En réalité, Alban n'était pas sûr d'avoir pris la bonne décision en révélant à Isabel ce qu'il savait d'Henry. A quoi bon jeter de l'huile sur le feu ? La situation était déjà bien assez compliquée, pour elle comme pour lui. Mais l'arrestation de sa sœur et tout ce qu'il avait appris ensuite avait constitué un tournant : Alban ne voulait plus de secrets. Plus de mensonges. Et en parlant de cela ...
Le jeune homme ferma le clapet du piano et soupira. Il fallait qu'il aille voir son père, au nom de ses nouveaux principes mais également pour une raison pratique : le lundi suivant serait le 1er septembre, la rentrée à Poudlard aurait lieu à ce moment-là. Il grimaça. C'était plus facile de faire l'autruche.
« Papa ? appela-t-il en toquant à la porte de son père. Je peux entrer ? »
La porte tourna sur ses gonds, laissant voir Theophilius assis sur un fauteuil face à la fenêtre. Il lisait Le Chicaneur et avait levé sa baguette pour ouvrir la porte sans avoir à se lever.
« Alban, s'exclama-t-il. Ça va ?
-Il faut que je te parle, déclara le garçon sans détours.
-Ça a l'air sérieux.
-Ça l'est. »
Le visage grave, Theophilius referma son journal et indiqua le lit d'un geste de la tête. Alban s'y assit.
« Je t'écoute », commença Theophilius.
Alban prit une profonde inspiration et se jeta à l'eau :
« Lundi, c'est le premier septembre. »
Son père écarquilla les yeux.
« Déjà ? Par Merlin, Alban, ça m'était totalement sorti de l'esprit ! On n'a pas été acheter tes fournitures, on n'a rien préparé ... Mais peut-être que tu ne veux pas y aller tout de suite ? Je peux écrire au directeur, si tu veux, c'est vrai que ce n'est pas un bon moment, il comprendra ...
-Papa, je ne retournerai pas à Poudlard, l'interrompit Alban.
-A cause de Grace ? Alban, il ne faut pas ... Oui, il faut rester unis, mais il faut aussi penser à chacun de nous ... Occupe-toi de tes études, c'est le plus important. Je m'occuperai de ta sœur.
-Ce n'est pas ça, Papa ... Il faut ... Il faut que je te dise quelque chose. »
Theophilius fronça les sourcils et se tut, laissant son fils parler.
« Je t'ai menti ... avoua Alban. Tu sais, quand je t'ai montré mes résultats des B.U.S.E. Je n'aurais pas dû, je sais ... Mais tu étais si préoccupé par la maladie de maman, je n'ai pas voulu ...
-Comme Grace, l'interrompit son père à mi-voix. Elle n'a pas voulu me dire qu'elle avait été renvoyée de son emploi parce qu'elle trouvait que j'avais déjà trop à penser avec votre mère. »
Il plongea son visage dans ses mains. Alban se sentit pire qu'il ne l'avait jamais été.
« Et ? poursuivit Theophilius d'une voix étouffée, le visage toujours dissimulé par ses mains. Qu'est-ce qui s'est passé, en réalité ?
-Je n'ai pas eu suffisamment de B.U.S.E. pour être accepté en sixième année, avoua Alban. J'ai été aux rattrapages, Isabel m'a aidée à réviser ...
-Comment ? fit Theophilius en relevant la tête. Mais ça fait combien de temps que tu es au courant ?
-Début juillet ... »
Theophilius sembla soudain avoir du mal à respirer. Alban bondit sur ses pieds et se précipita vers lui – il avait assez d'un seul parent à l'hôpital.
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Les Porte-à-faux
FanfictionLa lettre qu'ouvrit Henry Eldridge par un innocent matin de juillet semblable à mille autres, ne le prévenait décidément pas de ce qui allait suivre. Le vieux sorcier de cinquante-cinq ans, éleveur de chevaux magiques, rencontre Isabel, dix-sept ans...