Chapitre 13

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Voir Alexandra sur son lieu de travail l'a rendue plus tangible que le fait que je la croise à l'hôpital. C'est une femme d'affaires que je viens de voir, mais j'ai aussi vu la façon dont elle interagit avec ses employés. Son assistante a du respect pour elle, ça se lit dans ses yeux, ses regards. Je suis contente à l'idée de boxer avec elle, sur un ring je verrais sa réelle personnalité, même simplement courir. Avoir une partenaire pour faire du sport me fera du bien. Je n'ai plus l'intention de me défiler. Elle a encore manifesté de l'intérêt, pour moi et mon travail et comme elle m'intrigue aussi, je pense que l'on va bien s'entendre. Je déboîte en quittant son stationnement, je me rends compte que je suis souvent passé devant ses locaux, sans y prêter attention, je l'ai peut-être déjà croisée aussi. Sur la route du travail, j'écoute les nouvelles, les crimes récents.

Je ne suis pas sur le terrain aujourd'hui, j'ai encore des écoutes à lire, des vidéos à regarder. Durant mes pauses, je lis le livre de Piaggi. Je colle des marques pages annotés pour revenir sur certains passages avant de tout laisser en plan alors que nous partons tous sur une intervention. Nous nous équipons en gilets pare-balles, et coupe-vent bien identifié FBI en lettres jaunes. Plaque autour du cou, arme à la hanche, nous partons en groupe de quatre par véhicule. Un individu figurant sur notre liste des dix fugitifs les plus recherchés aurait été aperçu. Le propriétaire d'une compagnie de production de films à caractère pédophile, le genre de gars sympathique que l'on aimerait avoir pour voisin. Comme nous offrons cent mille dollars pour toute information conduisant directement à sa capture, des collègues reçoivent énormément d'informations qu'ils doivent vérifier en permanence. Mais ce coup-ci, le tuyau semble sûr. La discrétion, ce n'est pas notre truc, quand nous arrivons, tout le monde est au courant. Nous quadrillions tout le périmètre du petit bloc appartement, des collègues restent à l'extérieur pour couvrir chaque issue, comme moi, qui couvre l'arrière. Ce genre d'intervention, ça égaye nos journées, ça nous procure une petite poussée d'adrénaline. Et qu'est-ce qu'on aime s'entendre crier « FBI ! » en pointant une arme, ah ça c'est toujours un plaisir.

À la seconde où les collègues investissent le bâtiment, ceux qui, comme moi, sont à l'arrière, profitent du spectacle. Des fenêtres s'ouvrent, puis se referment, par dépit, un autre se tente l'escalier pour accéder au toit. Tout le monde semble avoir quelque chose à se reprocher. Mais honnêtement, comment croire que nous aurions laissé une issue sans surveillance. À peine grimpe-t-il d'un demi-étage que des collègues descendent l'escalier métallique. Notre homme est appréhendé. Il a changé d'apparence physique, se laissant pousser la barbe et prenant quelques kilos, mais c'est bien notre homme. Ceux qui ont tenté de fuir y passent aussi, juste pour une petite vérification des antécédents et voir s'il y a un quelconque mandat contre eux. Des collègues vont perquisitionner l'appartement du suspect, les autres, comme moi nous rentrons au bureau reprendre notre travail après cette petite sortie en ville.

Ayant travaillée tout le week-end, je prends le reste de la journée et je rentre à la maison. Je m'installe confortablement dans mon canapé et reprend la lecture du livre de Piaggi. L'historique de la Camorra fait, il enchaîne sur les Clans en dehors de l'Italie. Là, il commence à m'intéresser, mais forcément je suis arrivée au bout de ce qu'il a rédigé. J'accède à la copie du disque dur de son ordinateur pour accéder à ses notes, ses débuts de chapitre. Je soir est tombé, j'allume la lumière, me fait un truc rapide à manger, me sers à boire et reprend la lecture, recrachant une gorgée sur mon tapis en lisant un paragraphe. Je nettoie mon dégât avant de reprendre ma lecture sur l'émergence d'un nouveau Clan, celui-ci avait profité de la place laissée vacante à la suite à la mort de quelques dirigeants de la Camorra ainsi que parmi les cinq familles de la Mafia ces dix dernières années. Piaggi avait mené une enquête rigoureuse, avait recueilli des témoignages sous le couvert de l'anonymat, il était question d'un assassin connu sous le nom de 42, un fantôme selon plusieurs, une légende urbaine selon d'autres, voire un artiste.

FBI : Dossier 42 - Il suffira d'une balleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant