𝐒𝐎𝐕𝐄𝐑𝐄𝐈𝐆𝐍𝐓𝐘 ♕ ᴹᵃᶰʲᶤʳᵒ | ❝ 𝐓•𝟏 ❞ ━ 𝒍𝒆𝒔 𝒈𝒂𝒏𝒈𝒔 𝒅𝒆𝒔 𝒍𝒚𝒔

³⁶ 𝐉𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬

🏍 2550 mots 🏍

🏍️━━━━[♕]𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒

Le sang coulait devant moi. Tout autour de moi, tout s'était arrêté. Le son, les lumières, les cris, les truands, plus rien ne bougeaient. Le silence régnait en maître ici. La vie. La mort. Un combat permanent, le combat de l'éternité, et pourtant, tout se passait sous nos yeux.

Cette détonation, enfin... Ces déflagarions signifiaient un tout, et un rien en même temps. Le bruit m'avait fait peur, me forçant à fermer les yeux le temps d'un instant. Mais lorsque je les rouvris, tous mes sens étaient éteints, mon cœur mourant à petit feu. Voir cette scène était la dernière chose que je voulais imaginer. Et pourtant... Elle se passait là, devant moi.

Tout mon monde partait en fumée. Je n'arrivais plus à réfléchir à quoique ce soit. La seule chose qui s'effectuait dans mon corps, était un surplus d'émotions. Je n'arrivais pas à déterminer ce que je ressentais à l'instant présent, sa vie s'éteignant peu à peu sous mes yeux.

Je n'arrivais pas à retenir les larmes coulant le long de mes joues. Tout le brouhaha des membres des deux gangs se stoppa, tout le monde alerté par les détonations. Je suffoquais presque en le voyant poser un genou au sol. Ses cheveux perdant peu à peu leur éclat, tout comme son teint. Plus rien ne me parvenait si ce n'était cette grande peine qui s'instaurait en moi.

Amenant mes mains à ma bouche, je ne pus retenir mes sanglots, ses mains tenant précieusement son ventre et son torse, désormais criblés de balles. Tout son être tomba au sol dans une douleur omniprésente. La brûlure que je ressentais en moi me faisait mal, imaginant le pire pour celui qui partageait ma vie. Mais alors qu'il réussit à se maintenir sur son genou, ses mains tenant son corps, une troisième et dernière détonation survint.

La balle s'ancra, devant tous nos yeux, dans son corps. Son dos, touché, fit face au ciel, son visage trempant dans la poussière de craie du sol. Mes yeux ne purent le quitter, et, sans retenir mon corps, je me précipitai à son chevet. Dans un grand mal, je parvins à le mettre sur le dos, ses yeux torturés par la douleur. Mon regard devenu brillant, je ne voyais presque plus son expression faciale.

Tout ce que je percevais au milieu de ses iris, c'était une immense mélancolie, et une douleur indescriptible. Rapidement, je retirai ma veste du Toman, la comprimant autour de son corps afin de stopper l'hémorragie le temps des secours. Ses yeux me suppliaient. Je ressentais toute sa peine, et le voir mourir sous mes yeux me brisait. Je me sentais partir. Rien que de voir ses prunelles s'exprimer, tellement la douleur sembler incommensurable, me dévastait.

J'avais l'impression de perdre cette partie de moi. De perdre cette personne qui comptait autant pour moi. Il était mon tout, et... Le voir ainsi me faisait mal. Tout mon cœur battait à tout rompre, la peur m'habitant au plus haut point. Plus rien ne me percevait, odeur ou bruit, tout ce qui comptait à ce moment précis n'était rien d'autre que lui.

Lui et seulement lui, comme il en avait toujours été ainsi...

L'eau ruisselant sur mon visage, elle termina sa route sur ses joues, sa peau étant devenue plus que blafarde. J'avais un mélange d'émotions, s'insinuant en moi, créant un requiem étrange au fin fond de mon être. Je ne ressentais rien d'autre que cette mélancolie, sa main se pressant contre la mienne qui maintenait le tissu contre son ventre teinté de rouge. En réalité, je ne comprenais pas pourquoi tout s'abattait autant sur nous... Qu'avons-nous fait pour mériter cela d'une façon où la seule manière de nous arrêter était la mort...?