Propriété des Keaton, Miami, 19h47.
Bradley.
— Tout va bien ma princesse ? m'inquiété-je devant sa voix tremblante.
J'arrache le sachet qui contient le repas de sa tarée de sœur et l'étale sur le plan de travail poussiéreux de la famille.
— O... oui, e... en fait... bégaye Alaë.
Je fronce les sourcils et stoppe tout mouvement pour me diriger vers la porte, prêt à aller l'aider.
— Je peux t'aider, mais il faut que tu me parles.
Je l'entends reprendre son souffle à l'autre bout du fil, alors j'attrape mes clés de voiture pour ne pas perdre une seconde de plus.
— J... je sais ce qu'ils ont fait à Charlie, finit-elle par avouer, le souffle court.
Mon sang se fige dans mes veines, mon corps aussi. Quoi ?! Elle a eu accès au message dont elle m'a parlé ? Adan ne va pas aimer ça. Pas du tout même. Elle ne doit rien lui dire. Pas pour l'instant du moins. Je ne laisse rien paraître de mon désarroi et laisse Alaë poursuivre.
— Je ne veux pas le perdre, Brady. Si je lui dis...
— Ne lui dis rien pour l'instant. Je termine quelque chose de vraiment important, et je te rejoins. On en discutera en face à face, d'accord ?
— Et s'il nous entend ? s'inquiète Alaë.
Je souris faiblement. Cette irrésistible besoin qu'elle a de toujours protéger Adan me rend un peu jaloux. J'aimerais une femme comme elle. Dévouée, aimante, fidèle et surtout aussi forte. Elle porte le poids du monde sur ses épaules au quotidien, sans même s'en rendre compte.
— On ira dîner ailleurs. De toute façon, il est sûrement en train de s'arracher les cheveux pour trouver toutes les lignes d'attaques potentielles de son adversaire, alors il ne remarquera pas mon absence, ricané-je pour tenter de la rassurer.
Elle hésite un long moment pendant lequel je retourne dans la cuisine de son père. Je dois préparer la gamelle de sa grande-sœur.
— D... d'accord.
— Je passe te prendre dans 40 minutes, ça ira princesse ?
Elle acquiesce la bouche fermée, puis raccroche sans rien ajouter. Je ne sais pas pourquoi le nœud qui s'est formé dans mon estomac ne veut plus me quitter. Peut-être que j'ai peur de découvrir ce qui est arrivé à Charlie ? Non.
J'ai peur de perdre mon meilleur-pote. Parce que la vérité, je le sais, va le tuer.
Je secoue la tête pour revenir à moi et attrape les deux bouts de pains rassis que contenait le sachet cartonné marron que j'ai craqué. Je les découpe en grossiers morceaux que je place dans le fond d'une gamelle en inox. Enfin, j'attrape le récipient et recouvre le contenu d'eau pour que le pain devienne une bouillie pour bébé. En l'occurrence, pour chien.
Comme tous les soirs depuis que Chloé s'est malencontreusement faite kidnapper, je viens lui donner son repas journalier. Du pain imbibé d'eau. Et comme tous les soirs, à chaque fois qu'elle entend la porte de l'escalier s'ouvrir, elle se met à hurler de toutes ses forces.
Elle n'est pas fatiguée ? Après tout ce temps dans cette cave, elle ne devrait plus avoir l'espoir d'en sortir un jour. Pourtant cette bouffonne continue d'appeler à l'aide.
— Ta gueule le clebs ! crié-je en donnant un coup de pied dans la porte en métal pour la refermer derrière moi.
J'inspire profondément pour me donner un peu de force. Supporter cette hystérique est devenu une vraie épreuve.
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L'avocat Du Diable II.
RomanceAlaë a un procès aux basques et Adan, des démons à faire fuir. Quand les mensonges et les cachotteries se mêlent à une relation, peut-on encore la sauver sans risquer de détruire l'autre moitié ? Ils ont tous les deux des secrets, reste à savoir qui...