10. Comme une impression de déjà-vu.

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Même endroit.

Je peine à reprendre ma respiration et le contrôle de mes jambes tremblantes. Son souffle est aussi perturbé que le mien, mais lui le cache mieux. Je me suis installée du bon côté du lit et me suis allongée sur mon flanc, la tête posée contre son pectoral.

Je me redresse et avant de me mettre debout, je prends la température en vérifiant que je suis capable de marcher. Je manque d'avoir une faiblesse mais mes genoux tiennent le coup. Il se moque de moi d'un ricanement espiègle, je lui lève mon majeur au visage ce qui intensifie son hilarité. J'ai voulu l'aider à s'habiller correctement et tout ce que j'ai récolté, c'est un orgasme et une étreinte aussi stressante qu'excitante.

J'approche son fauteuil roulant du lit et active les freins sur les roues afin qu'il ne bouge pas pendant que j'aide Adan à se mettre sur son pied. Il a encore le regard échauffé et le corps brûlant, mais semble tout de même impatient de revoir le monde extérieur. Après tout, il a été enfermé dans cette cave et depuis, c'est ici qu'il est enfermé.

Il s'assoit et tourne son bassin vers la descente de lit, du côté de sa jambe blessée, je reste près de lui sans trop savoir comment l'aider. Le siège à roulette comporte un cale pied à l'avant pour qu'il puisse garder son genou tendu. Il prend appuie sur son pied gauche et se met debout sans le moindre problème. J'attrape sa taille pour l'aider à garder l'équilibre pendant qu'il entoure ses bras autour de ma nuque qu'il serre légèrement pour pivoter sur lui même et tourner le dos à son carrosse. Il enfouit son visage contre mon épaule, voûtant son dos à cause de ma petite taille puis reste immobile.

— Ça va ? m'inquiété-je légèrement paniquée.

Cela fait quelques jours qu'il n'a pas utilisé ses muscles, peut-être sont-ils endoloris ? Il m'approche un peu plus de lui, l'air commence à me manquer tellement sa prise est puissante.

— Serre-moi contre toi, m'implore-t-il doucement.

Mon souffle se coupe, mon estomac est envahi d'une sensation agréable. J'exécute et pose lentement ma tempe contre ses pectoraux. Adan caresse mes cheveux puis embrasse le haut de mon crâne. Nos cœurs battent à l'unisson, je me sens enfin bien, apaisée et en paix avec le monde qui m'entoure.

Je recule docilement, il me laisse faire sans me lâcher et s'accroupit petit à petit en gardant mes épaules comme appuie. Je l'accompagne tout du long, sans défaire mes mains de ses côtes. Il parvient à s'installer sur la chaise roulante et tombe lourdement dessus. Si l'infirmière avait vu ça, elle se serait arrachée les cheveux.

— Tu veux l'atèle peut-être ? l'interrogé-je en cherchant cette dernière du regard à travers la pièce.

Il acquiesce d'un mouvement de tête avant de désigner la porte de la salle de bain du bout de son doigt. Je m'y dirige pour récupérer l'objet que je lui enfile avec beaucoup de précaution. Il serre les dents en levant son genou mais parvient à ne pas crier de douleur.

— Comment tu te sens ? m'assuré-je en attachant doucement le dernier scratch.

Il ouvre la bouche pour prononcer ce que je pense être un début de « A » je l'interromps en plaquant ma main à plat sur ses lèvres. Il écarquille les yeux pendant que j'avance dans sa direction pour l'obliger à jeter sa tête en arrière. Je le surplombe de toute ma hauteur quand j'envoie :

— Répond « amoureux » et je ne t'adresse pas la parole du repas, le préviens-je en pinçant sa peau entre mes doigts et ma paume.

Il émet un rire franc, étouffé par ma chair. Je me recule pour aller dans son dos et le pousser jusqu'à la porte. J'ouvre, sors Adan et referme derrière nous avant de descendre le couloir, les mains désormais moites.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant