— Je ne comprends pas pourquoi tu tiens tant à aller à Alferina !
Kal répétait cette phrase depuis une bonne demi-heure. Soit il la criait, soit il la marmonnait, mais l'intention était la même, il ne comprenait pas pourquoi sa fille ne voulait pas suivre la tradition familiale.
— Parce que là-bas, je pourrais comprendre qui je suis ! Je pourrais toujours reprendre la boutique après mon diplôme, s'exclama Ophelia.
— Il ne t'apprendront rien que je ne sais déjà ! Je te connais mieux qu'eux ! Je sais ce qui est bon pour toi ! cria Kal en s'avançant vers elle.
Elle ne pouvait pas le laisser tout contrôler, pas cette fois.
— Si tu savais si bien ce qui était bon pour moi, tu m'aurais expliqué comment me servir de mes nouveaux pouvoirs ! J'ai découvert toute seule comment ils agissaient et comment les contrôler ! Je ne peux rien apprendre de toi car tu agis comme une tombe lorsque ça concerne notre famille !
Ophelia termina sa tirade en pleurant et courra dans sa chambre. Elle était énervée, elle avait envie de tout casser, de renverser la terre entière et d'y mettre le feu. Elle voulait simplement exprimer sa colère d'une manière ou d'une autre. Elle s'effondra sur son lit tout en continuant de pleurer, prit le miroir jumeau qu'elle avait avec Setebos et l'appela. Elle n'avait que faire de ses larmes qui dévalaient ses joues, elle voulait juste lui parler.
— Ophelia, est-ce que ça va ?
Il était parfait, comme d'habitude, aucun cheveu ne barrait son visage pour lui gêner la vue et aucun morceau de salade n'était venu se coincer entre ses dents pour ternir son sourire éclatant.
— Mon père est catégorique... Je ne pourrais pas aller à Alferina.
La brune voyait le visage de son petit ami se décomposer, elle n'avait vu Setebos dans cet état que quelques fois et cela ne présageait rien de bon.
— Ce n'est pas possible... Il faut trouver une solution ! Ton talent ne peut pas pourrir dans une cave !
— Il n'y a rien à faire.
— Le pendentif est notre seule chance.
— Setebos, non.
— Ophelia, je ne pourrais pas continuer sans toi. Si tu n'es pas à mes côtés je n'ai aucune raison de suivre notre projet. Ophelia, le monde féérique a besoin de toi et tu ne pourras pas apprendre à le défendre si tu es enfermée dans une pièce sans fenêtres. Tu as besoin de t'élever, pas de t'éteindre.
Sa voix était calme et posée, il ne changerait pas d'avis. La jeune fille était d'accord avec lui, elle voulait sa liberté, mais elle savait comment son père pouvait réagir et ne voulait pas se le mettre à dos.
— Viens, avec le pendentif. Ce sera peut-être la seule chose qui le fera changer d'avis. Enfin, j'espère...
Setebos hocha la tête et l'appel se termina. Le trajet entre le manoir des Green et la boutique des O'Donnell n'était pas très long ; si ses parents le laissaient partir directement, il arriverait rapidement. Ophelia n'avait plus qu'à espérer.
Vingt minutes plus tard, le carillon de la boutique se fit entendre et une personne entra dans l'antichambre. Kal arriva vers le comptoir en s'essuyant les mains sur son tablier et releva la tête. Devant lui se trouvait un homme aux cheveux d'ébène et au regard perçant.
— Bonjour jeune homme, que puis-je faire pour vous ?
En entendant la musique caractéristique d'un nouveau venu, Ophelia était descendue et s'était assise dans l'escalier menant à la boutique comme elle avait l'habitude de le faire lorsqu'elle était enfant. De sa place, elle ne pouvait réellement distinguer qui était cette personne, mais sa voix avait quelque chose de familière. Ce n'était pas Setebos, car sinon son père n'aurait pas été aussi courtois. À moins qu'il ne le reconnaisse pas ? Le carillon retentit une nouvelle fois et la jeune fille se pencha un peu pour identifier cette nouvelle personne.
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Nous contre le monde T1. Enchanteria
Fantasy{TOME 1} Ophelia a 11 ans lorsqu'elle rentre à Enchanteria et qu'elle découvre le monde des fées. Un monde dans lequel elle a pourtant grandi mais dont elle ne connaît rien à cause d'un père trop protecteur. Durant toute son enfance, Kal O'Donnell l...