Je suis étendue à plat ventre sur le sol, Zia est toujours dans mes bras, je protège sa tête de mes mains. Instantanément, toute la garde afflue, Pizarro arrive lentement en marchant gracieusement -comme toujours- et demande à Gaspard et Gomez de prendre la petite. J'essaye de trouver le temps de lui souffler quelques mots à l'oreille mais il est trop tard : les deux hommes sont déjà là.
Sur ce, je la relève amicalement et la tend à contre cœur au commandant et au capitaine.
Puis le gouverneur s'avance, me prend la main gauche et plaque sa main droite derrière mon cou. Il avance posément son visage et m'expire dans le creux de l'oreille :
_Je savais que tu y arriverais. -Mon intuition ne s'était pas trompée : il est heureux mais il ne le sera pas pleinement tant que Zia n'aura pas révélé le message que détient le quipu. -
Pour seule réponse je lui lance un regard noir : si celui-ci pouvait tuer, Pizarro serait déjà mort. Puis, il appuie davantage sur ma nuque, une très vive douleur me transperce toute la colonne vertébrale. Je n'ai pas le temps de réagir : la fléchette soporifique agit dans l'immédiat. Je sombre dans un sommeil artificiel.Je me redresse d'un seul coup, j'ai la bouche extrêmement sèche et les lèvres légèrement enflées. J'examine les lieux du regard : je suis à mon point de départ, dans le lit de la chambre de Francesco. -Je ne sais même pas ce que je fais ici, je ne me souviens de rien et j'ai complètement perdue la notion du temps. – Il n'est pas là, je me lève et constate que je tiens à peine sur mes jambes. Les effets du poison se sont estompés mais ceux du somnifère agissent encore. Je suis faible, vulnérable et incontrôlable. Je n'ai plus la même force que tout à l'heure, j'en ai d'ailleurs que très peu. Je me dirige à petit pas vers le placard : mon ventre cri famine. Je n'ai rien avalé de consistant depuis un, voire deux jours. Soudainement, la porte grince. Je me retourne d'un coup sec, un peu trop violemment : la tête me tourne. Pizarro se faufile dans l'embrasure un plateau à la main. -Décidément, il a tout planifié ! – Mon estomac gargouille quand je regarde son contenu : un morceau de fromage, du pain et un verre d'eau. J'attrape vite une chaise pour m'assoir. - Je ne tiens plus. – Ce qui fait rire le gouverneur mais je ne comprends pas de ce qu'il y a de si drôle... -D'ailleurs, j'ai toujours du mal à revenir à la réalité. A me souvenirs des évènement passés. Rien. Il n'y a rien. Mon cerveau est vide. Mon corps est vide. Je ne suis plus qu'une ombre dotée d'un instinct de survie. Je dévore tellement j'ai faim, sous les yeux étoilés et le sourire moqueur du gouverneur. Après quoi, je m'attaque au verre. Dès que la substance rencontre ma langue, je me rends compte que c'est bien de l'eau, à mon plus grand soulagement. Ce qui m'éclaircit un peu les idées : je prends immédiatement, trop conscience des choses...l'air sec et humide qui m'entoure, l'odeur de vin et de sudation, le regard envieux de Pizarro qui n'arrêtes pas de poser les yeux sur moi...mais toujours aucun souvenir ne refait surface.
Un verre du liquide pur ne me suffit pas, ma bouche se sèche davantage. J'en demande un autre à Pizarro qui prend plaisir à remplir et à me donner. Une fois celui-ci terminé, ma bouche est toujours aussi sèche. J'en reprends un troisième : c'est encore pire. Ce n'est pas d'eau dont j'ai besoin mais de plusieurs coupes de vin.
Au même instant, Francesco s'avance vers moi et s'agenouille pour se mettre à mon niveau – seul son genou droit touche le sol- et me demande :
_Tu souhaites autre chose Isabella ? Son souffle est chaux, sa main gauche posée sur ma cuisse. Je le trouve proche, beaucoup trop proche. Nos visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre. La peur envahit mon être, je tremble. Je n'ai que très peu de force même après avoir mangé et plus du tout de détermination -je suis faible, faible et vulnérable- par conséquent, je ne m'aventure pas à le dégager de moi. Je me sens mal, au plus haut point : j'ai besoin de poison, j'en ai plus que besoin, maintenant. C'est donc ce que je requiers : le sourire carnassier de Francesco s'élargit et il s'exécute. Le même scénario se produit : un verre ne me suffit pas. J'en bois jusqu'à me sentir « bien » : je ne dois pas être loin d'avoir bu une demi-bouteille afin d'arriver au « résultat » que je souhaitais. Mes lèvres sont plus qu'humectées ce qui me procure un plaisir irrésistible. Les effets du poison sont immédiats mais différents de ceux que me procurait l'ancien. Celui que Pizarro m'avait fait ingérer durant la nuit. Je ne suis pas solide, je ne suis pas infranchissable. Je suis tout l'inverse : friable et accessible. Beaucoup trop accessible. Je baigne dans un monde d'illusions. Je ne sais même pas si tout ce qui se passe en ce moment est vrai : « l'ennemi » s'approche très dangereusement et très vite. Je sens ses mains sur mes cuisses. Pourtant, je ne fais rien. Je ne bouge pas alors que même ses lèvres arrivent promptement vers les miennes. Je prie intérieurement pour ce qui va se passer ne soit qu'un rêve : sans en avoir conscience, c'est mécaniquement que je me penche pour venir poser délicatement mes lèvres sur les siennes. D'emblée, je m'abandonne : notre baiser est profond et impulsif, nos langues se touchent un peu trop. Puis il me souffle dans la bouche :
_Je suis fier de toi, Isabella.
Sa parole est plus qu'un réconfort pour mon ombre, elle lui procure un plaisir indomptable. -je ne peux pas le prendre comme étant une provocation ou un désir de séduction de sa part-. Mais je ne serai dire pourquoi il vient de me dire cela. Je ne sais pas ou plus ce que j'ai fait pour le rendre si soulagé. En conséquence, je resserre mon étreinte jusqu'à planter mes ongles dans son dos, tandis qu'il a ses paumes plaquées sur mes hanches. -Je ne contrôle rien, je ne me contrôle même pas moi-même. Mes membres agissent d'eux-mêmes. –
Puis, il passe son bras gauche derrière mon dos, il m'attire vers lui et me maintien de manière à nous faire basculer : on se retrouve allongé l'un sur l'autre sur le parquais chatoyant. Au bout de longues minutes, il décolle sa bouche de la mienne pour la remonter -tout en me frôlant la joue- au niveau de mon oreille. En me « mordant » chaleureusement l'hélix, il me dit :
_Va voir Zia, je l'ai fait enfermée dans ta chambre. Fais-lui cracher le morceau, sinon je ne me contenterai pas que de t'embrasser... Et c'est la petite, elle-même, que je battrais devant tes yeux ! Est-ce clair ?
Je ne comprends rien à ce qu'il vient de me faire part. Je lui demande étonnée, la voix tremblante :
_On a réussi à la capturer ?
Il revient me chuchoter à la bouche sur un ton malfaisant :
_TU as réussi.
J'essaye de me concentrer afin de me souvenirs des évènements passés et de poser à Pizarro les questions essentielles pour lui soutirer un maximum d'informations...mais je laisse échapper un cri de douleur quand un affreux mal de tête surgit. Je sens mon cœur cogné fortement dans mes tempes. Un goût de sang ressurgit. Ma vision n'est plus qu'un brouillard condensé et gris. Je regarde Pizarro : il laisse courir un sur ses lèvres un sourire diabolique. Il connaît que trop bien les effets du poison. Je ne peux plus me contrôler, je ne peux plus penser, je ne peux que lui obéir et faire sa volonté.
Il finit par recoller ses lèvres :
_Maintenant, va faire ce que je t'ai demandé.
Je me contente de hocher la tête et prend congé afin de faire ce qu'il m'a ordonné.
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Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1
FanfictionVoilà un an que le père d'Isabella est partit. Un an et elle commence sérieusement à s'ennuyer à la cour d'Espagne. Jusqu'au jour où Charles Quint lui confie une nouvelle mission : ramener à Pizarro la petite Zia... mais être le bras droit de Pizarr...