendant que je récoltais la merde derrière son passage !
Il pointe un endroit au hasard dans le vide, à bout de souffle. Je réduis lentement la distance qui nous sépare pour pouvoir saisir sa mâchoire en coupe.
— Tu t'es sauvé la peau, parce que personne n'était là pour le faire à ta place.
Il baisse le menton et ferme ses yeux clairs pour ne pas laisser ses larmes apparaître.
— Je me sentais tellement seul, avoue-t-il d'une voix tremblante. Je n'avais personne, Alaë.
Des pleurs coulent sur mes joues, alors que je ne les aies pas senties me monter.
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L'avocat Du Diable II.
RomanceAlaë a un procès aux basques et Adan, des démons à faire fuir. Quand les mensonges et les cachotteries se mêlent à une relation, peut-on encore la sauver sans risquer de détruire l'autre moitié ? Ils ont tous les deux des secrets, reste à savoir qui...