Aout 1533, sur la Victoria :
Les derniers jours de traversé étaient d'un ennui mortel. -J'avais étudié le portulan et établi notre cap à l'aide d'une boussole mainte et mainte fois jusqu'à le connaitre par cœur. C'est ce qu'on avait de plus précis, la navigation astronomique étant encore à ses balbutiements. - Comme je n'avais pas le droit de sortir de ma cabine et que la pluie n'avait cessé de tomber pendant une semaine, le docteur et le commandant se relayaient gentiment pour me tenir compagnie même si avec le dernier je devais prendre sur moi pour ne pas tenter de m'enfuir une troisième fois ! Mais je dois avouer que la partie d'échecs à laquelle nous jouons actuellement était la bienvenue.
_Attention Señorita, mon cavalier s'approche dangereusement de votre roi.
_Hé non ! Malheureusement, ma reine attaque votre cavalier.
_Bien joué ! C'est que vous êtes bonne en tout. Que les femmes sont accomplies de nos jours ! Se tournant il dit :
_Ne trouvez-vous pas docteur ? En effet, celui-ci était juste derrière la table sur laquelle nous jouons entrain de désinfecter et de trier ses instruments. Concentré, ses yeux noirs étaient luisant. Ses cheveux gris tendant vers le blanc reflétaient délicatement le léger rayon de soleil qui essayait tant bien que mal de s'infiltrer par la fenêtre à croisillons. Il émit un simple :
_Hmm.
Puis, sortit de sa bulle il répondit :
_Si, certainement.
« Très flatteur », me dis-je à moi-même mais vous êtes un piètre joueur commandant.
Soudain la porte s'ouvrit dans un grand fracas. Le marin qui m'avait parler quelques semaines plus tôt était entré dans la pièce. Encore légèrement essoufflé il s'écria au commandant :
_Terre en vue ! Terre en vue ! On arrive à la cordillères des Andes !Se levant brusquement, il s'exclama :
_Comment ? A combien de nœuds ?
Sur ce, sans qu'aucun des trois hommes est pu faire un pas, je sortis, couru, m'agrippa aux haubans et commença mon ascension – à mon plus grand étonnement, la caravelle était encore en parfait état même après la tempête. Pas un seul des mats n'étaient tombés, seule une voile latine insignifiante s'était déchirée. Décidément Charles Quint avait pensé à tout ! -mais arrivé à mi-chemin je sentis mes poumons se compressés violemment, trop violemment. D'un seul coup, j'ai un manque d'oxygène trop important. La panique commence à m'envahir. Tout mon être tremble, je regarde en bas. Erreur, très grosse erreur. Je suis prise de vertiges. Je me redresse et essaye de respirer un grand coup mais rien n'a faire, je n'inspire pas suffisamment. Je me tiens de toutes mes forces et commence à redescendre sous les conseils de l'équipage. -Effectivement, tous les matelots s'étaient regroupés sur le pont voyant que j'avais manqué de tomber plusieurs fois. – Malencontreusement mon pied droit rate l'échelon. Je me rattrape de justesse : je suis suspendu au-dessus du vide me tenant par la seule force de mon bras gauche. Mon cœur bat la chamade, rectification, il bas trop vite, beaucoup trop vite. Je ne comprends pas, à ce stade j'aurais dû être guéri. Voilà plus de deux semaines que je suis en phase de rétablissement pour un simple encombrement des poumons. Le docteur aurait-il eu la fâcheuse intention de me cacher la vérité ? Il m'avait pourtant dit que mon état s'était convenablement amélioré. Maintenant que j'y pense, il était dans la lune tout à l'heure, ce qui ne lui ressemble pas... Au bous de quelques secondes mes doigts me brûlent, je n'est pas mes gants sur moi et cerise sur le gâteau, je suis en robe ! Je décide de fermer les yeux, je prends mon courage et lâche à trois.L'eau me frappe brutalement le dos me coupant la respiration. N'ayant pas la force de nager -la robe non plus n'étant absolument pas adapter pour ce genre d'activité, pour aucune activité enfin de compte ! Voilà pourquoi j'ai toujours préféré porter des pantalons- je jure à l'intérieur de moi-même et me laisse couler. Mes oreilles sifflent au fur et à mesure que je m'enfonce. J'arrive à entendre un bruit sourd : celui de quelqu'un qui vient de plonger dans l'eau. Le mousse arrive à me prendre par la taille pour me remonter à la surface. La tête hors de l'eau j'inspire très profondément à m'enflammer la poitrine. Il me ramène à bon port. Une fois sur le pont, ce n'est pas sans peine que la voix du docteur me parvient :
_Señorita ! Quelles idées avaient vous derrière la tête pour vous mettre dans de pareilles situations ?! Il est hors de lui-même, presque rouge de colère. Je lui rends la pareille :
_Vous m'avez menti ! Je me contrôle plus, les émotions prennent le dessus. La fureur mais aussi le chagrin, les larmes me montent aux yeux. Vous m'aviez pourtant dit que je ne ressentirai plus les effets de mon infection pulmonaire. Pourquoi ne pas m'avoir dit que j'étais gravement malade ?
_Calmez-vous, s'il vous plait pour l'amour de Dieu ! Il s'adressa ensuite aux sous-capitaines du navires :
_Messieurs, vous me prierez de bien vouloir l'emmener dans sa cabine.
Au même instant, le commandant de bord commande d'une voix forte :
_Marsouin Don Alvarez, dans mon bureau.
Les capitaines commençaient à me prendre par les bras. Je criais et me débattais par la même occasion :
_Par pitié, dites-moi qu'il ne va rien lui arriver. Mais suite à cela, tout l'équipage se tue et baissa la tête. J'essayais de me défaire de leurs emprises, je suppliais qu'on épargne le marin mais pour seule raiponce j'avais un silence de mort. On entendait seulement la mer et les oiseaux marins répondre à ma crise enfantine.Ont fini donc par m'enfermer dans ma « cellule ». J'étais plus que mécontente : en plus de me mentir sur ma santé, le marin risquait sa vie ! Tout ça, par ce qu'il m'a donné la curiosité d'aller voir de mes yeux la terre des Indes. Mais quelle idiote je fais ! S'ajoute mon attitude colérique, il faut juste espérer qu'elle est du bon. Une fois enfermée dans ma cabine j'enlève ma robe d'un grand coup sec et attrape une serviette dans ma buanderie. Je la pose sur mes épaules. Puis je me laisse tomber à genoux sur le sol. Recroquevillée sur moi-même, la tête entre les jambes, les bras croisés sur la poitrine, je perçu l'intonation du chef de bord :
_Je ne veux même pas imaginer la réaction du roi si elle serait morte à l'heure qu'il est ! C'est insensé, insensé vous dis-je ! Diable. Heureusement pour vous ce n'est pas le cas. Gloire au Ciel ! Comme vous aviez su réparer votre erreur Alvarez, cet incident de sera pas répertorié dans nos rapports et vous êtes épargné. Vous pouvez remercier la Señorita pour cela. Bien sûr, ne vous avisez pas de le faire ni de vous réintroduire vous savez où sans notre permission ! Dorénavant personne n'aura le droit de l'approcher, elle est sous la seule protection du docteur et de moi-même. Nous arrivons à destination dans moins de deux semaines. Je veux que la conduite de votre équipage soit irréprochables messieurs. Est-ce bien clair ?
_Oui mon commandant, répondent en cœur les capitaines.
En fait, le commandant n'avait pas convoqué que le matelot mais aussi tous les capitaines. Je n'y comprends toujours rien ! Si je tiens tant à Charles Quint pourquoi m'a-t-il laissé partir ? Et qui suis-je réellement à ses yeux pour que sa réaction puisse se permettre de le mettre dans tous ces états ? Je me recroqueville davantage jusqu'à m'enfoncer les ongles dans le dos. Je suis excédée. Excédée qu'on ne me dise rien, excédée qu'on refuse de me dire la réalité en face. Fatiguée d'avoir cette douleur lancinante me tuer les poumons, fatiguée de chercher des questions auxquelles ont me répondra surement jamais. Fatiguée de tout et de moi-même. J'essaye de m'apaiser grâce au bercement que procure les vagues en embrassant le bateau qui à mon étonnement me procure le plus grand bien.
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Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1
FanfictionVoilà un an que le père d'Isabella est partit. Un an et elle commence sérieusement à s'ennuyer à la cour d'Espagne. Jusqu'au jour où Charles Quint lui confie une nouvelle mission : ramener à Pizarro la petite Zia... mais être le bras droit de Pizarr...