19. Été 2077

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Les vacances d'été étaient arrivées assez rapidement et la chaleur devenait plus qu'insoutenable. L'air ambiant était irrespirable et Ophelia bénissait son père d'avoir provoqué un sort de neige instantanée pour rafraîchir le salon où se trouvait la jeune fille. La pièce la plus fraîche de la maison O'Donnell restait, sans aucune hésitation, l'atelier du fabricant d'ailes. Ce dernier se trouvait à la cave et la température avoisinait les cinq degrés toute l'année, mais elle ne pouvait y entrer sans se faire crier dessus par son père.

La brune faisait le moins d'effort possible de peur d'être atteinte par la chaleur. Les volets étaient fermés et ne laissaient passer qu'une fine bande de lumière pour permettre aux habitants de la maison de s'éclairer durant la journée et de ne pas vivre tel des feux follets. La température extérieure ne permettait pas aux gens de sortir de chez eux et la saphir avait l'impression d'être revenue à l'époque où son père lui interdisait de sortir de chez eux sans aucune raison, ou du moins, il ne lui en avait jamais donné.

Son miroir jumeau était posé à côté d'elle et elle mourrait d'envie d'appeler Setebos mais ne pouvait s'y résoudre. Elle savait, d'après ce qu'il lui avait raconté, que la vie au Manoir Green n'était pas de tout repos et que l'ordre y régnait. Elle se disait que s'il avait besoin d'elle ou que son temps de loisirs était plus conséquent que la dernière fois, il l'appellerait.

Kal O'Donnell devait honorer de nombreuses commandes, car les premiers dossiers d'admissions étaient arrivés d'Enchanteria. Les parents des futurs élèves n'avaient pas attendu pour commander les ailes de leurs enfants au grand maître des ailes avant que le monde féérique ne reprenne vie à l'approche de la rentrée.

Il ne remontait dans la pièce principale que pour s'alimenter et pour aller se coucher. Ophelia vivait toute seule, sans personne avec qui parler, même si elle recevait quelques lettres de la part de Pandora et Alecius. Chaque jour, lorsque son père descendait travailler, elle attendait une nouvelle correspondance de la part de ses amis. Peu importe lequel, elle avait juste besoin de compagnie, de quelqu'un à qui parler pour ne pas sombrer dans le mutisme. Ou même, la folie. Malgré tout, il lui arrivait de parler toute seule dans les moments où la solitude se faisait plus grande.

Une nouvelle lettre arriva par le conduit de la cheminée, ce qui réchauffa la pièce un court instant. Ophelia se leva du canapé en patchwork pour aller la chercher, c'était une carte postale de la part de Pandora qui passait ses vacances en Écosse où, d'après sa lettre, il pleuvait beaucoup et l'air était plus respirable qu'au Canada. La jeune fille jalousait son amie, d'une part pour pouvoir partir en vacances et de l'autre pour profiter de l'extérieur et des températures agréables tandis qu'elle cuisait sur place tel un œuf au plat.

Elle eut à peine le temps de se rallonger sur le sofa qu'une nouvelle lettre se posa dans le foyer de la cheminée. La jeune fille utilisa sa magie et fit voler la missive jusqu'à elle dans un dernier effort avant de la décacheter pour la lire. Elle l'ouvrit et reconnut l'écriture un peu brouillonne d'Alecius. Un sourire se dessina sur son visage et elle commença à lire.

Coucou petit ange,

Comment gères-tu la canicule ? Je t'avoue que dans ma famille, on ne peut plus vivre sans neige artificielle et je pense qu'il en va de même pour toi.

J'imagine que ton père travaille toujours autant. D'ailleurs mes parents sont allés commander les ailes des jumeaux qui rentrent cette année à Enchanteria. Dans ta dernière lettre, tu me racontais combien tu te sentais seule et je t'avoue que j'ai un peu de mal à me mettre à ta place. À chaque pas que je fais, je croise un de mes frères et sœurs, je n'ai jamais été fils unique comme tu l'es.

As-tu des nouvelles de Setebos ? Je lui ai envoyé plusieurs lettres qui sont restées sans réponse. J'espère qu'il va bien, même si je doute qu'Asteropa Green ne l'aie malmené.

Bon, je dois te laisser ! Je crois que ma dernière sœur va s'étouffer avec la neige artificielle qu'elle s'obstine à vouloir manger. Si un jour, on la retrouve morte étouffée dans son sommeil, il ne faudra pas s'étonner.

Bye bye petit ange !

Ton blondinet préféré !

PS : N'hésite pas à me bombarder de lettres si tu as besoin de parler, hein.

Ophelia rit en lisant la dernière partie de la lettre où Alecius parlait de sa petite sœur. Il avait réussi à la mettre de bonne humeur en quelques lignes. Elle se dirigea ensuite vers le comptoir de la cuisine où se trouvait du papier à lettre magique et elle lui répondit sans perdre un instant.

Salut Alec,

Comme tu l'as imaginé, je passe toujours une grande partie de la journée seule ; et lorsque mon père rentre, il est tellement épuisé qu'il va se coucher directement sans même dîner.

Je n'ai pas plus de nouvelles de Setebos que toi, on dirait qu'il s'est volatilisé sans laisser un mot. J'imagine qu'il va bien, je doute qu'il ait fugué comme Eltanin et si c'était le cas, je pense qu'il nous en aurait informé pour qu'on sache qu'il va bien et qu'on ne s'inquiète pas.

Ophelia hésita à répondre à la glorification qu'avait faite Alecius à propos d'Asteropa Green et de son éducation. Elle savait que Setebos se sentait oppressé par les attentes que sa mère fixait sur lui. Non, Setebos lui avait confié ses peurs et s'il n'en avait pas parlé à Alecius, elle ne devait pas le faire à sa place.

J'ai reçu une carte de la part de Pandora mais je pense que toi aussi. J'avoue la jalouser un peu car elle profite d'un air frais alors que nous, on ne peut même pas sortir de chez nous à cause de la chaleur. Je pense que je pourrais me mettre à prier n'importe quel dieu juste pour que quelques gouttes de pluie tombent et viennent rafraîchir l'atmosphère ambiante. Mon canapé n'a jamais autant été occupé qu'en ce moment et je pense que mon corps n'a jamais eu autant besoin d'eau. J'ai l'impression d'être desséchée deux secondes après avoir bu un grand verre d'eau.

En espérant ne pas mourir d'ici la rentrée,

Ophelia

Elle plia la lettre et reboucha son stylo après avoir marqué l'adresse et l'avoir cacheté. Elle se dirigea vers la cheminée, plaça la missive au centre du foyer et lança un sort pour l'envoyer à son destinataire.

Alecius lui manquait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Ses joues chauffaient lorsqu'elle repensait au moment où il l'avait fait danser sous la pluie à la fin de l'année scolaire, elle aurait aimé que ce moment ne s'arrête jamais.

Quand elle retourna s'allonger sur le canapé, elle prit le miroir jumeau de Setebos et regarda son reflet à l'intérieur en espérant voir celui de son meilleur ami à la place, avant de s'endormir épuisée par la chaleur.

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Coucou ! Voilà le chapitre 19, j'espère qu'il vous a plu si c'est le cas n'hésitez pas à voter et commenter 😊

Pourquoi Setebos ne répond pas ?

A mercredi pour l'entrée en troisième année 😉


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Nous contre le monde T1. EnchanteriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant