18. Cherbet !

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Dade County Courthouse, Miami, 14h27.

Alaë.

Je peine à ignorer la boule qui s'est formée dans ma gorge pendant que je remonte ces satanées couloirs. Ceux que j'ai fuis dans les bras d'oncle Edouard cagoulé, des années auparavant. Adan avance fièrement à mes côtés, assis dans son fauteuil roulant qu'il élance en n'en faisant tourner les roues. Les Anderson assurent eux-mêmes notre protection et nous entourent. Il ne manque plus qu'une musique intense et un cameraman pour créer une parfaite scène de film policier.

— Rappelle-moi pourquoi on arrive autant à l'avance ? questionné-je mon avocat.

Il donne un coup plus intense sur ses roues afin qu'elles soient élancées sur plusieurs mètres. Pendant ce temps, il resserre le nœud de sa cravate et tourne la tête vers moi.

— Simplement pour que je vous prépare, Nolan et toi.

— Et on aurait pas pu faire ça tranquillement à la maison ?

— Non, tranche-t-il sèchement. Tu ne me prends pas au sérieux à la maison. Peut-être qu'ici, tu comprendras dans quelle merde tu es, si tu continues comme ça.

J'inspire profondément sans rien répondre. Est-ce que c'est trop demandé d'être rassurée ? Ces murs gigantesques me font perdre la raison. J'ai l'impression que plus on avance vers cette salle, plus ils se resserrent et que bientôt, je serai faite comme un rat.

— On a un plan B ma princesse. Papa est là, m'intime Dean qui doit sentir mon appréhension, ou mes aisselles dégoulinantes de sueur tellement je suis stressée.

J'expulse enfin l'air que j'avais comprimé dans mes poumons et tourne dans la salle qui nous est réservée. Je tiens la porte à Adan qui fait rouler son siège jusqu'à l'intérieur de la pièce et qu'il tourne dans ma direction pour m'inviter à le poursuivre. Je n'exécute pas immédiatement et prends le temps de détailler l'endroit des yeux.

Rien à changer, les mêmes meubles en bois foncés. Les mêmes sièges en velours rouges ainsi que les portraits de grands avocats, tenant fièrement la balance de la justice, accrochés aux murs. Mon souffle se coupe quand je croise son regard. Je chancelle, mais Dean attrape ma côte pour me retenir. Le cadre de ce portrait est plus récent, moins poussiéreux. Je ne parviens pas à détourner mon regard du sien, figé sur cette photo.

Andrew Keaton.

Mon géniteur me fait fièrement face, la tête haute, portant bravement le glaive, symbole du pouvoir judiciaire dans sa main. Les doigts de mon oncle me pincent la peau pour enfin me faire réagir. Je secoue vivement la tête pour me reprendre, puis j'avance dignement vers le portrait de ce fils de pute. Je n'ai sûrement pas le droit de faire ça, mais je le décroche tout de même et le pose sur le sol, face contre terre.

— Reste parmi les morts, craché-je au cadre allongé au bout de mes escarpins noirs.

Quand je me tourne de nouveau vers ma famille, Yard est déjà installé devant une grande table, prêt à me bassiner avec des tonnes de questions qui m'irritent un peu plus les unes que les autres. Nolan se tient près de lui et ne perd pas une miette de ce que mon avocat débite. Charles quant à lui me regarde étrangement. Depuis que j'ai vu cette vidéo, je n'ose même plus le regarder dans les yeux. Comment je le pourrais, en lui cachant un secret pareil ?

— Est-ce que tout va bien entre nous ?

J'ouvre de grands yeux surpris, tandis que le silence s'installe instantanément autour de nous. Les regards indiscrets des membres de ma famille et de nos petits-amis respectifs sont braqués sur nous. Je ne sais même plus si j'ai la pression à cause de ce procès, ou parce que je suis soudainement le centre de l'attention.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant