Chapitre 26

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Je n'aime pas recevoir une invitation à déjeuner effectuée par un sous-fifre. Ce que je craignais va arriver. Je ferme la porte de mon bureau pour ouvrir la cloison secrète. Je regarde une photo de Kennedy et moi que j'y ai accroché, me rappelant ainsi ce que je risque de perdre à chaque fois. Rachael a des consignes. Si elle n'a aucune nouvelles de moi au bout de deux jours, elle doit contacter Kennedy. Si Kennedy n'a aucune nouvelle non plus, elle doit ouvrir mon bureau et accéder à un tiroir et suivre les instructions qu'elle trouvera. Mon entreprise est à elle, Kennedy a son magasin et de l'argent. Craig s'arrangera avec mes autres affaires. Je n'ai pas eu le temps de mettre mes informations à jour, aussi je sors une carte d'affaire, léguant mes appartements à Jillian. Je glisse deux armes de poing dans mon dos, une lame dans mon sac, avec une corde de piano. Je glisse des bracelets à mes poignets, finissant par remonter mes cheveux en un chignon, les maintenant avec un stylet. J'essaye de faire le vide avant de franchir la porte de mon bureau, regardant le seuil comme le Rubicon de César. En sortant, je prends une décision irrévocable. Je veux ma liberté et personne ne se mettra en travers de ma route.

Je cherche à comprendre l'idée derrière le lieu du rendez-vous. Cherche-t-il à jouer sur la nostalgie pour me faire revenir à la raison ou cherche-t-il à me rappeler qu'il sait tout de moi, d'où je viens. À la seconde où je pousse la porte, une main se pose sur ma poitrine, avant que je ne l'attrape et la retourne, la brisant. L'homme gémissant en se mettant à genoux.

« Laisse-le, Alexandra.

— Il me semble nécessaire de lui rappeler comment on se comporte avec une femme. On ne touche pas une femme sans sa permission.

— Il a compris la leçon, laisse-le et viens t'asseoir. Tu veux un café ?

— Non, Matteo. Quelle est la raison de ce rendez-vous, ici ?

— J'aime ce restaurant. Tu sais que je l'ai acheté il y a quelques années ?

— Matteo.

— Tu avais une mission que tu as refusé d'exécuter.

— Nous en avons déjà discuté, Matteo. C'était mon dernier contrat, les paramètres étaient contraires à mon code. Tu le sais. Je quitte ce milieu, notamment à cause de ce dernier contrat, je ne comprends pas ce que tu cherchais à faire. Tu savais que je ne te tirerais pas dessus. Le fait que je me retrouve au milieu d'une réunion, armée, fait de moi une cible. As-tu cherché à me piéger ? As-tu cherché à m'éliminer ?

— Par essence, l'espérance de vie des assassins est courte, Alexandra.

— Donc je ne peux aspirer à vivre un peu pour moi ? À chercher à avoir une vie ? Tes hommes en ont une de vie, nombreux sont mariés, ont des enfants, pourquoi pas moi ?

— Tu es à moi, Alexandra. Je t'ai créée, je ne peux me permettre de te laisser en pleine nature, avec tout ce que tu sais.

— Après toutes ces années, tu n'as aucune confiance en moi ? »

Matteo Rossi me regarde un long moment, sans rien dire. J'écoute chaque bruit dans le restaurant, j'essaye d'évaluer combien d'hommes il a amené avec lui. Finalement, il serait normal que je meure ici. C'est dans ce restaurant que je suis née, douze ans plus tôt.

« C'est pour cela que tu as voulu que l'on se rencontre ici ? Tu veux me tuer à l'endroit où nous nous sommes rencontrés la première fois ? Je suis la dernière qui reste de cette époque, Matteo, il n'y a plus personne d'autre que nous deux pour se souvenir de ce jour-là. Tu veux faire table rase de ton passé, le réécrire ?

— Non. Mais tu peux mettre la Famille en danger.

— Voyons Matteo. C'est moi. Si j'avais voulu le faire, je l'aurais fait depuis longtemps. Si j'avais voulu, j'aurais pu tout arrêter à la seconde où je suis entrée. J'aspire à avoir une famille comme tout le monde dans le clan, tu peux me l'accorder comme tu l'accorde aux autres, non ? Je te l'ai déjà dit, je ne sais pas qui a ton oreille, mais ton conseiller t'induit en erreur. Je t'ai toujours été fidèle, te considérant comme un ami. Ceci devrait te suffir, ce lien entre nous à une valeur pour moi. Ton conseiller t'en fais douter et je me demande bien pourquoi. Je te pose la question une dernière fois, mon ami. Me laisses-tu aller et vivre ma vie ? »

FBI : Dossier 42 - Il suffira d'une balleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant