Alors que le Gouverneur met fin à notre baiser, il ordonne :
_Partons maintenant. Le temps ne nous attendra pas.
A la limite de sortir de mes gongs, je lâche :
_Partir où ?
Mais Hernando ne prend même pas la peine d'ouvrir la bouche ou de me lancer un regard pour me répondre. Non, il se contente de sortir de la tente. Je clame en le rattrapant d'une grande enjambée :
_Hé ! Il me semble qu'on a signé un pacte ! Si on veut véritablement former une équipe, vous vous devez de ne rien me cacher ! Le Gouverneur se décide enfin à m'observer, après un infime temps de réflexion, il me fait savoir :
_Nous avons une mission à finir ... c'est assez explicite non ?
Totalement sonnée par ses propos absurdes, je viens me placer devant lui et m'écrie bien fortement :
_NON ! Cette fois, c'est vous qui n'avez pas compris ! Vous vous devez ...
_Devoir quoi bella ? Un marché est un marché ... mais si tu souhaites le savoir, c'est dans ta mémoire qu'il faut chercher ! Car oui, tu es déjà au courant très chère. Tout en disant cela, Hernando place délicatement ses paumes sur mes épaules dénudées et encre ses yeux dans les miens puis il me décale légèrement pour qu'il puisse continuer son chemin sans l'encombre que je suis.
Dès lors, il me tend un cheval. C'est un étalon à la robe noire fortement musclée. Sa longue crinière rebelle tombe élégamment sur son encolure qui vient me frôler la joue droite quand l'étalon se met à hennir. Hernando en profite, en me passant les rênes, pour me souffler dans sa légère bourrasque d'air qui se forme quand il ouvre la bouche :
_Le dernier indice poupée ...
En défiant Hernando du regard, je chuchote :
_Le dernier indice ? Celui dont vous m'avez fait part lors de notre diner ?
Le Gouverneur hoche la tête pour affirmer mes suppositions.
Alors dans une expiration, je lâche :
_La montagne du bouclier fumant !
Pour seule réponse l'homme aux yeux vert émeraude se contente de sourire. D'un sourire franc cette fois, ce qui à don de me perturber. Je poursuis difficilement :
_ ... et ... et ... vous savez où elle se trouve ?
De concert Hernando se rapproche de moi et au moment où sa langue susurre mon hélix, il crache :
_Ne pose pas trop de questions ... souviens-toi ... Aller ! Maintenant monte !
Je m'exécute, et au même instant, sa voix résonne :
_Ah oui ! Et aussi ... Marco, rend donc ses armes à la Señorita !
Le jumeau s'avance donc vers moi et me tend mes précieux qui m'ont tant manqué. Je lâche un sincère « merci » de soulagement malgré moi.
Quelques minutes plus tard, une fois que le Gouverneur à aussi dompter sa monture, nous nous élançons dans une course folle. Sous mes cuisses, je sens les muscles de l'étalon se contracter, davantage quand il se met au galop m'offrant ainsi un sentiment de liberté. C'est dans un climat fantomatique -le Gouverneur et moi-même n'osant ouvrir la bouche – qu'une diversité de ravissants paysages défilent sous nos yeux. D'une lieue à une autre, s'offre à nous un nombre infini de broussailles et d'herbes hautes qui semblent brunies par la faible lueur des rayons solaires se perdant dans la foule des frondaisons des arbres formant une jungle intarissable. C'est sans encombre qu'au bout de cette interminable traversée de vagues verdoyantes indomptables qu'un relief se départageant des autres attire mon attention. Mais avant que je n'ai le temps de m'arracher la mâchoire d'étonnement, Hernando me devance :
_Et voilà très chère : notre destination.
Sceptique par la situation et douteuse du marché que nous avons conclu, j'interroge :
_Et comment saviez-vous qu'elle se trouvait exactement ici ?
Maintenant que j'y pense, c'est vrai qu'Hernando avait l'air de savoir précisément où il se rendait. Pas une seule fois nous nous sommes perdus et pas une fois nous nous sommes arrêtés.
Hernando cabre sa monture, puis se retourne et en me lançant un regard noir me fait savoir :
_Ne pose pas trop de questions veux-tu. Tu auras les réponses en temps voulu ...
Et alors son cheval repart au galop en direction de la montagne, je m'élance à sa poursuite, réussit à le doubler et le stoppe net en faisant obstacle de mon corps et de celui de l'étalon.
_Pas si vite Gouverneur. Quelque chose me dit que vous êtes déjà venu ici ... je me trompe ?
_Qu'est ce que tu peux être têtue ! J'ai dit : pas de questions ! Alors tu la fermes et tu me suis ! Je te préviens : si tu fais échouer mon plan, j'exécute le capitaine sous ton nez par la lame de TA rapière. Le sang de se traitre n'est pas assez noble pour ma précieuse. Tu comprends ?
La poigne de l'homme me tient brutalement par le col de ma chemise. Je suis prise au piège alors je hoche la tête en signe de soumission. Il me fait descendre de ma monture puis descend de la sienne. Hernando s'approche de moi et en m'attrapant le bras me souffle dans un murmure embrun de colère :
_Réflexion faite poupée, tu vas passer devant et souviens toi ...
Je le coupe net en employant le même ton :
_ça va ! J'ai compris.
D'emblée je pose un pied devant l'autre afin d'entamer notre catabase. Car oui, c'est une véritable descente en enfer qui nous attends. Un escalier interminable de marches irrégulières s'enfonce dans le ventre de la montagne. Je n'aime pas du tout cet endroit, c'est très sombre, froid et loin, très loin d'être accueillant.
_Qui peut vivre dans un endroit pareil ? Je glaviote.
_Tu ne le sauras que très bientôt.
La réplique d'Hernando me fait sursauter, je ne pensais pas qu'il m'aurait si facilement entendu ... Sur ce, je ne réplique point et me remets en marche. Ce qui devient de plus en plus difficile, le dernier niveau atteint, l'obscurité nous engloutie totalement. J'ai parlé trop vite : une assemblée de petites lumières alignées, incrustées dans le mur s'allume sur notre passage comme si elle avait détecté notre présence.
_Ils savent que nous sommes là n'est-ce pas ?
Hernando s'approche promptement de mon oreille :
_Ne parlez pas trop fort Señorita. Ici les murs ont des yeux et des oreilles ...
J'en déduis que ça veut dire oui même si la réalité en est bien plus morose ... D'autant plus quand j'aperçois une armée de gnomes chauves aux oreilles pointus entourant trois enfants criants « mais lâchez moi ! » ou encore « vous n'avez pas le droit ! » ou encore « qu'est-ce que vous nous voulez ? », et deux espagnols dans une vaste salle. Alors que je m'apprête à m'élancer pour voler à leur secours malgré le malaise qui naît en moi quand je regardes de plus près ces créatures inhumaines, une main m'empoigne le poignet avec une force surhumaine : c'est celle d'Hernando.
_Ne fais rien que tu pourrais regretter bella !
Mes prunelles rencontrent les siennes et par un regard empli d'incompréhension je demande :
_Qui sont-ils ? Et que veulent -ils aux enfants ?
_ça ! C'est à toi d'en décider ! Il parait que les pendentifs qu'ils portent autour du cou ne sont pas si ordinaires que ça ...
Une fois de plus, sa langue frôle mon hélix. D'une voix plus forte, je m'exclame :
_Comment le savez-vous ?
_C'est toi-même qui me l'a dit ...
_Impossible. Je souffle.
Voyant qu'Hernando refuse de m'en dévoiler plus et n'ayant pas vraiment envie de savoir comment il s'y est pris, je poursuis :
_Vous n'avez pas répondu à ma première question !
_Je vais m'épargner cette tâche ! Ces créatures te le diront d'eux-mêmes ! Avance maintenant !
Je m'exécute à contre-cœur et vient me poster à côté de la masse dont je sens cinq paires d'yeux me scruter intensément, j'émets un hochet de stupeur quand j'entends une voix sortir de la sorte de grande porte représentant un de leur gnome mais en vraiment plus grand ... ça me pétrifie d'effroi.
_Bienvenu dans l'une des bases des Olmèques Senorità ! Il parait que vous avez des choses intéressantes à nous dévoiler ... comme les enfants ont refusés de parler ...
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Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1
FanfictionVoilà un an que le père d'Isabella est partit. Un an et elle commence sérieusement à s'ennuyer à la cour d'Espagne. Jusqu'au jour où Charles Quint lui confie une nouvelle mission : ramener à Pizarro la petite Zia... mais être le bras droit de Pizarr...