Chapitre 33

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Je reste silencieuse dans la salle de réunion. Victor Bell a tenu à nous informer personnellement qu'il demandait sa mise à la retraite pour raison de santé. Son départ sera effectif dans deux semaines. Tout le monde attend l'annonce de la personne qui va le remplacer, se demandant si la transition va bien se passer, si le nouveau ne va pas nous emmerder. Notre superviseur regarde tout le monde, s'attarde une demi seconde plus longtemps sur moi, mon hochement de tête est quasi imperceptible.

« La transition se passera en douceur, j'en suis certain. Durant les deux prochaines semaines Victor assurera la passation des dossiers et s'occupera de former son remplaçant. Je compte sur vous tous pour que tout se passe bien, n'est-ce pas Anderson ?

— Certainement, Monsieur. Est-ce quelqu'un de l'externe, d'un autre bureau ?

— C'est quelqu'un qui nous vient de l'interne. Son dossier est solide, ses compétences multiples. Cette personne a travaillé en liaison avec d'autres agences, donc dispose de nombreux contacts qui s'avéreront utiles. Major de promo à Quantico.

— Tu vas voir, ça sent le gratte-papier qui va nous emmerder sur les procédures », me souffle Paul.

« Jillian, félicitation pour cette promotion », applaudit notre superviseur, ainsi que Victor Bell. « Je suis persuadé que cette équipe va faire du bon travail sous votre gouverne. »

Tous me regardent avant de se mettre à applaudir alors que je me lève pour remercier tout le monde avant de poser ma main sur l'épaule de Paul.

« Fini les blagues sexistes et graveleuses. Tu vas devoir changer de registre.

— C'est dommage, j'avais renouvelé mon stock ce week-end.

— Oublie-les. Ça va aller ?

— Bien sûr, tu le mérites, tu es plus que qualifiée, Jillian.

— Merci Paul. »

Tout le monde quitte la salle de réunion, je vais rejoindre Bell et notre superviseur, m'asseyant à côté d'eux.

« Ça va aller ?

— Oui. C'est peut-être le challenge dont j'avais besoin, Monsieur Cooper.

— J'ai vu votre message de vendredi soir. La réponse de la DEA et de l'ATF est affirmative, ils vous veulent, vous, sur les prochaines opérations conjointes contre la mafia. Votre expertise du milieu est un atout en plus du reste. Je n'étais pas prêt pour votre réponse ce matin, aussi je vais de ce pas préparer les documents avec les ressources humaines. Victor, vous commencez la transition ?

— Il n'y aura pas grand-chose, Jillian connaît à peu près tout, elle m'a déjà remplacé pendant mes vacances l'été dernier. Ce ne sera qu'une formalité.

— Merci pour votre confiance, Victor, et vous aussi Monsieur Cooper.

— Cette équipe est la vôtre désormais. Vous connaissez les forces et faiblesses de chacun pour les côtoyer au quotidien. Désormais, vous n'êtes plus la collègue, vous les dirigez. La transition sera peut-être plus difficile avec certains. Vous avez immédiatement pris la mesure avec Anderson, bridez-le, vous le connaissez, c'est plus fort que lui, il va vous tester.

— Je sais, je vais lui rappeler où se situe la ligne rouge que j'avais déjà tracée.

— Vous avez toute ma confiance. À tout à l'heure. »

Je passe en revue les mises à jour des logiciels que j'avais appris à utiliser l'an passé, les différents dossiers personnels, avec les notes et commentaires de Victor. Je lis ce qu'il a noté, la gestion des absences, le dossier de Paul. Victor ouvre le mien pour que je le lise. Selon lui, mon défaut est d'être trop gentille avec Paul, de me laisser rabaisser pour ne pas nuire à la cohésion de l'équipe ce qui est néanmoins positif et montre que je place l'équipe en premier sur mon estime personnelle. Sur le coin de mon futur bureau, je lis et signe mon nouveau contrat, prenant connaissance de mon nouvel échelon salarial. J'ai envie de fêter ça. Avant, je serais restée à la maison ou j'aurais été faire une tentative sur un site de rencontre, mais désormais j'ai quelqu'un à qui parler. Je mange avec Victor, notre superviseur et le directeur, c'est quand même intimidant, une brève pensée me traverse, vite balayée par le directeur. Je ne suis pas ici parce que je suis une femme, photogénique de surcroit. Je suis à ma place du fait de mon dossier et de mes compétences. Il s'excuse même de la mauvaise perception qu'a donné la conférence de presse, il s'attendait à ce que je parle plus.

FBI : Dossier 42 - Il suffira d'une balleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant