Chapitre 14

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A ce moment même, quatre soldats pénètrent dans la chambre. Deux se jettent sur Zia et deux sur moi. La petite essaye tant bien que mal de trouver une issue mais les deux hommes mettent peu de temps à la saisir et à la ligoter. Pour ma part, je ne compte pas me faire attraper si facilement : avec le peu de force qu'il me reste, je donne au premier un coup de pied dans la rotule, il s'affaisse à genoux par terre, je le bascule par la seule force de mes bras en lui prenant les épaules et le met hors d'état de nuire en lui assenant l'estomac en parallèle. Voyant que je ne me laisse pas faire, l'autre soldat réplique en sortant son fleuret de son étui. De son autre main, il tient la corde avec laquelle il est sensé me garrotter. Il élance sa lame vers moi, je lui attrape le poignet et essaye de lui torde mais il résiste. -Pizarro regarde la scène, il est hors de lui-même et demande à ses hommes d'en finir une bonne fois pour toute avec moi - Un troisième légionnaire arrive, -un des deux hidalgo qui s'était précipité sur la petite quelques secondes auparavant- il me saisit le bras droit - je tente de me défaire de sa prise mais c'est un échec étant concentré à combattre l'autre homme - me le retourne et le coince derrière mon dos en remontant mon poignet au niveaux de mes omoplates, mon coude et mon épaule craque, un cri m'échappe sous l'intensité de la douleur. Entre temps, on commence à me ligoter. Pizarro progresse vers moi et prend la relève afin de m'attacher. Je me débats comme je peux -je n'ai pas envie qu'il réabuse de ma personne - ce qui à le don de le mettre dans un état fulminant. Il s'écrit :
_Raah... Qu'est-ce que tu es intenable Isabella ! Vas-tu enfin arrêter de te débattre ?
Et murmure entre ses dents :
_Je me demande comment Charles Quint fait pour te supporter !
Je lui réponds entre deux reprises de souffle tout en tournant mon regard vers lui afin de le regarder dans les yeux, sur un timbre menaçant et espiègle :
_Jamais. Vous entendez ? Jamais. Plus jamais je ne vous laisserai m'approcher si facilement.
Ses sourcils se soulèvent, il est étonné de ma réponse mais je pense que c'est de la couleur de mes yeux qu'il prend peur. Ce à quoi il répond sur un rire sadique après s'être remis de « ses émotions » :
_Ah oui tu crois ? He bien, c'est ce que nous verrons... !
A cette affirmation, ma rage s'enflamme, je fournis un dernier effort et fini par me laisser faire, mon état étant encore sensible aux effets du poison.
Pizarro s'en réjouit :
_Tu vois quand tu veux ! Bien, maintenant nous descendons !
Je baisse la tête et obéis. Deux gardes prennent la tête avec Zia, une fois qu'ils ont passés la porte Pizarro ordonne aux deux restant de passer devant nous, le gouverneur ayant décidé que c'est lui qui s'occuperait de mon cas ! Il tire davantage sur le cordage qui me lie les mains et sort son épée de son fourreau afin de la positionnée sous mon menton. Là-dessus, nous commençons à avancer. Il en profite pour me chuchoter à l'oreille :
_Je t'avais prévenu.
Je soupire et tentes d'oublier ce qu'il vient de dire : je compte tout de même sortir de cette impasse. Les soldats étant loin devant nous, une fois que j'ai posé le pied sur la première marche de l'escalier, je me penche le plus possible vers l'avant afin de faire culbuter Francesco qui vient s'affaler sur la marche suivante. -Je suis soulagée, ça a marché ! - Puis, dans un mouvement très rapide, je m'empare de son épée -la manœuvre n'en est pas moins difficile avec les mains attachées... - défait les liens et vient maintenir Pizarro par terre. -Par chance, il n'a pas fait un mouvement. - Je pose un genou sur son abdomen, pose ma main gauche sur son épaule droite. De la main droite, je tiens sa lame verticalement sur son cœur en exerçant une minime pression. J'approche mon visage du sien l'obligeant à me regarder dans les yeux. - Il ne bouge pas, son visage reste impassible, il tient fermement son regard dans le mien. Je sais qu'il est effrayé mais il ne le montre pas pour autant. -
Et lui demande :
_Où est l'antidote ? Je menace d'enfoncer la pointe de sa propre lame dans son organe. Il ne me répond pas. Je lui implore sur un ton beaucoup plus menaçant :
_Où est l'antidote ?
Il ne se décide pas à me répondre, je le menace une troisième fois. Toujours rien. Je continu à maîtriser mes émotions même si les larmes me montent aux yeux beaucoup trop facilement. Au bout de plusieurs secondes, il monte sa main gauche pour venir m'effleurer les cheveux -ne pouvant la dégager- je décide de le laisser faire, puis il m'adresse d'une faible voix emplit de douceur, ces quelques mots :
_Isabella, je suis désolé... il n'y a pas d'antidote...
Je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de me dire. C'est impossible, il existe forcément un remède. Je me contrôle plus : je sens des larmes couler le long de mes joues.
_Dites-moi que ce n'est pas vrai ! Ma voix est brisée, je ravale un sanglot.
_Non, Isabella, je suis désolé... mais c'est la triste vérité : il n'existe pas d'antidote. Sa voix est douce, son regard perçant, par conséquent, il est sincère.
Je laisse tomber l'épée de l'emprise de ma paume. Je me retiens de donner un soufflet à Francesco. Mes larmes coulent en abondance, je ne les retiens plus. Toujours en le regardant dans les yeux, je lui demande :
_Pourquoi ? Pourquoi m'avoir fait cela ? Je le secoue par les épaules. Bien sûr, il refuse de me répondre ! Il me confesse tout de même :
_Le poison n'est pas mortel Isabella, tu devras cependant apprendre à vivre avec, car ton organisme en redemandera...
Je suis au bord du précipice. Ce n'est pas possible. Je ne veux pas reperdre le contrôle de moi-même. Je ne veux pas devenir mon propre « objet ». Je ne veux pas être dépendante d'une substance aussi destructrice que celle-ci. Je ne veux pas rester l'ombre de celle que je suis. Je veux pouvoir me retrouver. Je veux pouvoir retrouver celle que je suis vraiment ! Je suis triste, désespérée, folle de rage et hors de moi.
Soudainement deux gardes affluent, ils ont dû entendre la scène. Je les laisse me prendre par les épaules. Je pleure toujours et j'en veux énormément à Pizarro. Celui-ci se relève pendant que les gardes me rattachent les bras et les mains. Cette fois-ci, on reprend notre chemin : le terminus n'en ait pas moins joyeux : Gaspard et Gomez sont là ! Estéban et Tao sont attachés au mur et Zia est toujours entre les mains de deux lansquenets. L'espoir s'effondre. Je ne sais vraiment pas comment on va pouvoir s'en sortir...
Les gardes me poussent afin de me faire descendre les dernières marches et me tire jusqu'à une chaise à laquelle ils m'attachent. - Tout le monde est étonné de voir une telle scène ! Le bras droit de Pizarro lui-même ligotée à une chaise ! C'est le monde à l'envers ! Pas tant que ça finalement... -
La corde me brûle les poignets à cause des frottements. De mes yeux embrumés je regarde plus distinctement la triste situation. Pizarro fini par s'avancer, il marche droit et ne montre surtout pas qu'il vient d'échapper de peu à la « mort » ...
Il s'adresse tout d'abord au commandant et au capitaine :
_Vous voyez, quand on y met de la graine : ça porte ses fruits ! Aucune marque de joie se lie sur son visage, il est plutôt grave.
Puis il commande à la jeune Inca sur un timbre agressif :
_Zia ! Tu vas me faire le plaisir de bien vouloir me dire ce que détient le quipu sinon tes deux amis, Esteban et Tao mourront d'une balle dans le cœur ! Il désigne du doigts deux de ses hommes prêts à tirer avec leur fusil. Après que les deux jeunes garçons aient crié « assassin ». Il continu :
_Ce n'est pas ce que tu veux n'est-ce pas ?
La petite est apeurée. Pizarro est vraiment un être dépourvu de cœur. Elle baisse tristement la tête, ses yeux se mouillent. Elle tremble légèrement en fermant ses poings puis plus que déterminée à sauver ses amis elle se décide à dévoiler le message :
_C'est bon, je vais parler !
Gomez sort un :
_Enfin raisonnable.
Puis Zia déclame avec un brin de tristesse dans la voix, la phrase que Pizarro attend depuis des mois voire des années :
_Le quipu dit : « Allez sur le vieux Pic, au nord du village de Puna ».

Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant