L'avocat Du Diable II.

38. Une cheerleader, hein ?

Même endroit.

Alaë.

L'adrénaline est tout juste descendue en moi que je suis déjà transporté par la foule jusqu'à la table V.I.P de ma famille. Les bras de nos camarades nous soulèvent tous les trois, sans le moindre problème, comme si je ne pesais pas deux fois le poids des musiciens de mon groupe. Je suis presque au bout de la marée humaine lorsque je plisse les yeux, dans l'incompréhension la plus totale.

Où sont-ils tous passés ?

Il ne manque pas seulement Dean ou Edouard. Presque tous les Anderson répondent aux abonnés absents. Il n'y a que tata Amina qui ne m'a pas fait faux bon.

Je suis reposée sur mes pieds, puis après nous avoir assez félicités, tous les spectateurs s'écartent pour nous laisser en privé. Je reprends difficilement mon souffle avant de me tourner vers mon duo, aussi chamboulé que moi.

— Putain on a tout déchirer ! m'exclamé-je en initiant un check de la main.

C'est à peine s'il répond à mon geste.

— Ouais, maugrée-t-il, les yeux fuyants.

Je souffle intensément mon agacement et je me dirige vers ma "famille" ou du moins ce qu'il en reste. Presque tout le monde est muet, une tête de six pieds de long collé au visage.

— Bonjour l'ambiance... grogné-je en faisant le tour des salutations.

Même Bradley, toujours souriant et enthousiaste, ne parvient pas à camoufler son appréhension. Mon cœur s'arrête de fonctionner quand je vois le visage désolé de mon frère, Matthew. Je ne lui ai pas demandé de venir, pourtant il est là.

Quelque chose est arrivé.

— Alaë, souffle-t-il lourdement.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Il ne répond pas de suite et prend le temps de caresser mes joues et mes épaules, comme pour me réconforter d'une nouvelle que je ne connais même pas encore.

— Matt ! m'impatienté-je en croisant les bras sur ma poitrine.

— Désolé de vous interrompre les jeunes, intervient notre prof de musique, mais monsieur Baker, de la boîte de production "OniMuse" voudrait vous voi...

— Vous ne voyez pas que ce n'est pas le moment ! l'interrompt méchamment Charles.

— Mais c'est la chance de no... de votre vie, d'enfin vous sortir de cette école miteuse !

Mon ami s'emporte et attrape le col de sa chemise. J'écarquille les yeux, stupéfaite.

— Que les choses soient claires. Quand la presse du monde entier nous interviewera, on ne manquera pas de dire que vous n'avez pas été un prof, mais un vrai boulet. Vous ne nous avez jamais aidé, conseillé, appris. Si on en est là aujourd'hui, c'est grâce à nous, et à nous seuls !

Les lèvres décontenancées de notre tuteur bougent, mais les sons semblent rester au fond de son gosier.

— Mai...

— Je vais personnellement aller voir monsieur Baker, et je vais moi-même lui donner le numéro de Nolan. Sans vous.

— A... Attendez. Je vous ai mis la salle de répétition à disposition à chaque fois que vous en aviez beso...

Charles serre si fort les poings sur le tissu que même dans l'obscurité de la salle, je peux voir des veines remontées sur ses avant-bras et les fibres prêtes à s'arracher entre ses doigts. Sa hargne passe même l'envie à notre professeur de conclure ce qu'il disait.