30. Le temps presse.

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Même endroit, plus tard dans la soirée.

C'est surréaliste. Il y a quelques heures à peine, une fusillade éclatait dans le salon où je me tiens, et trois cadavres tombaient sur le sol, pile à l'endroit ou je déguste une part de pizza, entourée de ma famille.

Ma jambe sautille sur place. Oncle Edouard étudie les moindre faits et gestes d'Adan, comme s'il cherchait quelque chose à lui reprocher, à lui mettre sur le dos. Une masse désagréable se loge dans ma gorge lorsque je réalise.

Chacun pour soi. Adan n'est pas de la famille.

— Edouard, je te préviens, Adan et moi, on se mariera cette nuit s'il le faut, mais si tu oses, ne serait-ce que penser à l'idée de lui faire porter le chapeau, je réduis ta vie en cendres.

— Mais tu crois quoi sale gamine ?! s'emporte l'accusé. C'est pas la maison du bonheur ici ! On ne peut pas sauver tout le monde, sous prétexte que t'es un putain de bisounours !

— Pourquoi tu ne prendrais pas tout sur ton dos, toi ?! Après tout, je pourrais m'occuper de ta femme pendant ton absence !

Ses yeux se gorgent de sang, tandis qu'il se redresse sur ses jambes à la vitesse de la lumière.

— Ed ! hurle Dean d'un ton impitoyable.

Ce dernier ne l'écoute pas et contourne la table qui nous sépare afin de me surplomber de tout sa hauteur.

— Ose répéter ce que tu viens de dire, me menace-t-il.

Je ne me laisse pas intimider. Avec une lenteur dramatique, je me lève, j'approche pour soutenir son regard assassin, et je dis, tout sourire :

— J'ai dis que ta femme est entre de bonnes mains, quand tu n'es pas là.

— Alaë, bon sang ! me gronde Dean, prêt à intervenir.

Il arme son poing et sans que je n'ai le temps de le voir venir, il l'abat sur ma joue. Heureusement, Adan s'interpose.

— Attention, Edouard, avertit Yard, d'une voix sanguine et grave. C'est avec moi que tu vas avoir des soucis si tu écorches le visage de ma femme.

Mon cœur tressaute dans ma poitrine, alors que la prise d'Adan est ferme sur les phalanges blanchies de mon oncle. Un rire gras échappe à tonton Anderson.

— Et tu vas faire quoi, hein ?

Son sarcasme fait bouillir mon sang dans mes veines. Je le toise d'un air dédaigneux, Adan, amusé, raffermit ses doigts sur ceux de son assaillant. Il réduit la distance qui les sépare, se penchant à l'oreille du vieux con devant lui.

Les lèvres de mon avocat bougent, sans que je ne parvienne à déchiffrer ce qui se dit. Soudain, il se redresse et le visage d'Edouard, si serein et fier, change du tout au tout. Il laisse place au choc et même à une pointe de terreur.

— Fais attention, Yard.

Le dénommé émet le même son rauque et amusé que son assaillant pendant qu'il se rassied à sa place, victorieux.

— Et tu vas faire quoi, hein ? le défie mon mari.

Mes paupières papillonnent de stupéfaction devant la ferveur de mon ami, si bien que je reste la dernière debout, à le regarder savourer l'arrogance de son coup de maître.

— Oh le gamin te l'a bouclé ! ricane Gerald, en se tournant vers Bradley.

Brady frappe son poing dans celui du vieillard pour se moquer d'Ed à son tour. Ce dernier les ignore pour mordre dans sa part de pizza. Ses yeux sombres remontent sur moi. Je déglutis difficilement, tandis que j'ose enfin poser mes fesses sur ma chaise.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant