Chapitre 27

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Je vais le tuer
Je t'interdis de les aider.
Bon Dieu ! Faut que je fasse quelque chose !
Alors que mon père m'enlève enfin la seringue du bras et qu'il s'apprête à quitter la salle, il me fait savoir :
_Bon, je vais me reposer. Tu devrais en faire de même ... et je compte sur toi pour ne pas faire de bêtises ... sinon tu sais ce qu'il t'attend.
Tout en disant cela, il fait claquer son fouet d'un geste vif. Je dégluti.
Il est sérieux ? De toute ma vie, il ne m'a jamais frappée avec.

Je bascule ma tête en arrière et tout en mettant mon visage entre mes mains, je réfléchis une fois de plus à une solution. Réflexion faites.
Bon tant pis, faut que je répare mon erreur...
Je me lève en douceur et c'est discrètement que j'escalade le mur. De la hauteur où je me trouve, j'analyse les lieux afin de trouver la pièce dans laquelle sont enfermées les trois enfants, Mendoza et ses deux marins.
Et dire que c'est moi qui les ai foutus dans ce pétrin. Mais qu'est ce que je suis idiote !
Je fais un tour sur moi-même.
Ha ! Ils sont là-bas. Y a un garde.
Et alors - toujours avec discrétion – je me rends à mon but. Me trouvant toujours en haut des murs, j'en profite pour sauter sur les épaules du soldat qui s'écroule. Je le rattrape de justesse par l'encolure pour amortir sa chute afin d'atténuer au mieux le bruit. Puis c'est en trombe que je rentre dans « leur prison » : tous écarquillent les sourcils.
Estéban est le premier à parler :
_Qu'est ce vous voulez ?
_Chut ! Moins fort voyons ! Je suis venu vous libérer. Je répare mon erreur. Encore désolé pour tout à l'heure ...
_La bonne blague ! Pourquoi vouloir faire une chose pareille ? Vous avez retrouvé votre père !
_C'est ce que j'espérai en effet mais au lieu de ça, je suis malheureusement tombé sur un ... N'arrivant pas à finir ma phrase, je baisse la tête.
_Sur un ? Demande le fils d'Atanaos.
_Je n'ai pas le mot ... passons, je vais vous sortir de là !
_Bah bien sûr ! Vous nous tendez un piège !
_Je vous assure que non. Maintenant arrêtez de parler. Il faut agir.
_C'est incohérent ! Si votre père se rend compte qu'on est plus là, vous risquez d'avoir de sérieux problèmes à part si vous repartez avec nous ...
_Pour le moment, je n'ai pas l'intention de partir ...
Estéban me coupe :
_Vous ne voulez pas juste nous libérer n'est-ce pas ?
_Je suis venu là pour ça ! Si je ne le fais pas Mendoza mourra et vous ... ben, je ne sais pas mais il ne vous arrivera rien de bon à mon avis ... mais vu que tu proposes si bien, je veux bien savoir le message que renferme le manuscrit.
_Mais c'est Marinche et votre père qui l'ont ! Tao a à peine pu y jeter un coup d'œil !
_Et non, vois-tu ! Il est là ! Je sors l'écorce résinée de ma poche. Une fois de plus, j'obtiens la stupéfaction de toute la troupe : ils me font de ces yeux ronds !
Le petit à la tunique jaune s'écrit inopinément :
_Hein ? Jamais de la vie ! Vous entendez ? Jamais de la vie ! Je ne le déchiffrerai pas pour vous ! Surtout si c'est pour que ...
_Je ne lui dirai rien ! Je vous donne ma parole !
_Et comment savoir s'il n'est pas au courant que vous êtes là ? Dit Tao en haussant la voix un peu trop fortement.
_Chut vous dis-je ! Si vous continuez à parler si fort, alors oui, il sera au courant. Alors Tao, j'ai ton approbation ?
_Libérez-nous d'abord ! Et je veux récupérer mon vase aussi !
_ J'allais y venir !
Je m'en vais derrière la porte de « la prison » et revient. Je lance au niveau des genoux de Tao l'objet et m'écris :
_Le voilà gamin ! Alors, satisfait ?
Il sourit très timidement pour ne pas montrer qu'il est soulagé. De suite, je me mets au travail pour tous les libérer. Je commence par les trois enfants qui me remercie – sauf Tao qui sort son encyclopédie – puis continue avec les deux matelots et le perroquet pour finir par le capitaine. Quand je m'accroupis derrière lui pour couper ses liens avec mon épée, mon cœur ne peut s'empêcher de battre plus vite. De son côté, il se raidit quand il sent mon souffle chaud dans sa nuque. Nos doigts s'effleurent ce qui me procure une sensation de bien-être malgré le léger malaise qui naît en moi. Simultanément nous nous levons. Il se retourne : mes yeux noisette rencontrent les siens. J'y lit de la reconnaissance, du soulagement et un éternel remerciement. Je me contente donc juste d'hocher la tête. Puis je dis :
_Alors Tao tu as réussi ?
Le petit réfléchi puis annonce :
_ "Le serpent aux ailes recouvertes d'une toile d'or, franchissant les montagnes et traversant les prairies, a atteint le marais des dieux de la pluie pour y créer une nouvelle capitale".
A cette révélation, nous sommes tous étonnés. Estéban finit par comblé le silence :
_Hé ben, nous ne sommes pas plus avancés ! Quel charabia !
Tao contredit :
_Il suffit de nous mettre en route, nous verrons bien ...
_Allez-y dis-je. Il ne faut pas que vous trainiez ici plus longtemps. Faites attention aux gardes. Avant que tous s'en retourne, Zia se décide à ouvrir la bouche :
_Merci encore Laguerra.
_Je vous dois bien ça ! C'est ma faute si vous étiez enfermés ici ! Maintenant que ce n'est plus le cas : filez ! Pour rassurez la jeune fille, je lui donne un clin d'œil et lui souffle :
_Nous nous reverrons soit en sûr !
Une fois que tous sont sortis de mon champ de vison, je m'en retournais voir mon père. Il faut à tout prix qu'il confectionne cet antidote. – Après je pourrais m'enfuir. - Sans ça, jamais je ne retrouverai mes capacités ! Et ma cuisse alors ! Qu'est ce qu'elle me fait souffrir !
Soudain, alors que j'arrive à un angle formé par un mur de pierre, une force me compresse l'estomac. A la douleur je me recourbe. Puis, on me prend par le bras afin de me plaquer violemment contre le mur. Et alors, je la vois : Marinche. Son regard est empli de haine.
Mince ! Mince ! Elle a dû me remarquer !
Et alors qu'un léger sourire en coin -non sympathique – se dessine sur ses lèvres, elle me crache au visage :
_Alors comme ça, on désobéit à papa ?
Bien sûr, je ne lui réponds pas. A la place je lui donne un soufflet bien puissant. Elle ne peut s'empêcher de grimacer et de laisser s'échapper un faible cri. Mais avant que je profite de cette opportunité pour me dégager de sa prise, mon père apparaît.
Il court vers Marinche puis la regarde d'un air interrogateur. Par son seul regard, elle lui fait comprendre que je suis la seule responsable de la fuite des enfants et des trois hommes.
Je fais tout mon possible pour garder une expression impassible, forte, sur mon visage. Je suis prête, déterminée, à me défendre s'il le faut...même contre mon père.
Mince de mince ! Elle a fallu qu'elle me remarque ! Bordel ! Bordel !
D'ailleurs celui-ci s'approche de moi. Malgré son maigre physique, il est imposant. Puis dans un geste affectif il me prend les mains -auparavant, il a pris soin d'enlever mes gants – et les attache avec son fouet. Je regarde mon père dans les yeux, je ne comprends pas. Pourtant après mes actes, la réaction du Docteur est plus que cohérente et compréhensible.
Ensuite il se tourne vers Marinche et lui demande de sortir. C'est ce qu'elle fait. -Au passage, elle n'oublie pas de m'envoyer un regard noir. Que je prends d'ailleurs plaisir à lui rendre. -
Quand mes yeux rencontrent enfin ceux de mon père, je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils. Une peur profonde commence à m'envahir, je suis affreusement nerveuse.
Ho ! Ho ! Il ne vas pas oser tout de même ...
Alors, Fernando, son regard plongé dans le mien, me posa LA question :
_Est-ce vrai Isabella, tu les as libéré ?
Voyant que je ne réponds pas tout de suite, impatient, il reprend sur un ton plus menaçant :
_C'est vrai Isabella ?? Réponds ! Dépêche-toi !
_Je...
_J'ai dit REPONDS ! Il me prend par les épaules et commence à me secouer. Il est plus qu'en colère, en même temps, je joue avec sa patiente. Et en libérant les enfants, tous les indices pour trouver les cités d'or se sont envolés !
_Oui. Finis-je pas répondre. C'est vrai...je...
_Quoi ?! TU TE FICHES DE MOI ?! Et ma mission et la tienne ? TU EN FAIS QUOI ?
Mon corps tremble, mon cœur explose : il bat très vite, trop vite. Mon souffle est court. Et on peut trop facilement lire la peur sur mon visage. Je baisse la tête, je ne lui réponds pas. A vrai dire, j'avais très bien pensé aux conséquences en les libérant. J'ai obtenu ce que je voulais contre leur liberté. Volontairement je ne lui disais rien. Savoir que les enfants étaient en sécurité loin de son emprise et celle de Marinche me soulageais même si j'allais en payer le prix...
_Alors ? Tu as perdu ta langue ?
_Je... je suis... désolée père... mais...
_PAS DE MAIS ! Combien de fois faudra-t-il te le dire ? Une mission c'est une mission et quand l'opportunité est là tu la prends ! Ces enfants..., Tao, en particulier, sait lire les manuscrits ! Mais qu'est-ce qu'il ta pris ? Je ne te comprends pas ma fille ! -En disant cela, il serre plus fort le fouet qu'il avait enroulé autour de mes poignets. Je me mords la lèvre. – Et tu m'as empêché de... Ha !
Je ne peux m'empêcher de baisser de plus en plus la tête. Au fond de moi, je ne suis pas désolée puisque que je sais parfaitement ce que contient le manuscrit, la mission passe avant tout ! Je le sais, on me l'a dit et apprit. Mais devant mon père, j'avais honte d'avoir empêchée la sienne en lui cachant la vérité.
Au bout de quelques minutes durant lesquelles aucun de nous deux n'avaient parlé, il me défait de son emprise et enlève la ceinture -qui porte mes armes- de ma taille. Sentir ses mains sur mes hanches me fait tressaillir. Puis sur un ton très sec, il m'ordonne :
_Enlève ton corset.
Je ne comprends pas dans l'immédiat. Je reste choquée quelques secondes.
_Isabella, j'ai dit : enlève ton corset.
Il va oser ! Il va le faire ! Bordel !
Toujours chamboulée et sonnée par ses paroles, je fais ce qu'il me dit. J'ai du mal à défaire les liens car mes mains tremblent. Une fois le travail terminé, mon père me prend par les épaules dans le but de me retourner. Dans un geste vif et violent, il « déboutonne » le haut de ma chemise. Le terme « déchiré » aurait été plus approprié.
Il va le faire ! Il va le faire ! Je suis foutue ! Je vais souffrir !
Et alors, je comprends et je commence vraiment à m'en vouloir. Pourtant ma raison me fait savoir que j'ai agis pour la bonne cause.
_Père, je vous en supplie, lui soufflais-je d'une très faible voix.
_Tu vas payer pour tes actes Isabella. Il est grand temps que tu comprennes et que tu grandisses par la même occasion !
J'entends alors : il déroule son fouet dans un geste encore plus maitrisé que le mien quand je le fais, et me donne un premier coup.
Ha ! ça fait mal ! Beaucoup trop mal ...
Je sens le cuir m'arracher la peau. La douleur est intense. Je ne peux pas m'empêcher de lâcher un cri. Et ce n'est que le premier...
Dans les secondes qui suivent, il m'en donne trois d'affiler. - Rien que d'entendre le bruit c'est effrayant. - Les muscles de mon dos se raidissent, je dois prendre appui sur le mur en face de moi pour ne pas tomber. Je tressaille, transpire, et manque de m'étouffer avec la salive qui me monte à la bouche. Je me mords très fortement les lèvres pour éviter de crier : mon père ayant l'habitude de flageller en enlevant la chair à chaque coup. Et même si je suis sa fille, je ne suis pas épargnée de ces actes connus pour être parfois violent.
Il continu ainsi durant ce qui me parut être une éternité. - Mon dos me brûle affreusement, je sens le sang affluer et couler le long de ma colonne vertébrale. Je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie. Tout mon dos est littéralement en feu.
J'ai mal. J'ai mal. J'ai mal. Je n'ai sans doute plus beaucoup de peau. – Quand il décida que j'eus pris assez de coups, il tourna les talons et sortit.
Toujours agrippée au mur, je tremble fortement, très fortement. C'est la première fois que mon père porte autant la main sur moi. Des larmes commencent à couler le long de mes joues. J'ai horriblement mal, très mal, je n'imagine pas l'état de mon dos et les cicatrices que je porterais toute ma vie par la suite. Non. Je me laisse glisser le long du mur pour finir par m'affaler sur le sol dur et froid.


Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant