5. Grace ou l'art des rencontres gênantes

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Mademoiselle,

Nous vous remercions pour l'intérêt que vous portez à notre entreprise. Nous sommes cependant au regret de vous annoncer que nous ne pouvons vous donner ce poste, ayant déjà trouvé un candidat. En vous souhaitant bonne chance dans votre recherche d'emplois, nous vous prions d'agréer, mademoiselle ...

Et cetera, et cetera. C'était au moins la dixième lettre de ce type que Grace recevait. Ces courriers étaient tous plus ou moins similaires, et la jeune fille les avait brûlés avec une hargne sans pareille au fur et à mesure qu'elle les recevait. Elle ne savait plus quoi faire. Plus le temps passait et plus ses exigences diminuaient. A présent, elle était prête à accepter n'importe quel poste.

Elle avait désespérément besoin d'un emploi, sa famille comptait sur elle. Elle n'avait rien osé leur dire encore, mais elle ne pourrait pas cacher son renvoi encore bien longtemps. En attendant de retrouver quelque chose, elle en avait été réduite à travailler dans un café moldu en tant que serveuse. Au moins, cela lui ferait toujours une rentrée d'argent, avait-elle pensé avec amertume.

« Grace ! Tu rêves ou quoi ? »

Le petit frère de la jeune fille, âgé de seize ans, se tenait devant elle et agitait une main juste devant ses yeux. Elle soupira et le repoussa :

« Qu'est-ce qu'il y a, Alban ?

-Je te disais qu'on a prévu un dîner avec les voisins, et que j'ai absolument besoin que tu viennes pour supporter cette folle d'Isabel. »

Grace soupira. D'ordinaire, elle s'amusait follement des chamailleries incessantes de son frère avec leur voisine, mais elle n'avait pas la tête à cela ce soir.

« Arrête, elle est sympa.

-Tu rigoles ? Je peux pas la voir plus de cinq minutes. C'est la meuf la plus arrogante du monde ! »

Grace esquissa un sourire, mais ne put contredire son frère.

« Bon, et c'est quand ce dîner ?

-Euh ... dans un quart d'heure ? »

Ce soir ? Oh non, un dîner mondain, même avec les voisins que Grace aimait bien, était actuellement la dernière chose dont la jeune fille avait envie. Elle inventa à toute hâte une excuse :

« Ah nan, je suis désolée, Al, mais ça va pas être possible ... j'avais prévu de sortir avec des amis ce soir. »

Le jeune homme posa un regard dubitatif sur le vieux jogging dont sa sœur, qui était actuellement avachie sur son lit, était vêtue.

« Il faut juste que je me change, se défendit Grace. D'ailleurs, si tu pouvais te pousser, j'ai besoin de la salle de bains. »

Et ni une ni deux, elle sauta sur ses pieds, attrapa la première robe de sorcière qui lui tomba sous la main et fila prendre sa douche. Quand elle ressortit, un quart d'heure plus tard, son frère était assis sur son lit. Elle lui jeta un coup d'œil interrogatif.

« J'attends toujours que tu changes d'avis, expliqua Alban en évitant son regard.

-Désolée, petit frère, mais c'était prévu depuis longtemps ! »

Et avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, Grace transplana, faisant taire sa conscience qui lui disait que parfois, c'était bien de jouer son rôle de grande sœur.

Elle atterrit en plein Chemin de Traverse et faillit tomber à la renverse. Elle se rattrapa de justesse à une femme dans la quarantaine qui passait à côté d'elle et lui jeta un regard outré. Décidément, Grace n'était pas douée pour les arrivées en transplanage.

Les Porte-à-fauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant