Chapitre 12

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« Qu'est-ce que tu fous, ça fait une heure que j'attends. De quel droit as-tu changé les serrures ?! »

L'homme était adossé au mur et s'en est décollé à la seconde où nous avons tourné le coin de la rue.

« Ne répondez pas, ne le regardez pas, rentrez. Quel appartement ? », murmurais-je à son oreille.

« 3c.

— Bien, je m'occupe de lui. »

À la seconde où l'homme approche son bras pour prendre celui de Jennifer, je le bloque et lui fait une clé de bras.

« Putain ! » crie-t-il alors que Jen passe sans le regarder. Je vérifie autour de moi, il n'y a personne qui nous observe, ni ne nous filme.

« Quelle est la dernière conversation que tu as eue avec Jen ? Quels mots n'as-tu pas compris dans c'est fini ?

— Lâche-moi, connasse, t'es qui ?

— Je suis ici pour t'apprendre les bonnes manières », chuchotais-je. « On ne menace pas une femme », dis-je en le giflant violemment. « On ne harcèle pas une femme ». Nouvelle gifle. « On ne brutalise pas une femme ! ». La gifle se transforme en coup de poing.

Glissant une main dans sa poche arrière, je récupère son portefeuille et son permis de conduire.

« Je sais où tu habites, toi tu oublies l'adresse de Jen, celle de son lieu de travail, ses coordonnées. À la seconde où tu prends contact avec elle, je viens te voir pour t'expliquer la vie. Compris ?

— Jen est à moi ! »

Je l'ai frappé à nouveau, fort, avant de le pousser dans la rue.

« Jennifer n'est pas à toi, ne l'a jamais été. Elle n'est pas un objet. Elle est avec moi, désormais. Tire-toi avant que je me fâche, et n'oublie pas, je sais où tu habites ! »

Je le regarde s'en aller en tirant nerveusement sur ses vêtements avant de se recoiffer. À la seconde où il se retourne, je lui fait signe que je le surveille. Passant devant la porte, j'allais appuyer sur l'intercom quand la porte s'ouvre.

« Il est parti, ça va aller. Tiens, mon numéro », dis-je en l'écrivant sur une boîte que je prends dans son sac d'épicerie. « S'il y a quoi que ce soit, appelle-moi. Tu travailles dans quoi ?

— Je suis vendeuse dans un magasin de chaussures.

— Tu aimes ça ? » demandais-je en souriant.

« Ça paye le loyer », sourit-elle.

« Qu'est-ce que tu sais faire ? »

Elle n'a pas fait de grandes études, immigrante de deuxième génération, ça n'est pas toujours facile, les préjugés sont forts, bien qu'elle soit née aux États-Unis, le racisme dans notre beau et grand pays est encore bien présent. Le poème d'Emma Lazarus posé sur le socle de la Statue de la Liberté ne signifie pas grand chose. L'Amérique ne veut pas des immigrés, des pauvres et des exténués qui rêvent de liberté. Moi, j'aime son profil.

« Donne-moi ton numéro. Je t'appelle d'ici deux jours, j'aurais peut-être un travail pour toi.

— Pourquoi m'aider ?

— Pourquoi pas ?

— Nous ne nous connaissons pas. Tu m'as aidée et je t'en remercie, mais pourquoi ?

— Alexandra Rand, j'aime donner des coups de main de temps en temps », dis-je en la serrant dans mes bras. « Si tu aimes cuisiner, j'aurais peut-être un truc, sinon du travail de bureau. Appelle-moi ou envoie-moi un message, comme ça j'aurais tes coordonnées. Je suis en retard, je te laisse.

FBI : Dossier 42 - Il suffira d'une balleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant