17. Isabel ou la strangulation n'est pas pédagogique

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Alban n'était pas à l'aise, cela sautait aux yeux. Le garçon se tenait raide comme un piquet face à Isabel, les doigts crispés autour de sa baguette, et n'avait pas lâché un mot depuis qu'ils s'étaient salués, devant la porte de la maison des Emerson. Ça promettait ...

Pour autant, Isabel ne regrettait pas de consacrer son unique jour de congé hebdomadaire à son arrogant voisin.

« Bon, tu veux commencer par quoi ? demanda-t-elle en feuilletant un manuel de potions.

-Comme tu veux », grogna Alban entre ses dents serrées.

Isabel ne put retenir un soupir agacé.

« Ecoute, c'est toi qui doit les passer, ces examens ! Je ne peux pas tout faire à ta place.

-Je ne t'ai jamais demandé de m'aider ! »

Les deux adolescents se foudroyèrent du regard, et Isabel roula des yeux. Ils n'allaient jamais y arriver.

« C'est quoi ta pire matière ?

-Elles se battent en duel pour avoir cette honneur ...

-Défense contre les forces du Mal ? proposa Isabel en s'armant de patience.

-Ah non, celle-là j'étais à deux doigts de l'avoir.

-Botanique ?

-On n'a pas de plantes à disposition.

-Sortilèges ? »

Cette fois, Alban sembla à court d'objections, car il se contenta de hausser les épaules. Isabel décida d'interpréter cela comme une réponse positive.

« Ok, alors on fait ça ! D'après ton Réussir mes B.U.S.E., il faut que tu saches lancer un Silencio, faire voler des objets ...

-Je sais, la coupa Alban. J'ai passé la semaine à m'entraîner à celui-là.

-C'est parfait ! s'écria Isabel en accentuant son enthousiasme. Alors allons-y. Tu sais ce que tu dois faire ?

-Je dois faire faire une pirouette à un objet », lança Alban d'un air sombre.

Isabel ravala la réplique cinglante qui lui montait aux lèvres. Ce n'était pas le moment de se disputer. Son pressentiment s'était confirmé : elle allait servir tout de psychologue que de soutien scolaire auprès de la banane qui lui servait de voisin.

« J'ai une idée, déclara-t-elle soudain. Au lieu de simplement faire pirouetter ton assiette dans les airs, on va faire un truc beaucoup plus drôle. On va se faire des passes. »

Alban fronça les sourcils, méfiant.

« Je ne vois pas en quoi ça va m'aider ...

-Parce que moi, je vais te lancer la balle à la main, mais toi tu auras interdiction de la toucher. Tu peux seulement la rattraper et la renvoyer avec ta baguette.

-Je réitère. Je ne vois pas en quoi ça va m'aider.

-Quoi, t'as peur de rater ? se moqua Isabel en faisant tourner l'assiette entre ses mains.

-Ça n'a rien à voir ! » rétorqua sèchement Alban.

Isabel éclata de rire et son voisin bondit sur ses pieds avec un regard mauvais. La jeune fille lui lança l'assiette et il n'eut aucun mal à la réceptionner à l'aide d'un sortilège. Isabel se rengorgea, ravie : cette patate avait été trop facile à manipuler. Cependant, son rire se coinça dans sa gorge lorsqu'Alban lui décocha un sourire tordu. Houlà, elle connaissait cette expression ...

Les Porte-à-fauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant