Je sors de ma cachette et interpelle le petit. Celui à la tunique jaune ne cache pas son mécontentement :
_Vous ! Qu'est-ce que vous voulez ? On ne veut pas vous voir !
_Chut, je suis là pour vous aider. Je lie le geste à la parole : je plaque mon index sur ma bouche.
_Mais oui, bien sûr ! Dit Tao exaspéré.
Je fais signe à Esteban d'approcher. Il m'écoute avec respect.
_J'ai ceci pour le prisonnier mal en point.
_Qu'est-ce ?
_Du vinaigre. Appliquez-le sur ses plaies sinon ça risquerait de s'infecter. Mets en au passage sur l'épaule de ton ami. Encore désolé.
J'en profite pour examiner la cellule. Le capitaine Mendoza manque à l'appel. Comment est-ce possible ? Je jure, me retourne et reprends ma course cette fois-ci pour rejoindre la tour en faisant attraction de l'interpellation du gamin. Arrivé au premier étage -dans mon élan- je percute quelqu'un.
_Excusez-moi. Je lève la tête et me rend compte que c'est Pizarro.
Il m'attrape par le bras :
_Laguerra ! Qu'est-ce que ?
_Excellence, Mendoza n'est pas au cachot.
_Par tous les diables, comment est-ce possible ?
Je ne réponds pas à sa question - dont j'ignore d'ailleurs totalement la réponse et que je me suis déjà posée- et me contente d'hausser les épaules. Le gouverneur ouvre la bouche pour ajouter quelque chose mais je repris ma course de plus belle. Une fois mon but atteint, je réalise que je respire difficilement. La douleur aux poumons ressurgit. « Tra, ce n'est pas vrai ! Pas maintenant ! ». Je la laisse de côté et entre dans la pièce. Au même moment par la fenêtre une âme surgit. Vous l'aurez deviné, c'est le capitaine. Concurremment je dégaine mon épée, il en fait de même. Cette fois-ci, pas de quartier, j'ai la ferme résolution de lui rendre son compte.
-Conjointement, on entend des soldats courir dehors. Je comprends alors : Mendoza a mis le feu à la poudrière. J'avoue c'était bien pensé mais je n'arrive toujours pas à savoir comment il a fait pour s'échapper alors que j'étais toujours à côté du hall avec... en même temps si Pizarro n'avait pas eu l'intention de m'embrasser, on n'en serait pas là ! Mendoza a su saisir l'occasion et ça à porter ses fruits ! -
Je suis en colère, je suis en colère, je suis en colère. Ça tombe bien, je vais pouvoir défouler mes nerfs !
Nos lames d'entrechoquent dans un fracas assourdissant. Le coup me compresse la cage thoracique. Mendoza attaque, je riposte du mieux que je peux - en me tournant légèrement vers la gauche - ma lame stoppant son élan. De toutes mes forces, je contrebalance son poids. J'en profite alors pour lui donner un coup de pied dans le creux de la cuisse. Il chancèle légèrement en arrière mais ça ne suffit pas : il se reprends très vite et m'assaille de plusieurs petits coups successifs. Je contre-attaque mais au fur et à mesure, je recule. Mes bras me font souffrir et j'ai de plus en plus de mal à reprendre mon souffle. Voyants que je faibli déjà, il m'adresse la parole dans le but de me déstabiliser.
_Vous êtes bonne Señorita, mais pas assez pour moi. Abandonnez, vous êtes perdue. -Ses traits sont durs, son regard sévère : il est plus que déterminé à libérer Zia. -
Ses mots n'ont aucun effet sur moi, je sors un des tours que j'ai dans mon sac mais je sais qu'au fond de mon être que je n'ai plus aucune chance. Par conséquent, malheureusement, il a raison.
Je déroule mon fouet et l'enroule autour de sa cheville, tire de toutes mes forces dans le but de le faire basculer mais dans mon élan je titube et m'affaisse sur lui. Je me prends violemment son genou gauche dans le ventre : -la situation n'en n'est pas moins embarrassante- ma respiration se coupe nette. Je suis pliée en deux. La douleur étant insurmontable, je porte la main à mon abdomen. J'ai un trop plein de salive qui me monte à la bouche, je manque de m'étouffer. Je me mets à tousser et à cracher. Pendant ce temps, Mendoza en profite pour fuir avec Zia qui depuis tout à l'heure regardait le duel avec émotions. Je suis hors de moi-même : épuisée, au bord du gouffre. Je saisis au passage quelques ordres des soldats qui demandent aux prisonniers d'aller chercher de l'eau pour éteindre le feu. Décidemment son plan marche à merveille. Je le maudit et m'en veux de ne pas avoir été la hauteur. De toutes façons en ce moment, je suis incapable de faire un seul mouvement et le fait d'humer un peu plus la fumée -qui parvient au gré du vent à s'infiltrer par la seule ouverture- au fur et à mesure n'arrange pas les choses... J'inspire de moins en moins d'oxygène, ma vision se trouble de plus en plus... Je fini par perdre la notion du temps : seul le bruit assourdissant de la poudrière qui saute réussi à me parvenir.PDV Omniscient :
Dehors sous cet insignifiant spectacle, un homme à l'imposante carrure, plus qu'enragé, commande à son fidèle sous-fifre :
_Alvarez ! Ne les laissez pas s'échapper ! Il a la mâchoire et les poings serrés.
_Je suis désolé Votre Excellence pour cet incident.
_J'espère pour vous que cela ne se reproduira plus. Je ne prends pas cher de votre peau Alvarez. Gare à vous ! ... Et allez aussi attaquer le village. Je ne veux aucun survivant.
_Bien Votre Excellence ... mais il y aussi une autre chose que vous devez savoir...
Il tourne brusquement sa tête, il est furieux.
_Je vous écoute...
_He bien, la petite Zia ... elle aussi a réussi à ... s'échapper. Je l'ai vu s'enfuir avec Mendoza...
_Comment ? Et la Señorita Laguerra, où est-elle ? S'était-il exclamé plus que fort.
_Elle doit surement encore être dans la tour à l'heure qu'il est ! Je ne l'ai pas aperçu...
_Pourquoi y serait-elle encore ? Ha, par la corne du Diable, c'est moi qui vais prendre cher de ma peau si elle ne revient pas vivante à Sa Majesté ! Après s'être rongé les ongles, il prend ses jambes à son cou : dans un tintamarre, ses pas résonnent dans la cage d'escalier.PDV Laguerra :
_Isabella est-ce que tout va-bien ? Que s'est-il passé ?
Pizarro, c'est Pizarro ! -Sa voix est mélangée entre épouvante et soulagement. - Pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui qui vienne à mon secours ? Je suis toujours allongée sur le sol. Je n'ai pas fait un seul mouvement depuis tout à l'heure. Il me secoue gentiment par les épaules et me retourne. Vu sa tête je dois faire peur : le gout du sang me monte à la bouche. Je sens d'ailleurs un important filament ruisseler sur mon menton. Francesco l'essui à l'aide d'un mouchoir, puis il me prend délicatement dans ses bras. -Un profond frisson me parcourt tout le corps. Je frémis à ne plus m'arrêter. - Je remarque qu'on descend deux niveaux au lieu d'un : il m'emmène dans sa chambre. L'effroi m'envahit et sur ce coup-là, je n'ai aucune possibilité de m'enfuir. Il me dépose sur le lit et s'en va se servir un verre de vin. -J'en profite pour « respirer » : je tremblote, j'ai la nausée et ma salive n'est plus qu'un liquide visqueux qui me laisse un goût amer. - En fait, le verre n'est pas pour lui mais pour moi. J'en bois la contenance d'un seul trait. Je le regrette aussitôt : je me lève et essaye de me diriger vers la salle de bain en marchant le plus droit possible. J'y pénètre de justesse : je gerbe à m'en vider les tripes. Mon œsophage s'enflamme, mes poumons se compriment. Pizarro s'approche de moi, me soulève, me soutient par ses bras et passe son mouchoir avec douceur sur mes lèvres. Je le regarde dans les yeux, les siens pétillent. De concert, il remplit une coupe de l'alcool écarlate, qu'il m'offre bien évidemment. Je tente de refuser mais il insiste. J'obéis. Tout tourne autour de moi, je laisse glisser le cristal entre mes doigts : il vient se briser par terre. Je ne contrôle plus rien. Je n'ai plus la sensation de rien. Je me sens bizarre. Je me sens affaiblie. Je frissonne davantage. La seule chose dont j'ai conscience c'est que je suis toujours dans les bras de Francesco - et que si ce n'était pas le cas, je me serai affaissée depuis longtemps. - Puis dans un geste « affectueux », il me prend le menton entre le pouce et l'index de sa main droite. Il plonge son regard dans le mien et me requiert :
_Embrasse-moi, Isabella.
Je ne peux que faire ce qu'il me demande. C'est donc machinalement que je plaque mes lèvres sur les siennes. Je n'en ai pas l'inappétence : Pizarro m'a empoisonnée.Documentaire :
Le poison est une arme beaucoup et seulement utilisée par l'aristocratie attachée au pouvoir royal à la Renaissance. Il permet à ceux qui en font usage d'œuvré dans l'ombre. C'est une arme de faible principalement utilisée par les femmes, les hommes préférant se battre à l'arme blanche pour rendre leur compte. Pour en faire usage, il est mélangé au vin. Le vin est la principale boisson au siècle d'or -car il est rattaché aux croyances religieuses - il augmente la chaleur du corps, par conséquent celle de l'estomac, accélérant ainsi la digestion. Dilué dans le vin, le poison se propage plus rapidement dans le sang, ses effets sont amplifiés et la victime meurt en peu de temps.
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Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1
FanfictionVoilà un an que le père d'Isabella est partit. Un an et elle commence sérieusement à s'ennuyer à la cour d'Espagne. Jusqu'au jour où Charles Quint lui confie une nouvelle mission : ramener à Pizarro la petite Zia... mais être le bras droit de Pizarr...