Nous contre le monde T1. Enchanteria

28. Réconciliation

21 juin 2078

Un mois était passé depuis sa crise de colère envers Alecius, Ophelia ne lui avait pas reparlés depuis et la jeune O'Donnell avait l'impression de faire tâche au sein de l'Académie où les autres élèves étaient tous heureux de la fin d'année et des examens passés. Son manque de relation humaine se faisait sentir, car à part Pandora, Alec et Setebos, elle ne parlait à personne. De même que personne ne venait la voir pour lui demander comment elle allait. Les seuls échanges qu'elle pouvait entretenir avec des êtres vivants étaient les petits sourires que lui lançait Setebos dans le réfectoire.

Il fallait qu'elle se reprenne en main. Elle ne ressemblait plus qu'à l'ombre d'elle-même et elle le savait. Elle ne pourrait pas contrôler ses pouvoirs seule, elle avait besoin de quelqu'un pour l'aider et c'est ce qu'elle allait faire. Cet été, lorsqu'elle retrouverait son père, elle lui demanderait de l'aider. Il ne pourrait pas ignorer sa demande, lui qui était si inquiet pour sa sécurité ne la laisserait pas sortir avec des pouvoirs qui étaient susceptibles de la détruire.

Ophelia se leva de son lit et regarda l'heure sur le réveil du dortoir. Il était onze heures vingt, la cloche du déjeuner allait bientôt sonner, mais cela lui laissait encore un peu de temps pour se préparer avant de se rendre dans la salle de banquet. Elle se rendit dans la salle de bain attenante à la chambre et se regarda dans le miroir. Son reflet faisait peur, ses joues étaient creusées par le manque de nourriture et ses yeux cernés par le sommeil qu'elle ignorait depuis des mois.

Elle soupira et prit une douche rapide avant de se préparer, le samedi, les élèves avaient le droit de s'habiller de la façon qu'ils désiraient, certains gardaient leur uniforme quand d'autres revêtaient des habits de la vie de tous les jours. La jeune fille enfila la longue robe blanche que son père lui avait offerte à son dernier anniversaire, elle brossa ses cheveux et les agrémenta du serre-tête de sa mère.

C'était déjà mieux. Elle ressemblait un peu moins à un cadavre, mais il manquait encore quelque chose. Ses cernes étaient encore présentes et contrastaient avec le reste de son apparence. Elle regarda autour d'elle et aperçut la trousse à maquillage de Tania, une de ses colocataires de dortoir. Elle ne remarquerait sûrement pas qu'Ophelia en avait utilisé.

La saphir prit le mascara et en posa un petit peu sur ses cils. Elle ne s'y connaissait pas trop en maquillage, mais elle devait faire le maximum pour avoir l'air présentable. Elle se regarda à nouveau et sourit, elle avait repris un peu de contenance et pouvait sortir dans les couloirs sans être dévisagée toutes les deux minutes.

Elle prit une grande inspiration et sortit de sa chambre puis du salon commun des saphirs. Sa démarche était confiante, elle mettait en pratique chaque chose qu'elle avait lu dans Le Recueil. Si elle était une Ailes-D'or et qu'elle sortait avec une personne faisant aussi partie d'une famille influente au sein de la communauté féérique, elle devait en avoir l'attitude. Elle traversa chaque passage secret pour atteindre le réfectoire où devaient déjà être installés Alecius et Setebos, ainsi que quelques élèves.

Cela ne manqua pas. Lorsqu'elle arriva devant les portes, elle les vit en pleine discussion assis à la table des émeraudes pratiquement vide à l'heure qu'il était. Elle sourit et alla les rejoindre.

— Salut les garçons ! dit-elle joyeusement.

— Ophelia ? Que fais-tu ici, à notre table ? Je croyais que tu ne nous parlais plus ? demanda Setebos en la voyant.

— Disons que mon petit doigt m'a appris quelque chose et que mon petit-ami me manquait, répondit-elle en mettant sa main sur celle d'Alec en face d'elle.

Ce dernier baissa la tête vers leurs mains et les regarda quelques minutes sans rien dire. Il pesait le pour et le contre, Ophelia l'avait ignoré pendant un mois sans explications et revenait comme une fleur en espérant que rien ait changé entre eux. C'était un comportement assez égoïste de sa part. Au final, Alecius sourit et embrassa sa main avant d'ajouter :