34. Alban ou la suite du cauchemar

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« Grace ! »

Il courait, il courait sans s'arrêter, en bousculant les gens sans aucune gêne. Plusieurs personnes protestèrent mais il ne fit pas attention à elles. Grace était à quelques mètres devant lui, elle courait aussi, mais d'un pas désordonné, comme si les larmes l'empêchaient de voir. Soudain, elle tourna sur elle-même et transplana.

« Grace ! hurla Alban.

-Alban ! cria une autre voix, et il sentit une main sur son épaule.

-Elle est partie ! cria-t-il. Putain, elle a transplané !

-Du calme, rétorqua Isabel.

-Mais il faut qu'on la retrouve, espèce de Cracmol demeurée ! Il faut qu'on la retrouve !

-J'ai saisi, répliqua Isabel, imperturbable. Aide-moi, on va transplaner chez toi.

-Pourquoi chez moi ?

-Tu vois un autre endroit où elle aurait pu aller ? »

Elle posa les mains sur les épaules d'Alban, prête à transplaner. Lui observa ces mains aux ongles terreux qui le tenaient, désorienté, puis il releva les yeux pour rencontrer l'immensité bleue de ceux d'Isabel. Ce regard était calme, assuré, et immensément chaleureux. C'était une invitation à se laisser aider, une main tendue. On aurait dit qu'il ne l'avait ni frappée ni insultée au cours des cinq dernières minutes. Alors, pour la première fois depuis des semaines, Alban capitula et s'en remit entièrement à elle, comme un noyé.

Ils réapparurent en plein dans l'escalier de la maison des Ingham. Encore une fois, ce n'était pas l'endroit qu'Alban visait : ils atterrirent sur une marche trop étroite pour eux deux et, déséquilibrés, basculèrent et dévalèrent l'escalier tête la première, pour s'effondrer sur le parquet du rez-de-chaussée.

« Aïeuh, gémit Isabel en s'asseyant péniblement en tailleur.

-Ça va ? s'inquiéta Alban.

-Tranquille, dit-elle en se remettant debout d'un bond. Faut qu'on aille voir Grace. »

Il acquiesça et ils se précipitèrent dans les escaliers, courant jusqu'à la chambre de la jeune femme. Alban voulut pousser la porte d'une bourrade, mais celle-ci n'était même pas fermée.

Grace était effondrée sur son lit, secouée de sanglots. Elle ne releva même pas la tête lorsque la porte s'ouvrit, ni lorsque son petit frère se jeta à ses côtés et la força à se retourner vers lui.

« Alban, je suis la dernière des merdes », gémit-elle sans le regarder.

Le garçon sentit une vague de colère le traverser.

« Non ! Ce n'est pas parce qu'un petit crétin arrogant t'a plaquée que tu es une merde ! C'est lui, le connard, le sac de merde, le ...

-Tu ne comprends pas », fit Grace en se redressant.

Ses yeux étaient éteints. Ses cheveux, éparpillés autour de son visage, ressemblaient à un champ de blé ravagé par l'orage et certaines mèches étaient collées à la peau par les larmes. Elle se tourna vers Alban et se mit à parler très vite, comme si elle avait peur d'être interrompue.

« C'est moi qui l'ai plaqué. Il m'avait caché qui il était vraiment, c'est le neveu des Lestrange ...

-Quoi ? » s'étouffa Alban.

Un Mangemort, un Mangemort était sorti avec sa sœur ! La colère se mua en rage devant ce crevard qui avait manipulé Grace. Comment avait-il osé ? Quand Alban pensait à tout ce qui aurait pu se passer ! Lestrange aurait pu l'ensorceler, la torturer, la tuer !

Les Porte-à-fauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant