33. Réaliser, ou... réaliser.

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Adan.

À la Yones, 20h17.


La musique provenant de la salle de sport résonne à travers tout l'appartement.

Bradley est revenu. Ma gorge se dénoue rien qu'à cette pensée. Je ne le dérange pas et je le laisse terminer sa séance de musculation tranquillement.

Je range minutieusement ma mallette dans le placard en bois de l'entrée, j'accroche mon long manteau à un cintre posé là, puis je pars vers la cuisine afin de me servir un verre d'eau.

Sur le comptoir de marbre, le liquide dessine de légères vagues dans le récipient, à cause de la musique puissante qui fait trembler tous les murs et même le sol. Mes doigts desserrent la cravate que j'ai autour du cou, tandis que mes jambes, elles, me guident machinalement jusqu'au canapé. Je sors deux verres de whisky de sous la table basse, une bouteille, et quelques trucs à grignoter pour enfin pouvoir fêter dignement la victoire de ce procès avec mon meilleur-ami.

Je fixe l'immense baie vitrée surplombant la passerelle. Le soleil est bas dans le ciel, prêt à se coucher.

J'attrape mon téléphone afin d'appeler ma femme, même si je sais d'avance que je n'aurais pas de réponse. Elle m'en veut, ses parents m'en veulent, mon frère et son mec m'en veulent et je crois que même mon meilleur-pote n'a pas compris pourquoi j'avais fait ça.

Je pensais sincèrement que notre amour était assez fort pour surmonter cette douleur, mais visiblement, je me suis trompé. Je croyais qu'elle me savait honnête avec elle et qu'elle ne prendrait pas mes mots à la rigueur.

Bon sang j'ai tué ma mère pour elle !

Je suis sur le point de lancer l'appel lorsque la porte d'entrée se déverrouille. Mon pouls s'emballe. Par réflexe, j'attrape l'arme cachée sous la table basse, celle qu'Alaë a utilisée pour tuer les deux gardes de Joshua Stones. Je retire le cran de sûreté et cache le 9 mm entre le coussin et l'accoudoir de mon fauteuil.

L'individu entre, une bouffée d'air frais me frappe de plein fouet, puis l'interrogation s'empare instantanément de moi.

Si Bradley est là, devant moi... Qui est dans la salle de sport ?

— Je croyais que tu étais dans le Massachussets, crache-t-il sans même me jeter un coup d'œil.

— J'y étais.

Il s'avance doucement, toujours en m'ignorant. Ses yeux brisés se posent sur la salle d'où provient la musique. Je récupère l'arme et je la range dans son étui maintenant que la menace est écartée.

Il faut vraiment que je me détende putain.

— Qu'est-ce qui t'as fait revenir ? m'interroge-t-il.

Hein ?

— Beh je sais pas, ma vie peut-être ?

Il émet un rire faussement amical avant de se tourner vers moi pour m'accabler d'un regard écoeuré.

— Ta vie, hein ? Et ton frère, Adan ? Et ta belle famille, Adan ? Et ta femme putain Adan ! s'emporte mon ami, à bout de souffle. Ça ne compte pas pour toi ?

— Ils t'imitent.

Un voile perplexe se dépose brièvement sur son visage, alors je m'explique :

— Ils font les morts, ils m'ignorent, ils me snobent... Enfin je sais pas moi, comment t'appelles ça toi ?

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant