20. Maman ?

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Propriété de Keaton, 20h23.

Alaë.


Je pourrais leurs en vouloir, leurs reprocher de m'avoir caché ça, mais je ne peux pas parce que moi aussi, je leurs cache quelque chose. Je vais bientôt devoir tout raconter à Bradley pour enfin me débarrasser de ce fardeau.

Chloé est en face de moi, attachée à mon ancienne chaise, dans mon ancienne chambre. Impuissante et... dégoûtante. Je ne me retiens plus longtemps, je me rue sur elle et la gifle, si fort que le son, j'en suis sûre, résonne à l'étage.

— Tu as dormi sous leur toit, après ce que tu as fait à leur fille, l'accusé-je d'un calme alarmant.

Je lui assène une nouvelle baffe sur la même joue. Elle ne bronche pas et n'émet pas le moindre bruit de douleur.

— Tu as mangé à leur table, en sachant pertinemment que si elle n'était plus autour, c'était de ta faute !

Elle ne répond rien et ça me met en rogne, alors j'envoie un coup de pied dans sa poitrine. Elle hoquette et sa respiration se coupe. Mon geste est si brutal que sa chaise tombe à la renverse, je peux entendre ses poignets se fracturer sous son propre poids pourtant moindre, maintenant qu'elle ne mange plus que cette... chose répugnante. Mon sang bout dans mes veines et le mutisme de ma sœur n'arrange rien.

Bradley assis plus loin, sur le banc du tigre, ne cesse de regarder la vidéo en boucle. Il ne dit rien, son souffle perturbé et ses yeux remplis de larmes parlent pour lui. Je ne sais pas ce qui le retient de coller une balle dans la tête à l'épave sur le sol, mais son self-control me fait froid dans le dos.

— TU L'AS LAISSÉ T'EMBRASSER ! TU L'AS LAISSÉ DE TOUCHER ! PUTAIN DE MERDE ! enragé-je en frappant son ventre pour me détendre.

Chloé tousse bruyamment à cause de la douleur sans pour autant prononcer le moindre mot.

— ALORS QUE TU SAVAIS QUE SA SŒUR ÉTAIT SA RAISON DE VIVRE !

Des larmes de colère coulent le long de mes joues pendant que je cogne son visage sur le sol du plat de mon pied. Elle lâche enfin un cri et commence à chouiner. Sa peine parvient à apaiser la plaie béante dans mon cœur serré.

Le même passage de la vidéo résonne en boucle dans la pièce. Je n'en peux plus, entendre la voix autoritaire de ma sœur m'insupporte. Surtout maintenant qu'elle est enfin silencieuse, à ma merci et sur le point de crever. À chaque fois que ses mots franchissent ses lèvres à travers mon téléphone, je la cogne.

« Plus fort Miller putain ! C'est un viol, pas un putain de porno ! »

Bam.

« Plus fort Miller putain ! C'est un viol, pas un putain de porno ! »

Bam.

« Plus fort Miller putain ! C'est un viol, pas un putain de porno ! »

Bam.

Je m'arrête même si Bradley lui, continue à écouter ce passage en boucle sans que les larmes qui emplissent ses yeux ne dévalent ses joues pâles. Je reprends mon souffle et avance dans sa direction pendant que ma sœur se tord de douleur sur le sol et geint bruyamment.

Quand j'arrive à sa hauteur, il craque et éclate en sanglots devant moi. Mon sang se fige instantanément. Je ne l'ai jamais vu pleurer, il est toujours souriant, il relativise et passe au-dessus de ses soucis, mais aujourd'hui, ses pleurs détruits arrachent mon organe vital de sa cavité.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant