Chapitre 39

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_Ambrosius ! je souffle très faiblement pour que personne ne m'entende. Mon père est ici ? Laissez-moi le voir je vous en supplie. Où ces crapules le cachent-ils ?
_Je vois, ma chère, que tu n'as pas perdue ta détermination ...
_S'il vous plait, lâchez-moi et dites-moi où il se trouve. Après tout, c'est vous qui m'avez dit qu'il était ici ...
Remarquant que mon oncle, ne bouge pas et ne dit plus rien, je renchéris :
_Non ! Ne me dites pas que vous aussi vous avez complotez avec ces Olmèques ? Alors, vous aussi, vous cherchez ces Cités d'or ?
_Tout le monde les recherchent ma nièce mais pas pour le même motif ...
_Que voulez-vous dire par là ? Qu'est ce que ces Olmèques et vous recherchez véritablement ?
Le fait de plonger mes yeux dans une capuche sombre me pétrifie sachant que je sais qui se cache derrière ce masque ...
_Un trésor d'une valeur inestimable !
Personnellement, celui que j'ai envie de trouver en ce moment c'est mon géniteur et plus Ambrosius retarde sa réponse, plus je me fais impatiente. Alors je reviens à la charge, espérant avoir des réponses plus tard :
_Ambrosius, je vous en prie ! Laissez-moi voir mon père !
Je sens la poigne de l'exosquelette se refarmer plus fermement sur mon biceps, traduisant la tension qui monte petit à petit entre mon oncle et moi. Celui-ci finit par me déclarer, de sa vraie voix cette fois-ci :
_Il est enfermé au cachot ... à proximité du grand escalier de pierre ... en retour Isabella promets-moi que tu n'en profiteras pas pour t'enfuir ... de toute manière tu auras toute une armée d'Olmèques à tes trousses ... alors à toi de voir ... mais saches que j'ai hâte de savoir le secret que tu nous caches ... d'ailleurs Estéban aussi à des informations intéressantes à nous faire part ...
- En parlant du petit, celui-ci est toujours étaler sur le sol inconscient entouré de ces deux fidèles amis. –
D'emblée Ambrosius me lâches, je ne réfléchis plus, prend une grande impulsion et me mets à courir le plus vite possible, oubliant la douleur de mes muscles endoloris et courbaturés. Je cours là où mon instinct m'amène et essaye de tracer dans ma mémoire, le chemin que j'ai emprunté à l'allée avec Hernando. Soudain, j'entends Calmèque commander :
_Attrapez-là !
De fort, j'accélère le rythme, par chance, à l'orée de la galerie illuminée par les lampes détectrices de mouvement, se siège une porte, je la ferme puis la bloque en tourant le verrou. Avec ça, je devrais pouvoir gagner assez de temps ... enfin je l'espère ... Sur ce, je reprends ma course folle. A mon étonnement, je ne mets que quelques secondes à rejoindre ce qui semble ressembler à un alignement de barreaux de fer.
Je m'y arrête brusquement et m'exclame :
_Père !
_Isabella ! Ma fille !
_Ho père, c'est vous !
Mais avant que je puisse ajouter quoi que ce soit, mon géniteur m'ordonne d'une voix tiraillée par la peur :
Par la peur ?
_Isabella ! Je t'en prie sauves-toi !
Au lieu de lui obéir, je reste planté devant la prison et implore, les larmes me montant presque aux yeux :
_Je ne partirais pas s'en vous ! Et pas avant que tu m'aies enfin révélé toute la vérité sur maman !
Ce mot sonne encore bizarrement entre mes lèvres. Ça me fait toujours bizarre d'appeler ma maman « maman » alors que je ne connais rien d'elle. Même pas son prénom !
Mais aucune réponse ne parvient à mes oreilles, seul un silence pesant nous engloutit mystérieusement, inopinément. Alors je reviens à la charge :
_Père ! Pourquoi gardez-vous le silence ? Pitié ! Dites-moi tout ce que vous savez sur elle ! Vite !
Je regarde furtivement vers ma gauche, analysant la situation. Aucuns Olmèques en vue pour le moment. C'est plutôt bon signe mais ça ne serait tarder ...
Aller ! Aller père ! Répondez que Diable !
Et comme s'il avait entendu ma supplication, sa voix se met à raisonner faiblement :
_Si je ne t'ai jamais parler de ta mère Isabella, ce n'est pas que je veux pas mais que je ne peux pas ... j'en suis désolé ... pardonnes-moi ...
_Comment ça tu ne peux pas ? On n'oublie pas sa femme tout de même ?
_C'est plus compliqué que ça ma chérie ...
Putain, putain, putain. C'est quoi ce délire ? Bordel !
La colère s'empare de mon être plus vite que je ne l'aurais cru. D'emblée, ma tête se met à bouillir, un affreux mal de crâne commence son développement.
_Parlez père ! Je vous en supplie.
Au même instant, alors je continue d'implorer mon père dont aucuns sons ne sorts de sa bouche, un vacarme assourdissant se fait entendre. Les Olmèques ne sont plus très loin. De concert, je me mets à sautiller prêtes à riposter ou à prendre mes jambes à mon cou ... puis les évènements commençant à me dépasser, je décide de partir mais mon géniteur m'en retient.
_Isabella ... laisses-moi te dire au moins à quel point je suis fière de toi, de celle que tu es devenue ... et tellement désolé de t'avoir fait endurer tout ça ... Prends soin de toi ma fille et fait attention à tout ce que tu entreprendras ... Je t'aime Isa.
A cette déclaration, je fonds en larme et enlace la main de mon père sur laquelle je dépose un doux baiser :
_Moi aussi je t'aime papa.
A cet instant même, la horde d'Olmèque arrive. Je sors ma rapière et m'élance dans cet amas de créatures presque aussi indifférentes des unes des autres. J'assène un coup de pied au premier qui vient s'affaler sur les marches suivantes, envoie mon point dans l'estomac du deuxième qui bascule dans le vide. Son dernier cri de terreur me perce les tympans aussitôt suivit d'un silence de mort. Pour me défaire des quelques Olmèques restant, je déroule mon fouet, l'enroule autour du premier venu que j'envoie valser contre ses confrères qui eux-aussi bascule dans le ventre de la montagne qui met peu de temps à les engloutir pour ensuite les digérer. Alors qu'il ne me reste plus qu'un gnome à affronter. Une masse que je n'ai pas vu venir se jette sur moi, je n'ai pas le temps de répliquer que déjà elle m'attrape pour me ramener dans la vaste salle : vous l'aurez deviné, c'est Ambrosius.
Sa paume plaquée contre ma bouche m'empêche de parler, tout ce qui sort de ma bouche ne sont que des gémissements cinglants. Alors que nous arrivons à destination, mon oncle me lâche d'un coup sec, je tombe violemment sur le sol pierreux augmentant mon mal de tête. Le meilleur ami de Fernando met peu de temps à revenir se charger de moi :
_Maintenant que tout est revenu dans l'ordre très chère, tu vas nous donner le plaisir de nous dévoiler le secret des médaillons.
Alors qu'Ambrosius me menace, une petite troupe d'Olmèques en fait de même avec le fils du soleil qui s'est réveillé. Je constate alors avec effroi quand mon regard converge vers là où tous les yeux sont rivés que l'immense porte est légèrement entrouverte et que Calmèque est sur le point d'y faire passer la petite Zia. Emprisonnée entre les bras du second de Ménator, elle beugle des « Estéban » stridents. Les secondes puis les minutes s'écoulent durant lesquelles personnes n'osent bouger de peur d'empirer la situation. Seuls les deux enfants continuent de se crier leurs noms mutuellement. Voyant que l'affaire ne s'arrange point, prenant mon courage à deux mains et assemblant toute mes forces et toute ma voix, je clame :
_Ménator ! ... Si je te délivre le secret des médaillons, promets-tu de relâcher la petite ?
_Je n'ai qu'une parole et je te la donne, alors vas-y lance toi ! Je t'écoute.
Fermant les poings jusqu'à me planter les ongles dans la peau j'annonce :
_Les pendentifs que portent Zia et Estéban permettent d'ouvrir les portes des Cités d'Or !
A cette proclamation, Ménator et Ambrosius s'exclame d'une même voix :
_Enfin !
Puis le maître des Olmèques demande à Calmèque :
_Emmènes la petite dépêches-toi ! Et vous autre, emparez-vous d'Estéban et de Tao et emmenez-les-moi.
Sortant de mes gongs je hurle :
_Ménator vous aviez promis ! Crapule, lâche, monstre sans cœur ! Vous aviez promis !
Ambrosius me maintient toujours, ce qui m'entrave à porter secours aux gamins que les Olmèques trainent petit à petit jusqu'à la faible embrasure. Alors que leurs têtes disparaissent petit à petit, je sens que la main qui m'entourait se détache : mon oncle se sauve et avant que la porte se ferme pour de bon, il entre dans ce qui se cache derrière.
Hors de moi, perdant le contrôle de mes émotions, je continue d'injurier ces traitres. Je prends à peine conscience de la lumière qui s'échappe de la sorte de porte et du bruit assourdissant qui se fait entendre quelques millièmes de secondes plus tard. C'est Hernando en m'agrippant violemment le poignet qui me fait sortir de force alors que la bâtisse s'écroule au fur et à mesure que le bruit s'amplifie.
Mais qu'est ce que c'est que tout ça ? Et où Diable, était Hernando pendant tout ce temps ? Et mon père ! Oh mon Dieu mon père ! Je ne peux pas le laisser ! Il est là-bas emprisonné !
Alors que le Gouverneur fait tout son possible pour m'attirer vers la sortie afin de nous mettre à l'abri, je commence à me débattre et les larmes aux yeux, je lui implore :
_Hernando ! Lâchez-moi ! Mon père est là-bas ! Je ne peux pas le laisser ! Pitié Hernando laissez-moi le sauver ! Hernando !
Continuant de m'agripper et de me tirer, il me fait savoir, sur le ton le plus autoritaire qui lui est possible d'employer :
_Tout va s'écrouler Isabella ! On a plus le temps ! Charles te veut vivante ! Il faut à tout prix qu'on sorte d'ici ! Et cela, le plus vite possible, alors fournit un effort. Arrête de gesticuler et suis-moi. Mais déjà je ne l'écoute plus. Toutes mes pensées convergent vers mon géniteur. Plusieurs larmes douloureuses se mettent à couler. Du plus profond de ma gorge, je crie :
_Mais mon père ! Non ! Mon père ! Père ! Père ! Père ! Père ... père ... je ravale plusieurs sanglots, continue de gesticuler, de me débattre contre la poigne du Gouverneur, de casser mes cordes vocales mais rien n'y fait ... déjà mes supplications se perdent dans le fracas assourdissant que produisent les dalles qui constituent les murs venant s'écraser abruptement sur le sol.
_Oh mon Dieu ! Père ... non ... père ... non ... non ... non ... Père, père ! ... Hernando ! Je hurle de toutes mes forces. Lâchez-moi, lâchez-moi ! Le visage ravagé par la douleur et par les larmes, le regard tourné vers la direction de la prison, je use ce qui reste de ma voix et m'écrie encore et encore :
_Père, père ! Père, père. ... S'il vous plaît Hernando ! Laissez-moi le libérer ! Père ! Je continue de crier. Père, père ... mais déjà la lumière du jour m'aveugle, me ramenant à une triste réalité.


Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant