L'avocat Du Diable II.

40. Stop aux conneries.

Cimetière de Miami, 8h29.

Dean.

— Et qu'est-ce qu'on fait hein ? Elle a dit qu'elle ne voulait pas qu'il soit incinéré ! On ne va quand même pas mettre sa tombe en exposition dans le jardin de papa !

Au bout de l'allée de graviers humides, le cercueil de Max brille. Ma princesse, sa fille, brille aussi, malheureusement aujourd'hui, ce n'est pas son sourire qui rayonne. Nous restons immobiles, debout au fond de la cour maussade où sont donnés les enterrements.

— C'est à Karl de choisir où il veut enterrer son mari, Edouard.

— Karl ?! s'insurge-t-il à voix basse. Je te rappelle que la mort de Max l'a rendu complètement taré et que s'il sortait de l'asile, ce serait simplement pour tuer sa chère fille ! Tu sais ? La gamine que tu considères comme la tienne !

— Je ne le laisserai pas f...

Il me donne un coup d'épaule pour m'interrompre, je réprime un grognement prévenant.

— Tu ne peux pas sauver tout le monde, Dean !

Il parle de plus en plus fort, quelques têtes sur les bancs les plus éloignés de la cérémonie se retournent vers nous, comme pour nous indiquer que nous dérangeons.

— On arrête les conneries là ! s'impatiente mon petit-frère, à bout de nerfs. La famille, rien d'autre ! On s'occupe de nos merdes avec les fédéraux, et s'il faut jeter les pièces rapportées sous le bus, tant pis ! C'est pas comme si on ne s'était jamais sali les mains !

— Et ton fils dans tout ça ? ricané-je mesquinement. Tu le considères toujours comme l'un des nôtres ? Non parce que si ce n'est pas le cas, c'est lui que je jette en premier.

Il tourne légèrement son visage tiraillé par la rage.

— Je vais m'occuper de Chad, laisse-le tranquille.

Je ne peux pas retenir un petit rire féroce.

— Tu as déjà dit ça pour le procès. Et regarde où on en est...

Son silence m'indique clairement qu'il déclare forfait et qu'il me laisse la victoire à ce sujet. Mais je sais pertinemment que je n'ai gagné qu'une bataille et pas la guerre.

Au loin, Amina accompagne Alaë jusqu'au pupitre. Ma petite est tellement anéantie par la nouvelle qu'elle n'arrive même pas à se lever de sa chaise sans défaillir.

— Elle ne t'a pas laissé t'asseoir près d'Amina ? m'amusé-je en voyant le regard hargneux qu'il lance vers Alaë dans les bras de sa compagne.

Il répond par la négative d'un simple grognement.

— Moi non plus.

Mon ton résonne amer, j'ai beau la comprendre, je n'accepte pas cette décision de laisser les Anderson loin de la cérémonie. Nous avons accueilli Maximilien comme un frère, il n'aurait pas aimé nous voir être traité comme... des étrangers. Mon cœur me donne un coup de poignard pour me rappeler que je ne suis pas censé m'en servir.

Soudain, des bruits de pas affolés s'élèvent dans la caillasse derrière nous, je cherche du coin de l'œil qui a réussi à être en retard à l'enterrement d'un homme aussi bon que ce blondinet, et évidemment...

— Papa, dit fièrement mon fils pour me saluer, essoufflé par sa course.

Il serre discrètement la main de son oncle, avant de nous passer devant pour rejoindre le devant de la scène. Il joue des épaules à travers la foule, jusqu'au tapis dégoûtant et plein de boue qui couvre le sol près des assises.