Chapitre 35: Le prix de la vie

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(Chapitre corrigé)

TW: fausse-couche, angst.

640 mots.




Une telle somme pour un si petit bijou.

Mes cris avaient réveillé William. Il s'était levé en sursaut, m'avait demandé ce qu'il se passait, et il avait juste fallu qu'il voie la quantité de sang sur les draps pour qu'il appelle le SAMU.

Ils étaient arrivés en une vingtaine de minutes durant lesquelles j'avais essayé de trouver la cause de ce saignement abondant. J'étais horrifiée. Je n'avais vu que du sang et des caillots de sang énormes comme une balle de ping-pong. On aurait dit que des bouts de mon vagin s'étaient détachés.

On m'avait emmenée aux urgences, car on soupçonnait que je faisais une fausse-couche.

Une fausse-couche.

Je ne savais même pas que j'étais enceinte jusqu'à il y a quelques heures.

On m'avait fait une échographie qui avait confirmé que j'étais enceinte et que le placenta s'était brisé, et une prise de sang qui avait révélé un taux d'alcool élevé dans mon sang.

Comme le placenta n'avait pas été totalement évacué, et que j'étais apparemment à plus de trois mois de grossesse, on avait dû m'opérer pendant plus d'une heure.

Trois mois. C'est à ce moment-là qu'on commençait à sentir les coups du bébé.

Je me disais aussi, que c'était bizarre que mes seins grossissent, que mes hanches s'élargissent, que mon ventre gonfle... Mais je n'aurais jamais pensé que c'était à cause d'un être qui grandissait en moi.

Une fausse-couche. Le prix a payé pour mon incompétence et mon inattention. Pour mon immaturité et mon irresponsabilité.

Je n'avais même pas pensé à un seul moment que mes vomissements et ma prise de poids étaient des symptômes de la grossesse. Non, j'avais tout mis sur le compte du stress.

Et à cause ça, j'avais perdu un bébé. Mon bébé. Mon premier enfant.

On m'avait installé dans une chambre après l'opération et on m'avait fait un check-up. Le docteur m'avait dit de me reposer, mais je ne pouvais pas fermer l'œil. J'étais traumatisée.

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais là, assise sur le lit, à fixer mes jambes dans un silence de mort. Ce furent des coups à la porte qui me sortirent de ma léthargie. Je posai mon regard sur la porte alors que William entrait, lentement.

Je me retins de pleurer en voyant son visage. Il semblait tout aussi perdu et traumatisé que moi. Il avait perdu son premier enfant aussi, après tout. C'était notre bébé.

-Hey, dit-il d'une faible voix en venant s'asseoir à côté de moi.

Je me contentai de le fixer alors qu'il prenait ma main dans la sienne et la serrait fermement.

-Comment tu te sens? me demanda-t-il avec une pointe d'incertitude.

J'ouvris la bouche pour parler, mais je ne pus émettre aucun sons. Les mots étaient bloqués dans ma gorge et j'avais l'impression que si je parlais, j'allais vomir.

-Ça va aller, Katelaria, murmura-t-il en me prenant dans ses bras. On va s'en sortir.

Je sentais qu'il voulait pleurer lui aussi, je le sentais à ses tremblements. Moi, je n'y arrivais pas.

J'avais tué notre bébé. Notre premier enfant.

Nous restâmes un long moment dans les bras l'un de l'autre, silencieux, essayant de se rassurer par la présence de l'autre.

Après un certain temps, je le repoussai doucement.

-Je peux avoir de l'eau, s'il te plaît? demandai-je avec une voix cassée que je ne reconnaissais pas comme la mienne.

-Bien sûr. Je vais te chercher ça.

Il se leva en faisant glisser sa main sur mon bras, et il sortit d'un pas lent de la chambre. Quand j'entendis la porte claquée, je fondis en larmes.

J'avais mal. Mal au bas-ventre, mal aux jambes, mal au cœur. J'avais la haine et j'étais triste.

Putain. J'avais tué mon bébé.

Je pris l'oreiller derrière mon dos et je le plaquai contre mon visage pour hurler à la mort tout en frappant le lit de mes jambes, dans un excès de colère.

Une telle somme pour un si petit bijou. 

Un bijou que je ne connaîtrais jamais. 

Parce que je l'avais tué.

How to be Grown (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant