Nous contre le monde T1. Enchanteria

17. Always and forever

À la seconde, où Setebos franchit les portes de la salle pour aller petit-déjeuner, Ophelia lui sauta dans les bras et l'étreignit de longues minutes sous les regards éberlués du reste des élèves et d'Alecius qui se trouvait à leurs côtés.

— Moi aussi, je suis heureux de te voir Ophelia, dit le jeune Green avec un rire gêné.

— Je... Je... Désolée, je ne sais pas ce qu'il m'a pris...

L'émeraude lui sourit et se détacha d'elle pour rejoindre sa table avec Alec qu'elle entendit dire :

— Moi aussi, j'aurais bien aimé avoir un câlin de notre petit ange !

Ophelia ramassa ses affaires à la table des saphirs et alla se réfugier dans un petit kiosque qu'elle avait découvert dans le jardin de l'Académie au début de l'année. Ses joues la brûlaient, elle était morte de honte. Comment avait-elle pu lui bondir dessus devant tout le monde, les plaçant tous les deux au centre de l'attention ? N'empêche, cela empêcherait peut-être à son rêve de se réaliser. Non, ce n'était pas un rêve, plus un cauchemar, bien que l'atmosphère soit un peu trop étrange pour que cela ne se passe dans la réalité, mais tout avait l'air si réel...

Ophelia n'osa même pas assister aux premiers cours de la journée qu'elle avait avec Pandora. Elle aurait aimé remercier son amie de s'être occupée d'elle la nuit passée, mais elle ne pouvait bouger de sa cachette tellement elle était paralysée par la peur. Son cauchemar lui revenait en tête à chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle était emprisonnée dans son esprit et rien ne semblait pouvoir l'en sortir

— Tu vas mieux depuis tout à l'heure ?

L'adolescente leva la tête vers la voix et aperçut Setebos qui s'était assis à côté d'elle. Le voir aussi proche lui semblait irréel, quelques heures auparavant, elle l'avait vu mort dans ses bras et il était maintenant à ses côtés en chair et en os. Ophelia rabaissa son regard vers ses chaussures et haussa les épaules, il ne devait pas remarquer les larmes qui coulaient sur ses joues depuis deux heures.

— Pandora te cherche dans toute l'Académie. Alec pensait que tu serais dans la tourelle, mais j'étais persuadé que tu serais ici. Si je voulais m'évader du monde, je serais aussi venu dans ce kiosque. Il est très paisible, comme hors du temps. Je ne serais pas étonné d'apprendre qu'une barrière protectrice est dressée au-dessus juste pour protéger ce calme.

La jeune fille laissa son ami épiloguer sur son repère, elle n'avait pas envie de parler. Si elle ne disait ne serait-ce qu'un mot, ses larmes recommenceraient à couler et ce n'était pas une attitude décente à avoir devant un prince. Maintenant qu'elle connaissait l'histoire de sa famille, elle avait du mal à ne pas le voir comme un descendant royal, même si la monarchie avait été abolie depuis quelques années.

— Je n'ai pas bien compris ton geste de ce matin, mais j'imagine qu'il devait y avoir une signification. Après, je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, bien qu'Alecius en aurait bien plus profité que moi... Je pense qu'il t'aime bien, tu sais. Tu es son petit ange.

Ophelia étouffa un petit rire et sentit ses joues chauffer.

— Au moins, j'ai réussi à te faire rire, c'est déjà ça.

Comme elle restait muette, l'adolescent se leva, ramassa son blazer sur lequel il s'était assis et l'épousseta avant de le remettre.

— Setebos ! Attends !

Elle se releva, elle aussi, et se plaça à sa hauteur.

— Je suis désolée pour ce matin... Je n'aurais pas dû faire ça, je le sais et je comprendrais si tu ne veux plus me parler, mais saches que je n'ai jamais voulu te faire perdre la face en te collant la honte...