Chapitre 3

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« Hmmmm ! Ken, la vache ! C'est super bon ! », dis-je en plaçant ma main devant ma bouche alors que je postillonne des morceaux de quiche.

« Arrête, tu exagères », rougit Kennedy.

Elle avait cuisiné quelques plats et m'avait préparé un plateau repas assez mignon, m'ouvrant la porte en m'accueillant avec un verre de vin bien frais. Elle avait tout prévu pour que je reste dormir chez elle, préparant déjà un oreiller et une couverture, ainsi qu'un pyjama.

Ma robe accrochée sur un cintre, mes cheveux remontés en une queue de cheval haute, démaquillée, je me regarde dans le miroir, dans le pyjama de Kennedy, ayant du mal à voir l'assassin en moi. À peine assise, le plateau s'est matérialisé sur la table basse, me faisant saliver.

« Donc... c'est en quel honneur tout ceci ?

— J'ai besoin d'une raison pour faire à manger à mon amie ?

— Ken. Qu'est-ce que je t'ai dis, sois toujours franche avec moi. Tu n'as pas besoin de faire toute une mise en scène. Tu as besoin de quelque chose ? D'argent ?

— Non, tu me payes déjà bien trop, Alexandra.

— Alors c'est un problème de conscience ? Tu vis mal avec mon secteur d'activité ?

— Parfois, peut-être, mais non. Je t'aime, j'ai envie de te faire plaisir, c'est tout.

— Tu sais que tu peux tout me dire. Allez, balance.

— Je me sens seule, par moment. Je sors, je fais des courses, mais je ne m'éloigne pas de mon quartier. Bien que ça fasse bientôt trois ans, j'angoisse toujours. J'ai peur des mouvements brusques, des hommes.

— Tu n'as pas voulu poursuivre ta thérapie je te rappelle.

— Il ne pouvait pas grand-chose pour moi, à part me prescrire des antidépresseurs. Je voudrais passer plus de temps avec toi, tu es la seule avec qui je me sens bien.

— Tu sais comment je vis, Ken, je ne peux pas prendre le risque d'attirer l'attention sur toi. Mais nous allons nous organiser. Tiens, regarde. Ce week-end, nous prenons congé. Aucun contrat, trouve-nous un hôtel sympathique, un petit truc mignon, pas une tour, on va se gâter, service de massage ou jacuzzi, ça te tente ?

— Merci, Alex.

— Allez, lance la série, je veux savoir ce qu'il se passe ! »

Je ne dors pas vraiment, j'ai juste fermé les yeux, en m'installant confortablement. Je sais pertinemment ce qui la ronge, malgré que je fais tout pour qu'elle oublie cette date. Dans quelques jours, cela fera trois ans qu'elle a failli mourir et que je l'ai prise avec moi, l'hébergeant le temps qu'elle se remette puis lui offrant un travail, finançant son nouvel appartement, bien que je n'ai pas vraiment besoin de quelqu'un. Mais, au fil du temps, j'ai appris à apprécier sa présence, ces petits moments ensemble, elle me permet de rester connecté à mon humanité. J'écoute Kennedy tout ranger, remonter la couverture sur moi, déposant une bise sur mon front.

« Je t'aime », murmure-t-elle « merci pour tout ce que tu fais pour moi, ma sœur. »

Une sœur, j'en avais plein des sœurs là où j'ai grandi, à l'orphelinat. C'est là que j'ai appris à tirer pour la première fois, j'avais mis la main sur un lance-pierre. Je faisais mouche à chaque fois, sur tout ce que je visais. J'avais été retiré de ma famille, ils étaient incapable de s'occuper de moi. Des voisins avaient prévenu les services à l'enfance, alors que mes drogués de parents me laissaient livrée à moi même, le cul assis par terre devant la télévision. Ce n'est pas plus mal, j'ai appris la vie. Un des hommes qui s'occupait de la maintenance avait apporté une carabine à plomb pour mes huit ans. J'ai eu une révélation. Puis c'était une réplique d'arme de poing, toujours à plomb. C'était tellement excitant de tenir cette arme en main. Comme l'homme m'aimait bien, il voulait plus, m'offrant des cadeaux de temps en temps. À mes quatorze ans, il jugea que j'étais assez mûre et tenta une approche. Dire qu'il fut surpris est un euphémisme. Je lui avais volé un couteau dans sa caisse à outils des années plus tôt, aussi quand il tenta de réclamer son dû, la pointe du couteau se posa sur sa petite virilité tremblante. J'étais disposée à le laisser regarder mes seins, lui donnant même un soutien-gorge en souvenir à une condition, me procurer un meilleur couteau. S'il me fournissait une véritable arme de poing et des balles, il pourrait prendre ma virginité. La motivation était suffisante. Quelques jours plus tard, il me fit signe alors qu'il travaillait près de son cabanon. Il me montra la plus belle chose que je n'avais jamais vue. Prenant le sac en toile, je le cachais derrière une caisse en bois avant de le regarder en souriant, mutine.

FBI : Dossier 42 - Il suffira d'une balleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant