Chapitre 32

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Octobre, 1533, Palais de Charles Quint, Grenade :

_QUE S'EST-IL PASSE ?
Le roi entre dans la salle du Conseil en ce beau début d'après midi d'automne - beau ? Peut-être pas, ou plus finalement ... - hors de lui même en claquant la porte derrière lui sans en laisser le temps au garde Gonzalez de le faire.
Un des conseillers réponds désolé, la sueur coulant le long de sa nuque :
_Les événements ont mal tournés Votre Majesté. Il est mort.
_Bon Dieu ! Et elle alors ? Charles Quint sort de ses gongs. Il passe ses mains sur ses cheveux noirs ébouriffés traduisant son angoisse.
Le même homme lui apprend en employant son ton le plus sérieux :
_Elle est toujours en vie Votre Altesse. Mais impossible de savoir ce qui s'est réellement passé...
_CE N'EST PAS DIFFICILE DE LE DEVINER POURTANT ! JE VAIS VOUS LE DIRE MOI ! ELLE L'A TUE !
Bon sang. Fallait que ça arrive.
Un autre ambassadeur, assis au bout de la longue table ivoirine demande anxieux :
_Que fait-on Votre Majesté ? Il faut tout de même...
_NON ! N'en n'informez pas Stella. Jamais.
L'homme le contredit :
_Mais elle finira par le découvrir un jour...
Charles caresse colériquement sa courte barbe :
_Qu'importe, le plus tard sera le mieux...
Doux Jésus ! Pourvu que ça ne soit pas le cas !
Le premier conseiller qui avait parlé, reprend de suite la parole :
_Et pour elle, on fait quoi ? Sa mission est terminée... Son père est toujours en vie lui aussi... on peut la faire rentrer...
Tout en réfléchissant, le Roi objecte :
_Je ne sais pas... le convoi n'était pas sensé repartir avant décembre - comme prévu - et on est qu'en octobre ! Si elle met la main sur les Cités d'or... Je préfères attendre.
_Comme il vous plaira Votre Altesse.
_Bien, je vous fais confiance ... mais qu'on soit clair : cette conversation n'a jamais eu lieu. Et j'ai bien dis : JAMAIS !
L'ensemble des conseillers répond sur un ton des plus sérieux qu'il soit :
_Oui Votre Altesse, bien évidemment...
Sur ce, Son Altesse Royale s'en va en bousculant sur son passage, le garde se tenant à coté de l'embrasure de la porte. Il est grand aux cheveux blonds et au teint basané. Soudain, une silhouette frêle s'avance discrètement vers lui. C'est celle d'une femme assez élancée et aux cheveux longs. Et quand elle sort de l'ombre, le jeune homme ne peut s'empêcher de lui sourire. Elle vient se poster devant lui et alors dans un souffle, il lui confère une fois que ses traits se sont refermés :
_Elena, je suis inquiet pour Isabella.
Pour toute réponse, elle lui fait les grands yeux.
Le jeune blond pose une main sur son épaule dénudée :
_Sa mission ne se passe pas vraiment comme prévu...
A ces mots la Señorita se met à se ronger légèrement les ongles :
_Comment ça ?
Le garde lui dit sur le bout des lèvres en articulant pour qu'Elena comprenne :
_Elle l'a tuée
Sur la même longueur d'onde, elle lui quémande :
_Qui ça ? Où ? Quand ? Comment ? Qui ? Tu me fais peur ... explique toi pour l'amour du Ciel. Je ne comprends pas... Les traits de la jeune femme sont déformés par l'effroi qui naît en elle.
_L'endroit n'est pas approprié, je te rejoins dans ton petit salon dans cinq minutes.
Sur ce Elena s'en va - sans éveillé les soupçons - et se rend dans ses appartements. Son petit salon est composée d'une table en bois vernie. Entourer de trois sofas brodés, beige pâle. Elle s'assoit élégamment - sans froisser sa longue robe verte mat, en repassant bien ses mains sur chacun de ses plis - sur celui placé le plus à gauche, tout près de la fenêtre. En effet, le soleil est presque au plus haut en ce début d'après midi, elle préfère donc profiter de ses quelques rayons rebelles qui arrivent à se frayer un passage entre les carreaux. Elle sursaute et tourne la tête quand son compagnon ouvre la porte et s'introduit dans l'embrasure.
_Entre, dépêches-toi. Personne ne doit savoir que tu es là. Si on se fait prendre on est mal.
Tout en disant cela, elle se lève et court à petit pas vers le jeune homme blond. Elle lui attrape la main pour l'attirer vers lui et en profite pour fermer la porte, en jettant un coup d'œil dans le couloir. Enfin, elle se poste devant lui et lève légèrement la tête pour le regarder dans les yeux. Le soldat referme sa main sur celle de la jeune femme et se met délicatement à lui caresser le dos de sa main de son pouce. Il lui répond avec beaucoup de compassion :
_Je sais Elena... mais personne ne m'a suivi, sois-en sûre.
Ce à quoi elle lui confie avec beaucoup de douceur :
_Je te fais confiance, tu le sais mais je ... je ... je veux pas te perdre Ruben, je ne peux pas me le permettre. Je me le pardonnerai pas.
Ses mots se perdaient dans son esprit et ils étaient dur à prononcer mais pourtant si vrais. Ça lui faisait trop mal de savoir que cela pourrait arrivé un jour. Et alors, plus jamais elle ne le reverrait et elle ne voulait pas, jamais, que ce jour arrive.
_Moi non plus, et tu le sais bien.
Le soldat regardait avec ses brillants yeux bleus, la Señorita. Ses longs cheveux noirs étaient élégamment dressés en une demie queue de cheval, accentuant son charme. Il attrapa la mâchoire d'Elena et de sa main gauche vient frôler sa chevelure au niveau de son oreille.
Tous les deux se défiaient du regard. Autant l'un et l'autre avait envie de goûter à ses lèvres mais ce n'étaient pas pour ça qu'ils étaient là, alors Elena fini par s'écarter et demanda :
_Qu'avais tu a me dire à propos d'Isabella ?
La voix de la jeune femme était dure même si au fond de son être, elle avait peur. Peur de la réponse que lui donnerait Ruben.
Ruben n'avait pas besoin de réfléchir pour savoir qu'Elena était inquiète pour son amie, il l'a connaissait que trop bien pour lire ses émotions au travers de ses yeux.
_Comme je te le disais tout à l'heure... tout ne se passe pas comme prévu...
Il chuchotait et gardait son calme du mieux qu'il le pouvait mais déjà les événements dépassaient trop Elena qui s'écria :
_De quoi ? Comment ? Parles !
_Elena calme toi. Isabella est en vie, c'est lui qui ne l'ai plus...
A peine avait il fini sa phrase que déjà la Señorita se détendait, en soufflant elle continua au bout de quelques secondes durant lesquelles, elle s'était demandé qui pouvait bien être ce il :
_Lui, tu veux dire Pizarro.
Il hocha la tête.
_Et tu sais ce qu'il s'est passé ?
_D'après ce que j'ai entendu, elle l'a tué.
La Señorita était abasourdie par ses propos. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Elle connaissait Isabella - elle était comme une sœur pour elle - et jamais elle n'aurait cru qu'elle aurait été capable de mettre fin à la vie d'un homme.
_Tu es sûr de ce que tu dis ? Je connais Isabella, elle n'a jamais tué personne même si elle a tout pour. Il a dû se passer quelque chose de grave...
_Tu aurais une idée peut être Elena ? ... Tu écoutes  assez souvent les conversations en douce pour le savoir non ? La voix du jeune homme était toujours aussi douce. Les deux ne parlaient pas très fort, personne ne devait savoir qu'ils étaient là, à se parler.
Elena pris quelques secondes a réfléchir puis elle se souvînt de la fois où elle avait écouté Stella et Alicia. - Ces deux écervelées de service qui prennent plaisir à instauré la débauche dans tout le palais. - Elle était persuadée maintenant que le elle et le il faisait référence à Isabella et à Pizarro.
Sur cecoup-là, ton plan est vraiment diabolique. Tu crois qu'il a consenti ?
Certaine, elle a – malheureusement pour elle - bien trop de charme pour pas qu'il ne s'en prenne à elle.
Tu te rends compte quand même... je ne voudrais pas être sa place... la pauvre...
Elle en informa son amour et il lui dit :
_Reste plus qu'à trouver maintenant le lien entre Stella et Pizarro si c'est bien ce que tu pense. Mais ça ne m'étonnes pas que Stella haïsse à ce point ta meilleure amie, elle ne peut pas la supporter.
_Elle ne se sont jamais supporter, Stella à toujours détesté Isabella et cela dès le premier jour.
_Et tu sais pourquoi.
_Non. Mais... Stella a mentionner un autre il. En disant qu'elle avait essayé de l'approcher mais que celui refusait qu'elle le touche. Et après, elle a osé dire qu'Isabella avait pris sa place.
_Sa place ? Sa place de quoi ? De favorite ?
Elena hoche la tête.
_Le second il, correspond a Charles Quint. Remarque Elena.
Soudain des pas se font entendre dans le couloir. Ruben et Elena se tendent. La dernière chuchote a son chéri :
_Va te cacher dans ma salle d'eau dépêches-toi.
Et alors que le soldat se sauve, la porte s'ouvre en grand sur Stella et Alicia.
La blonde en rentrant comme si elle était chez elle, crache d'un air hautain :
_Alors Elena ! On se parle à soi-même maintenant ?
La personne en question sert les poings et clame un peu hors d'elle :
_Stella, tu n'as rien à faire ici. Tu n'es pas chez toi ! On ne t'a pas appris à frapper avant d'entrer chez les gens ?
_Ho pardon ! Je ne pensais pas que ma présence t'offenserait autant. Que mademoiselle veuille bien accepter mes plus plates excuses. - Sur ce, elle se met à rire puis crache par terre. - Mais passons. Nous t'avons entendu chuchoter avec Alicia ...  A qui parlais-tu et sur quoi ?
Constatant que celle-ci ne répond pas, la rousse dit sur un ton exécrable :
_Personne n'est ressortit Elena, alors s'il faut qu'on trouve un homme ici on se fera un plaisir de le faire et de tout rapporter au Roi. Car oui, l'autre voix était grave ! Les murs ont des oreilles ... mais tu es plus que bien placée pour le savoir ? N'est ce pas ? Alors, elle donne un clin d'œil diabolique à la concernée. 
_Je ne vous ai absolument rien demandé, alors veuillez sortir d'ici immédiatement !
_Ho mais détrompe toi Elena, on ne va pas abandonner la partie si facilement ! N'est ce pas Alicia ?
Pour toute réponse celle ci tourne la tête vers son amie, lui donne un sourire puis reprend son regard noir quand celui ci se repose sur la Señorita aux cheveux sombres.
_Alors dit nous ce qu'il se passe et on partira. On te promet qu'on ne cherchera à savoir qui est ton chéri même si nous savons qu'il est quelque part ici. Allez Elena ! Crache le morceau. Nous ne sommes pas dupes. On vient de croiser Charles, il était plus que furieux, il s'est passé quelque chose alors dit le nous.
La patiente de Stella arrivant à sa fin, elle s'avance vers sa victime et d'un geste vif, elle lui prend la nuque de ses deux mains en exerçant une pression.
_Elena ! Réponds ! Ou j'appuie plus fort.
Voyant qu'Elena ne fait rien elle se tourne vers Alicia :
_Alicia ! Donne lui des coups de poings où tu veux. Alors la petit rousse s'avance et donne un premier coup dans la côte droite. Un second au même endroit, un troisième dans la mâchoire.
Sous la douleur, Elena se cambre, elle a emprisonné les poignets de Stella de ses mains pour la détacher de sa prise mais elle n'a que très peu de force. Sa nuque et son visage bleuissent par le manque d'oxygène. Elle lâche quelques cris et essaye d'implorer à Alicia d'arrêter mais au contraire, celle-ci continue de plus belle. Elle entre son poing contre son nez qui d'emblée craque et se met à saigner. La meilleure amie d'Isabella lâche un cri de terreur et Alicia et Stella voyant que leur victime est à bout la lâchent brutalement. Elle tombe sur le sol. Elle est tremblante et le saignement de son nez se fait plus important. Face à ce spectacle, les deux bâtardes ne peuvent s'empêcher de rigoler.
Stella se ré-avance puis en se penchant en mettant les mains sur les hanches, elle lance :
_Alors on s'est décidé ?
Elena à bout de force et de souffle hoche la tête puis prenant son courage a deux mains c'est dans un léger sanglot qu'elle confère :
_Isabella a tué Pizarro. Je suis désolée Stella ... je ne sais pas qui il est pour toi mais ...
Alors Stella entre dans une rage folle, toutes les larmes de son corps se mettent a couler et en tirant sur ses cheveux elle crie :
_PUTAIN PUTAIN PUTAIN.

Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or.Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant