27. Comme papa.

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Quelque part dans Miami, 20h13.

Adan.

Alaë,

Tu peux me haïr sur plusieurs générations, me détester jusqu'à ta propre mort ou encore profaner ma tombe, sache que quoi que tu décides, je te comprendrais.

Je sais que tu m'en voudras d'avoir été capable de continuer à vivre après la nuit horrible que je t'ai faite passer pour tes 18 ans, mais de ne pas l'avoir été en apprenant que j'ai poussé une inconnue au suicide.

Elle était la petite sœur de quelqu'un. Je leur ai pris leur enfant, comme on m'a pris Charlie.

Comment est-ce que je pourrais encore daigner vivre après ça ?

Sache que toutes mes dernières pensées te reviennent. J'ai peur de te laisser, peur de te faire sombrer dans ma chute, peur de te perdre, peur de t'abandonner, peur de t'oublier.

Ma vie sans toi n'aurait pas de sens Alaë, ma mort encore moins.

Parce que mourir seul, c'est mourir bête. Et je t'ai toi, tu donnes un sens à mes jours et à mon destin, aussi funeste soit-il.

Je suis désolé de ne pas prendre le temps de tenir mes promesses, mais qui sait, peut-être que je pourrais les réaliser... dans une autre vie ?

Une vie que je te dédierais, une vie où l'on serait rien qu'à deux.

Moi, à toi.

Toi, à moi.

Nous, contre eux.

Oublies-moi, je ne t'en voudrais pas. Je t'en supplie Alaë, vie. Ne laisse plus le passé et la culpabilité te ronger. Ne laisse pas mon fantôme te hanter.

Ne me laisse pas encore te blesser.

Prends soin de mes frères et d'Aya.

Je t'aime depuis le premier jour et jusqu'au dernier.

Ton (presque) futur mari.


Je me racle la gorge et j'essuie mes joues trempées par mes pleurs. Le parking du supermarché sur lequel je me trouve est désert. Le dernier employé est parti il y a presque 10 minutes maintenant, me laissant là, avec mes idées noires et mes aveux funestes.

Je regarde une dernière fois autour de moi et... rien. Mis à part les lampadaires qui éclairent les allées goudronnées, il n'y a rien.

Je plie soigneusement la lettre que je viens de rédiger à l'intention de ma femme. Le papier est parsemé de mes larmes.

Dire au revoir, même quand on en a envie, ce n'est jamais facile.

Je dépose doucement mes adieux sur mon siège passager avant d'ouvrir ma boite à gant. À l'intérieur, il y a la trousse de toilette en velour pourpre d'Alaë, celle qu'elle a laissé à la coloc et que je ne lui ai jamais rendu.

Je l'attrape avec une pointe de nostalgie dans le regard et l'ouvre pour en détailler le contenu. Il n'y a rien d'extravagant; simplement des lingettes démaquillantes, des tampons, un flacon en format voyage de son parfum préféré et un gloss transparent.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant