Existence - Tome 1 [TERMINEE]

Chapitre 1 Qui êtes-vous ?

5.30 pm

Ça y est, j'y suis ! Je regarde le petit bout de papier entre mes mains et relis les quelques mots inscrits dessus ; 5a st felix street, Brooklyn 11217, New York. L'encre s'efface un peu à cause de la pluie et j'ai bien cru, à un moment, que l'adresse allait disparaitre complètement avant que je n'y arrive.

Je souffle tout en levant la tête pour regarder la façade du bâtiment. C'est un style très typique du quartier de Brooklyn, les murs sont faits de vieilles briques rouges un peu abimées par le temps. Les fenêtres sont plus récentes, noires style usine avec plusieurs carreaux qui habillent la façade un peu terne.

Je m'approche lentement de la grosse porte en bois de l'immeuble et tape le bip que l'on m'a envoyé par la poste il y a une semaine. La porte fait un bruit électronique me signifiant qu'elle est ouverte, je la pousse alors avec difficulté. Elle est lourde et moi je n'ai pas vraiment de muscles. Je vais au moins me faire les bras. Je tire ma valise tant bien que mal et la fait passer par le petit entrebâillement que j'ai réussi à faire.

Pourquoi je ne vais pas plus souvent à la salle sérieusement ?! Un énième soupire ponctu ma journée avant de tirer à deux mains ma valise qui se bloque dans l'encadrement de la porte. Encore un choix stupide de ma part aujourd'hui, je préfère ne plus les compter à ce stade.

La porte commence à se refermer sur mon bagage, me tirant avec lui. Je me cogne la tête contre le bois massif et me voilà maintenant à compter les étoiles qui dansent devant mes yeux pour me narguer de ma nullité constante. Allez ! Il faut que je serres les dents ! Je reprends en main ma valise et la tire de toutes mes forces. Il suffit d'un peu d'huile de coude et elle s'échappe enfin de son emprise, me poussant dans une chute rapide et bruyante. Je finis par trébucher au sol, les quatre fers en l'air, étouffée par ma valise. Pourquoi ce genre de chose n'arrive qu'à moi ?

Un énorme râle s'extirpe de ma bouche et je passe mon bras sur mes yeux. Respire ! 1, 2, 3 ! Allez, je m'extrais de sous l'objet de tous mes maux et me relève. Entre la pluie et la sueur, je suis trempée des pieds à la tête. Ma dégaine est horrible, pour une première rencontre, on a deja vu mieux.

Ma valise de nouveau sur pied, il ne me reste qu'un dernier petit effort. Je la fais rouler jusqu'aux escaliers et constate qu'en ayant tiré comme une barbare pour la dégager de la porte, une roue y est restée. Je les enchaine et c'est mon quotidien, je suis épuisée. Respire ! 1, 2, 3. Je monte sur la première marche des escaliers et tire sur ma valise manchote. Je réitère une seconde fois puis une troisième et ainsi de suite jusqu'à arriver au premier étage.

Je ressors le bout de papier de la poche arrière de mon jean et souffle. Il ne reste plus grand chose de ma feuille. Raaaaah. Je suis épuisée et ai juste envie de me blottir sous une couette pour enfin laisser cette journée derrière moi.

1, 2, 3. Respire. J'essaie tout de même de déchiffrer ce qu'il reste de lisible et pense lire 4éme étage.

Engagée à nouveau dans ma lutte contre cette journée, je continue de hisser ma valise sur les marches et arrive quasiment au deuxième étage, en nage et le souffle coupé.

Faites que cette journée se termine rapidement. Je monte sur la dernière marche du palier et tire fort ma valise. Trop fort ? Mes pieds s'emmêlent dans la seule roue fonctionnelle de cet engin de malheur et chute sur le palier.

STOOOP ! C'est possible autant sur une durée si courte ? Oui, c'est mon lot quotidien. Y a t'il d'autres personnes pour qui c'est le cas ? Ou une entité supérieure a décidé que je serais son pantin pendant ses moments d'ennuis ?

Apres un millieme râle, je reprends mon escalade pour accéder au quatrième étage et cette fois-ci sans accident. Je prends mon téléphone pour regarder la tête que j'ai. Pommettes rouges, cheveux en bataille, vêtements trempés et des cernes de dix-huit kilomètres. La panoplie de la folle. Après ça, s'ils m'acceptent en m'ayant vu ainsi, c'est qu'ils sont certainement plus fous que je ne le suis.