Nous contre le monde T1. Enchanteria

27. Les cris

Les semaines qui avaient suivi l'aveu de la directrice sur l'état de santé de Pandora, Ophelia les avait passées seule. Elle ne voulait faire de mal à personne et surtout pas à ses amis. Ce qui s'était passé avec Pandora ne devait plus jamais arriver. Elle devait payer pour ce qu'il s'était passé, elle s'était punie en s'éloignant du monde. Setebos et Alecius lui rappelaient que ce n'était pas sa faute mais la jeune O'Donnell ne pouvait s'empêcher de se blâmer, elle aurait dû se rendre compte de ce qui arrivait à son amie.

La jeune saphir se trouvait une nouvelle fois dans le kiosque à secret et, comme toujours, tout était paisible. Elle aurait pu aller à la bibliothèque pour réviser, cela aurait été plus confortable, mais elle avait peur que ses pouvoirs fassent à nouveau surface et qu'elle ne puisse pas les contrôler.

Ce qui s'était passé dans le bureau de la directrice, ce silence obligé et cette vague de froid l'avait traumatisée, elle ne savait pas comment elle avait fait ça ni comment le contrôler. En attendant qu'elle en sache plus sur ce nouveau pouvoir qu'elle avait acquis, elle devait s'isoler un maximum des gens pour ne pas les blesser ou faire quelque chose qu'elle regretterait par la suite sous le coup de la colère ou même de chagrin.

Des larmes perlaient sur ses joues alors qu'elle regardait l'horizon. Dire qu'elle ne se sentait pas seule serait mentir. Chaque jour, elle souffrait un peu plus de cet isolement qu'elle s'était imposé, mais la minute d'après, elle se rappelait pourquoi elle faisait ça et cela la rassurait un peu. La veille, elle avait à nouveau rêvé de ce que sa destruction pouvait provoquer et elle ne se permettrait pas que cela arrive réellement.

La brune se trouvait à Enchanteria et tout avait l'air paisible, rien ne semblait dénoter avec une journée habituelle qu'elle aurait pu passer à l'Académie. Elle se prélassait sur les berges de l'étang avec Alecius et les deux tourtereaux rigolaient et s'embrassaient comme n'importe quels adolescents de leur âge pouvaient le faire.

Ophelia n'avait aucune idée d'où se trouvaient les autres élèves et, honnêtement, elle n'en avait rien à faire, elle voulait simplement que ce moment dure pour l'éternité. Plus encore, elle ne voulait pas que son père soit au courant de son amour pour cet Ailes-D'or qu'il détesterait sûrement encore plus que les autres car il s'était approché trop près de sa fille.

D'un coup, Alec se tourna vers elle et déclara.

— C'est de ta faute si Pandora est dans le coma ! Tu m'as pris ma partenaire de farces !

— Elle ne méritait pas ton amitié de toute façon ! cria une autre voix.

Ophelia se retourna et vit le jeune Green arrivé rapidement vers eux.

— Setebos ? Mais qu'est-ce qu'il vous arrive ? demanda-t-elle.

— Si vous estimez que garder le secret sur la condition de Mademoiselle Collins alors que sa vie est en danger, vous n'êtes sûrement pas une très bonne amie !

Ophelia ne comprenait pas ce qu'il se passait. Pourquoi se retournaient-ils tous contre elle ? Ils n'avaient pas l'air réel mais en même temps, elle sentait qu'elle pourrait les toucher pour s'assurer de leur contenance. Ce n'était pas des ombres, ils existaient bel et bien.

— Madame, je... Je ne voulais pas.

Ophelia s'était relevée et observait le paysage autour d'elle, les oiseaux avaient disparu. Il n'y avait plus de traces de vie, seulement la mort.

— Je t'avais prévenue que tu étais trop dangereuse pour sortir dans le monde extérieur !

— Papa ? Que fais-tu à Enchanteria ? demanda l'adolescente en clignant des yeux.