Chapitre 50

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Je suis 42.

Je regarde Jillian, mais je n'arrive pas à le dire à voix haute, mais d'avouer le meurtre de la salope de sœur me fait du bien, un bien fou même. Même si elle n'a été que la première d'une longue liste, elle n'en reste pas moi ma première victime. Un moment important de ma vie. Oui, parfois j'ai aimé couché avec elle, mais la majorité du temps je la haïssais tant alors qu'elle s'insinuait en moi et qu'elle m'obligeait à faire de même.

« Je ne sais pas comment enlever cette peine qui t'habite, Alex.

— Tu ne peux rien faire, Jillian. Ça fait partie de moi. Mon enfance n'a été qu'un enfer quotidien, avec parfois des petits moments de bonheur. »

Je ne lui explique pas que ces moments de bonheur étaient mon perfectionnement au lance-pierre, à viser juste à chaque coup, le jour où j'ai tenu mon premier fusil entre les mains, mon pistolet. Même s'il ne s'agissait que de plomb, la sensation de tirer était excitante.

« J'ai appris à vivre en société avec Rachael et Kennedy. Mon bonheur réside désormais à tes côtés, avec les filles et mes sœurs. Je ne te promets pas de ne pas avoir des coups de blues parfois, j'en aurai. Je ne te promets pas de ne pas réagir brusquement, parfois. Je protégerais toujours Kennedy et Rachael, tout comme je protégerais Heather, Chloe ou toi. Je défoncerais tous ceux qui oseront vous nuire.

— Je sais, Alex. Je n'en doute pas une seconde. Donc, je peux imaginer que c'est déjà arrivé ?

— Oui, Jillian.

— Ah.

— N'en parlons plus. » dis-je en me levant, m'habillant légèrement avant de frapper à la porte de la chambre, l'entrouvrant.

« Est-ce que nous pouvons sortir ?

— Bien sûr » éclate de rire Chloe « pourquoi ?

— Pour rien, je pensais que vous auriez profité d'un petit moment tranquille pour faire connaissance. »

Chloe et Heather nous regardent, les yeux pétillants.

« C'est fait » confirment les filles en souriant.

Je discute avec les filles, elles me montrent leurs emplois du temps, je regarde comment aménager quelques heures de travail puis j'appelle Rachael pour discuter avec elle, qui me confirme y avoir pensé de son côté et qu'elle aura du travail à donner aux deux.

La soirée est tranquille, nous discutons inégalité, féminisme, droit, justice sociale. Les filles sont bien plus impliquées que je ne le croyais. Je ne me suis jamais sentie concernée par ces questions en dehors de celle du respect. Je soutiens leurs revendications et pour une quelconque raison elles pensent que je suis une féministe. Je leur explique mon point de vue et ma façon bien personnelle de faire comprendre aux hommes de respecter les femmes. Jillian est désespérée, les filles m'adorent.

Pour des raisons évidentes d'elles seules, les filles conviennent qu'après les cours elles viendront à mes bureaux pour rentrer à la maison. Bien que je ne sois pas sur la route la plus directe pour rentrer. Même si Jillian leur explique que je suis une femme d'affaires occupée, ce qui est vrai ; que je suis absente du bureau, ce qui est vrai, les filles ont décidées que c'était ainsi. C'est Rachael qui sera contente, elle qui aime sa tranquillité.

Prétextant un rendez-vous d'affaire, j'emmène les filles pour les déposer en cours, puis je retrouve enfin ma tranquillité. Je roule jusqu'à mon entrepôt pour aller récupérer mon fusil, et différentes armes, au cas où le plan changerait. Je me change, me déguise, avant d'aller me mettre en planque.

Il y a un moment que j'observe cette femme. Je l'ai croisée alors que j'inspectais une équipe sur une scène de crime, après qu'un chef d'équipe m'avait appelé pour me dire qu'une voisine ne cessait de les menacer à cause du bruit, des odeurs, de leur couleur de peau. Une véritable Karen. Je lui ai poliment demandé de cesser d'importuner mes employés et de les laisser travailler, me retenant de peu de la gifler quand elle m'a insulté, me soupçonnant de coucher voire d'accumuler des mariages blancs pour faire travailler des étrangers. Je ne lui ai rien fait, mais je ne l'ai pas oublié. Je savais qu'un jour elle aurait ce qu'elle mérite. Je connais son emploi du temps, ses habitudes, je saisis l'opportunité à la seconde où je l'ai.

FBI : Dossier 42 - Il suffira d'une balleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant