Deux jours plus tard, Tumbes, fort de Pizarro :
J'ouvre les yeux petit à petit et la première chose que je vois c'est de la corde. Un amas de corde : je suis attachée à l'une des élégantes chaises dorées à coussins rouge. Je me trouve dans la même pièce qui a servi à notre premier entrevu avec le gouverneur. Ma chaise est assez éloignée de la table. Sur celle-ci, je distingue plusieurs verres et une bouteille de vin rouge, bien sûr !
Puis je perçois un bruit de talons, Pizarro ne va plus tarder à faire son apparition, en effet, trois secondes plus tard, il ouvre la porte.
A ma vue un large sourire se dessine sur ses lèvres. Ça m'obsède ! Je tente de garder mon sang froid mais mon ombre ressurgit aussitôt quand il entre dans mon champ de vision : mes membres se mettent à trembler d'eux mêmes.
Le Gouverneur s'avance puis il me dit d'une voix joviale :
_Ha Isabella ! C'est un plaisir de te revoir.
_Plaisir aucunement partagé Gouverneur. Je suis étonnée que ma voix soit si dure et si froide. Il faut que je continue sur cette longueur d'onde, ce qui s'avère être plus difficile que prévu...
_Assez plaisanté Laguerra : tu vas me dire tout ce que tu sais sur les cites d'or et sur les enfants. Il fait de vifs gestes pour accompagner son propos.
Je lui crache à la figure :
_Jamais plutôt mourir.
Les traits de son visage se font grave. Je risque très gros mais tant pis...
Tout en posant ses paumes sur mes épaules, il affirme sur un ton autoritaire et résolu :
_Tu me provoques Isa ? -A l'entente de mon surnom je tressaute. Cela m'offusque. - Tu sais très bien que ne peux pas te tuer... par contre...
Je le coupe en hurlant :
_Stop. Arrêtez .
Il reprend de plus belle, il n'est pas loin de casser ses cordes vocales :
_Tu m'as eu plusieurs fois Isabella ! Mais ça n'en sera plus ainsi ! Crois moi ! Si tu es là, je pense, que c'est par ce que tu as préféré que les enfants soient hors de portée de ma main mais Gaspard est à leurs trousse ! Quand à toi, tu es à ma merci pour mon plus grand plaisir !
_Que comptez vous faire ? Je suis enragée par conséquent je hausse le ton.
_Il me semble que tu connais la réponse... Son sourire réapparaît. Ça m'énerve !
_A quoi bon un homme comme vous trouve t-il du plaisir à prendre l'honneur d'une personne si rien n'égale l'or dans sa vie ?
_Tu refuses de me donner les informations pour l'atteindre, en attendant je vais me rabattre sur autre chose...
_Goujat ! Malotru ! Je crois déjà vous avoir fait savoir que je ne vous laisserait plus jamais m'approcher...
_Et comment compte tu tenir parole ? Soit tu parle et je te laisse libre, soit tu ne parle pas je t'empoisonne et tu sais ce qui suit ...
_Comment puis-je savoir que vous tiendrez parole ? Tout ce que vous dites n'est que du vent !
_A ta place je n'en serait pas si sûr...
_Allez vous faire voir !
_Mais oui c'est ça ! Maintenant tu vas me donner la gentillesse de me dire tout ce que tu sais.
_Je crois avoir déjà répondu...
_Avant toutes choses Isabella, un petit rappel : c'est pour la gloire de l'Espagne qu'il nous faut les cites d'or et...
Je le coupe et lui fait savoir sur un ton sadique :
_Mais je suis parfaitement au courant, c'est la raison pour laquelle j'accomplirai cette mission ... sans vous !
_Très bien tu l'aura voulu. Je t'avais pourtant prévenu... Son ton est dur. Tout un frisson me parcours le corps. Je tremble davantage.
Pizarro se retourne prend un verre sur la table et me le fait boire de force. Je tente de recracher ce qu'il tente de me faire avaler mais je manque de m'étouffer plusieurs fois. Mes efforts sont vain : tout le contenu se retrouve dans mon estomac.
Au meme instant mon ombre prend le dessus. Je suis dénouveau vulnérable face à un Francesco imposant et pernicieux :
_Je te laisse jusqu'à ce soir pour réfléchir Isabella. Après c'est à toi de voir pour ton honneur...
_Et le votre alors ?
_Tu sais Isa, j'ai perdu le mien il y a bien longtemps déjà ! ha ha . Son rire soudain est trop vrai pour être nerveux. Il trouve vraiment ça amusant ?
Une fois seule je suis confrontée à une terrible réalité.
Je suis perdue. Perdue, perdue, perdue ! Si je ne dis rien à Francesco, il fera du mal aux enfants, son obsession pour l'or est telle que....
Et je ne préfère même pas penser à ce qu'il m'arrivera si je garde le silence...
Sinon je ne dis rien, je rentre dans son jeu et le tue mais ce serait beaucoup trop risqué... je serai sous son contrôle.
Après tout je pourrai lui mentir mais il me re-empoisonnerait.
Ha ! N'y a t'il donc pas d'issue à ce cauchemar ?
Je me mets à passer mes mains ligotées en revue - comme je peux - sur mon pantalon afin de trouver un quelconque canif mais il n'y a rien. Cette fois je suis vraiment fichue.
Toute la journée je passe en revu les multiples solutions possibles mais aucune n'aboutie... Sinon il faudrait que je négocie pour qu'il ne m'empoisonne pas mais je sais déjà qu'a la vue du prochain verre je ne résisterai pas. Ça fait bien trop longtemps que je suis en manque permanent...Au début de soirée Pizarro descend comme convenu. Il a l'air plus qu'heureux. En même temps son plan contre moi marche plus que bien.
Il me devance avec son imposante carrure. Je lui lance un regard noir enragé.
_Alors tu t'es décidée ?
Je le dévisage et ne lui réponds pas.
Il s'avance, prend mon menton pour l'obliger à le regarder dans les yeux :
_Ma dernière leçon ne t'a pas suffit ? Il t'en faut une autre ? En revanche celle ci sera plus à mon goût...
Je me retiens de vomir. Il me dégoûte. Je ne dis toujours rien. Je ne veux pas qu'il sache. De plus, - je ne sais pas pourquoi mais - même les mots refusent de sortir de ma bouche. Je suis peut être trop abasourdie et surprise par ses propos si dégoûtant soient ils... Je ne baisse pas le regard de ses yeux. Je veux qu'il comprenne que je le hais. Que je n'ai pas choisi d'être son bras droit. Que j'ai juste envie de lui rendre son compte et de le tuer par la même occasion.
Je lui pose tout de même la question :.
_Et ça vous servira à quoi de me... ? Je ne termine pas, je vois par son sourire qu'il a compris.
_Rien, à par m'amuser.
_Et pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir choisi moi pour être votre bras droit ? Je ne suis pas la seule espionne du royaume ! Vous n'auriez pas pu trouver quelqu'un d'autre ? A peine ai-je fini ma phrase que je regrette ce que je viens de dire... je voudrais pas que cela arrive à qui que ce soit...
Il se contente de rigoler et ajoute :
_Si, bien sur, mais vois tu du dégages tellement de charme :
Je réplique :
_Il y a des femmes à la cour bien plus séduisantes que moi qui auraient pris un foutu plaisir à coucher avec vous ! Peut être faudrait il vous les acheminez par bateau ?
_Ha Isa ! Ce que tu dis est bien beau est vrai mais TOI, tu n'es pas n'importe qui ! Crois moi !
_Vous insinuez quoi par là ?
Il se rapproche de mon oreille, je n'entends pas son léger murmure. Une vive douleur me parcourt toute l'échine : il m'a endormie. Je suis prise d'effroi comme je ne l'ai jamais ressenti. Tous les scénarios possibles et inimaginables se produisent dans ma tête puis c'est le noir total.Je me réveille dans le lit de mon cauchemar. A mon plus grand soulagement je suis habillée même si je ne porte pas mon corset...
Pizarro est au dessus de moi, lui aussi porte sa tenue fétiche. Le regard qu'il pose sur moi est perçant mais beaucoup trop envieux. En retour, je lui lance un affreux regard noir.
Pour le moment, il ne me dit rien : il se contente de me regarder comme si je n'étais qu'une poupée...
Puis comme à son habitude, il me tend un verre de vin. Je le porte à mes lèvres puis quand son sourire carnassier s'élargit, je brise sur sa joue droite le cristal dont je n'ai fait que semblant de boire la substance. Bien vite du sang coule, le poison vient s'en melanger. Heureusement, Pizarro ne peut pas répliquer : ses deux mains sont posées sur le lit. J'en profite pour le dégager de moi en lui assenant l'abdomen et me sauve. Francesco est plus rapide que je ne le pensais : il me rattrape par le pied, tout mon corps vient se cogner violemment contre le parquet. Le Gouverneur s'affale sur moi, je ne peux pas bouger, -son corps faisant obstacle au mien - Ensuite, il me prend la cuisse de ses deux mains -il a bonne mémoire pour s'etre souvenu que c'etait la droite - et éxerce une telle pression que la douleur est insurmontable. Je lâche un cri de terreur. J'essaye de dégager son corps du mien avec mes pieds mais tout ce que j'arrive à faire c'est de me retourner : je suis maintenant face à lui. Super !
Son corps toujours plaqué contre le mien, il continu de me presser la cuisse puis il me donne un violent coup de poing. Mon muscle se raidit instannement. Je déglutis, je commence à respirer difficilement. Il m'en donne jusqu'à ce que j'ai assez mal mais la rage qui enfle en moi suffit pour que je le dégage de moi. Je m'élançe ensuite sur lui mais il est plus rapide : il me donne un coup de pied dans l'estomac qui m'envoie valser jusqu'à la table que je me prends violemment dans le dos. Le choc est trop important : je roule en arrière sur moi même au-dessus de la table -au passage je me prends toute la vaisselle qui s'y trouve : verres, assiettes et j'en passe ... -
Je tombe par terre sur le dos dans un fracas assourdissant : le reste de vaisselle vole en éclat. Je tremble, j'ai mal, vraiment mal : je sens une multitude de morceaux de verre me rentrer dans la peau. Je suis incapable de bouger. De plus, ma cuisse me fait affreusement souffrir. J'ai la tête qui tourne.
Pizarro en profite pour répliquer. Il me maintient au sol mais je n'ai plus la force de le combattre. Je ravale un sanglot quand un sentiment de terreur et d'effroi me submerge alors que Francesco se met à déboutonner doucement et lentement mon pantalon.
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Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1
FanfictionVoilà un an que le père d'Isabella est partit. Un an et elle commence sérieusement à s'ennuyer à la cour d'Espagne. Jusqu'au jour où Charles Quint lui confie une nouvelle mission : ramener à Pizarro la petite Zia... mais être le bras droit de Pizarr...