Chapitre 21

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Les derniers mots qu'il a prononcés me glace le sang. -Il a osé dire notre. Je suis reprise de nausées, j'ai envie de vomir. – Tandis que les premiers résonnent dans ma tête et ranime au fond de moi, la petite flamme qui s'étaient éteinte...
On a retrouvé les enfants.
Les enfants. J'étais sensée les rejoindre... N'ont-ils donc pas réussi à atteindre l'éventuelle cité ? Gaspard aurait-il enfin réussi à mettre la main dessus ? Il est tellement doué... ce serait un miracle pour lui !
Pendant ce temps, Pizarro se prend un malin plaisir à m'habiller en vitesse pour sortir dans la fraicheur de la nuit. Ses gestes sont pourvus de désir mais n'en sont pas moins violent. Je frémis à chaque fois qu'il repose ses mains sur moi. Je ferme les yeux et tente d'ignorer de ce qu'il fait réellement...
Prenant mon courage à deux mains je lui demande dans un souffle :
_Que se passe-t-il ? Et où allons-nous ? Ma voix est faible, je frissonne, mon ombre a pris le dessus. Je regarde toujours sa coupure, je n'arrive pas à y détacher mes yeux. Pourquoi ?
Il me contemple avec des yeux perçants :
_Tu verras bien.
Alors sans demander mon reste, il me prend par les bras et après qu'il est passé mes armes à la ceinture, il m'enlace farouchement la taille pour descendre les escaliers en trombe. Dehors, la nuit règne, le vent vient doucement embrasser tout mon être. Un sentiment de liberté m'envahit, je me sens déjà un peu mieux. Les légers rayons de la lune viennent argenter le paysage. -Je suis toujours émerveillé devant un tel spectacle. - Une troupe composée de quelques conquistadors nous attend. Dans un geste vif, Francesco nous fait monter sur son cheval, je suis assise devant lui. C'est alors que dans une nuit florissante, on s'élance au galop pour une course insensée. Je me sens tellement faible que je manque de tomber plusieurs fois. Les pas rythmés de l'animal et la brise légère me donne l'envie de dormir. Mes paupières se font affreusement lourdes et je dois prendre sur moi pour les rouvrir.
Quelques kilomètres plus loin, on s'arrête net : mon dos vient cogner violemment contre le torse du Gouverneur, ce seul choc arrive à me faire sortir de mon état second.
_Lucas, où est Lucas ? Je dois lui parler immédiatement.
-Je parcours vite fait les lieux du regard, on est dans une ancienne cité inca. Les habitants ont dû prendre la fuite car il n'y a personne. -
Soudain un soldat sort de la case située sur notre droite et cri :
_Qui va là ? Il se reprend vite quand il prend conscience que c'est Pizarro qui l'a appelé et qui se tient devant lui. Tout en se mettant au garde à vous il clame :
_Ho ! Pardon Votre Excellence. A vos ordres.
Ses yeux manquent de sortir de leur orbite quand ils se posent sur la joue du Gouverneur.
D'ailleurs, celui-ci est plus que tendu et n'arrête pas l'excitation de son cheval. Je suis bousculée dans tous les sens. Ma position devient fortement désagréable.
_Qu'est-ce que tu fais ici ? J'avais cru comprendre que tes hommes et toi avaient vu un oiseau d'or.
Mon cœur rate un battement. Les enfants auraient-ils finalement trouvé le lieu au sud du Vieux Pic ?
_Mais nous l'avons vu au coucher du soleil. Il est allé au plateau de Nazca.
_Comment ? Et tu restes ici ?
-Pizarro est tout aussi agité que son cheval. J'en ai la tête qui tourne. –
Le Capitaine lui répond un peu embarrasser :
_Hé bien, j'ai pensé, qu'il valait mieux y aller demain matin et rester ici pour cette nuit.
Pizarro cabre son cheval et déclame :
_Dans mon armée, il n'y a ni jour ni nuit. Tu vas lever le camp et te mettre en selle avec tes hommes. Vous allez trouver ce grand condor et ces enfants.

Je crois qu'on a retrouvé les enfants.
A l'endroit où se croisent Inti, dieu du soleil, et Koyolite, étoile brillante, renaîtra le blason sacré du soleil.
Tes hommes et toi avaient vu un oiseau d'or.

Les mots se bousculent dans mon esprit : mon intuition était bonne, j'en ai la certitude maintenant. Les enfants ont trouvés ! A cette pensée, un triste sourire se dessine délicatement sur mes lèvres. 
Pendant que le Capitaine rassemble ses hommes, Francesco demande à Andréa – qui depuis tout à l'heure se trouvait derrière nous – de s'approcher et de nous conduire au plateau.
Pizarro relance alors son cheval et nous reprenons de plus belle notre folle excursion. Quand l'oiseau entre dans mon champ de vision, je retiens mon souffle. C'est à peine croyable. Je reviens vite à la réalité quand j'entends plusieurs détonations. Andréa et ses hommes passent devant, déterminés à ne pas laisser s'échapper une si belle occasion.
On finit par descendre à notre tour pour rejoindre le terrain. -Le soleil se lève petit à petit à l'horizon épousant chacune des lignes formant d'immenses dessins. -
Les enfants -que suis soulagés de revoir- et les trois hommes se présentent devant nous, enfin devant lui. Il s'exclame d'ailleurs :
_Un oiseau tout en or, je n'en crois pas mes yeux.
Mendoza s'approche, s'incline et dit :
_Votre Excellence nous fait beaucoup d'honneur d'être venu en personne.
-Qu'est ce que je n'aime pas ses manières ! Je tente d'ignorer la rage qui enfle en moi. Pourquoi me fait-il tant sortir de mes gongs ? Bon sang ! Je laisse mes paumières se fermer et j'inspire autant que possible. -
_Je suis heureux de te revoir Mendoza et content de voir que les enfants que je t'avais confiés sont en excellente forme.
A ces mots, Tao se retourne -je manque de peu d'éclater de rire, la fatigue n'arrange pas les choses mais le moment est très mal choisi... - Zia lui lance un regard noir et Estéban sert les poings. Je suis soulagée de voir que leur détermination ne les a pas quittée.
Inopinément, les yeux de Zia convergent vers les miens et son expression change du tout au tout, - elle est compatissante, profonde - me sentant incapable d'affronter un regard – et ne voulant pas éveiller les soupçons - je baisse la tête.
Francesco demande alors quelques renseignements sur le lieu où ils l'ont trouvé et Mendoza lui fait savoir qu'il n'y avait aucun autre trésor.
Ce n'était donc pas une cité d'or.
Ses deux marins nous font d'ailleurs savoir qu'elle a été détruite par un tremblement de terre.
Pizarro se tend davantage et je manque de peu d'étouffer dans ses bras. - Il fait savoir aux gamins et aux trois hommes qu'un jour il les referait parler. Désormais plus rien ne l'empêchera de trouver les Cités d'Or. Il a bien l'intention de nous rendre notre compte à tous. Et en premier lieu c'est de continuer ce qu'il a commencé avec moi.
On reprendra notre partie de plaisir plus tard. Tu peux en être sûre. -
Je voudrais juste qu'il me laisse tranquille. Je referme les yeux n'ayant pas la force de les maintenir ouverts. Je tends donc l'oreille.
La curiosité de Pizarro s'enivre quand il demande alors à Estéban de lui montrer comment fonctionne cet oiseau. Malgré le fait que je sois trop dans les vapes pour m'étonner qu'un engin pareil puisse voler... je suis abasourdie par les propos de Francesco. Il a quoi derrière la tête ? Les enfants pourraient prendre la fuite. Tant mieux mais il va encore sortir de ses gongs et c'est moi qui vais payer. Je ne le contredis pas, c'est lui qui décide. Je n'oublie pas que malheureusement je ne suis pour lui que « sa  porcelaine ».
Mais j'ai dû parler trop vite :
_Aller Estéban ! Montre-moi comment fonctionne cet oiseau. Et ne tente pas de t'enfuir sinon je ferai couper la tête à tes amis Zia et Tao.
Cette phrase ne me fait aucuns effets - à par celui de rouvrir les yeux. La lumière est aveuglante, il me faut quelque seconde pour que ma vision s'habitue. - En fait cela ne m'étonne pas ou plus maintenant que je sais jusqu'où peuvent aller ses actes de cruauté. Rien que d'y penser je me remets à trembler. Pizarro le sens et il se met à me maintenir plus fermement en enroulant son bras gauche autour de mes hanches. Je le laisse faire, je suis beaucoup trop faible.
Pendant que le fils du soleil monte dans ce qui doit être une cabine de pilotage, Andréa et ses hommes emmène le reste de la troupe à l'écart.
Soudain une lumière éclatante m'éblouis en traversant mes rétines. De concert, le cheval se cabre et je tombe sur le dos. Je manque de peu de perdre connaissance. Tout ce qui m'entoure est vague. Les bruits se font soudainement lointain. Je sens qu'on essaye de me réveiller, quelqu'un m'a pris la main. Elle est frêle, pure et douce : c'est celle d'un enfant mais je suis partie trop loin. Brutalement, on me soulève. Mon corps est lourd, tous mes membres refusent d'obéir. Je me laisse faire sans savoir réellement ce qu'il se passe. Mes oreilles se mettent à siffler, je sens que vais m'en aller. Je me sens légère, beaucoup trop légère. L'air qui flotte autour de moi est doux, mes sens s'atténuent petit à petit puis c'est le vide total.


Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant