L'avocat Du Diable II.

11. On se connaît ?

Aragosta Dorata, Miami, 20h58.

Tout devrait être parfait. Nous devrions vivre un excellent moment, dans un restaurant 5 étoiles possédé par mon oncle. Tout est là pour que nous passions un bon dîner, le problème, c'est que cet endroit est proche de l'hôpital et que si Adan y séjourne le temps de ses soins, c'est aussi le cas de Miller. Il est là, juste devant nous, accompagné de ses parents. Trevor Miller est en face de moi, en train de manger goulûment son foie gras.

Adan a les poings serrés, mais je crois qu'il a trop faim et que le monde extérieur lui manque trop, pour qu'il est le courage de me demander de partir. Le joueur de foot ne détourne pas les yeux, je garde la tête haute sans lui prêter attention. J'aide la serveuse à installer mon petit-ami quand j'entends le hoquet de choc qu'émet madame Miller en voyant mon dos.

— On a le droit d'être ensemble, même si tu es l'avocat supposé me défendre ? demandé-je à voix basse, en contournant la table pour lui faire face.

Il tire sur les manches de sa veste pour la replacer et m'envoie un sourire malicieux. L'employé nous tend les cartes avant de s'éclipser.

— Nous sommes justement là pour discuter de votre dossier, Mademoiselle Anderson, rétorque-t-il très professionnellement.

Je hoche la tête de haut en bas pour lui montrer que j'ai parfaitement compris son sous-entendu. Ils sont à distance raisonnable, mais assez près pour nous entendre, alors j'entre dans le jeu de mon avocat.

— Très bien maître Yard, envoyé-je en le regardant droit dans les yeux.

Une lueur brûlante traverse ses iris qui détaillent mes lèvres, tandis que je hausse un sourcil taquin. Je survole rapidement le cahier en cuir prune que j'ai entre les mains, il m'imite.

L'endroit est très chic et les gens qui le côtoient encore plus. La décoration violine donne un ton très élégant à la pièce. Je crois reconnaître à ma droite une femme qui était présente au gala de Bradley, mais je n'en suis pas certaine, alors je fais comme si je n'avais pas remarqué sa présence.

— Alors Anderson, tu as pété son genou aussi ?! s'écrit Miller.

J'écarquille de grands yeux interloqués. Tout le monde se retourne brusquement vers lui. Personne n'oserait être aussi impoli dans un endroit pareil et surtout pas envers un membre de ma famille. Sauf les débiles dans son genre. À la demande discrète d'Adan, je ne réponds rien et je continue à lire la carte.

— Comment t'as fait cette fois ? T'as sauté trop fort sur sa queue ? ricane-t-il grassement, accompagné de son père.

Madame Miller donne une petite tape sur le dos de la main de son fils pour lui dire de surveiller son langage, les autres clients sont choqués par ses propos. L'un des employés s'avance à leur hauteur pour lui demander d'être plus discret tandis que moi, je reste muette. La femme que je crois être une connaissance de Bradley me regarde les paupières plissées, comme si elle était surprise par mon absence de réaction.

La jeune fille aux cheveux rasés de près, s'approche de nous pour prendre nos commandes.

— Un verre de Saint Emilion pour moi, commence Adan en tournant la page vers les entrées proposées.

— Et un verre de gri...

— De jus d'orange, m'interrompt-t-il le visage dur.

Je ricane sans détourner mon regard de la serveuse. Elle semble dubitative et attend que je termine ma phrase.

— De gris blanc, je vous prie.

— Dois-je vous rappeler que vous n'avez pas l'âge légal de consommer de l'alcool, mademoiselle Anderson ? m'interroge mon petit-ami.