K-OS [Commandes Fermées]

63 - Cocotte

Bahiyyih soupira de soulagement en retirant ses chaussures. Elle n'en pouvait plus, sa journée avait été une horreur et devoir courir à travers la ville perchée sur des escarpins était une expérience dont la saveur se rapprochait fortement de l'enfer. La jeune femme les rangea dans le petit meuble de l'entrée, suspendit son blazer à un portant et récupéra le sac à main qu'elle avait précédemment posé sur le sol. Elle s'avança, intriguée de ne pas entendre le moindre bruit provenir des pièces adjacentes. Normalement son petit-ami devait déjà être rentré et s'il ne l'était pas il aurait dû y avoir leur chat, couinant et miaulant éhontément pour soutirer quelques caresses.

La blonde défit sa queue de cheval en entrant dans le salon, y découvrant le chat, étendu sur le canapé et le ventre bien tendu. Elle s'assit à côté de lui en pouffant, goinfré comme il était il en avait encore au moins pour deux heures de sieste pendant lesquelles elle n'existerait pas. Un sur deux de trouver, ne manquait plus que sa moitié.

— Yeonjun ? Tu es rentré ?

Aucune réponse, pourtant elle trouva bien les baskets du jeune homme jetées en travers du couloir menant à la chambre. Elle soupira en les ramassant, elle avait beau lui dire tous les jours Yeonjun restait incapable de ranger ses affaires et, si elle n'agissait pas, leur petit nid d'amour allait finir par ressembler à une décharge.

Elle dénicha son petit-ami dans leur chambre, allongé sur le ventre au milieu de leur lit et le visage plongé dans un oreiller. Bahiyyih leva les yeux au ciel en remarquant les écouteurs vissés aux oreilles de son copain, il ne risquait pas de l'entendre. La jeune femme s'assit sur le rebord du lit et planta doucement le bout de son index dans la joue du brun. Yeonjun ouvrit les yeux et fit la moue. Bahiyyih haussa un sourcil, ce n'était pas la réaction qu'elle avait espérée.

— Ta journée s'est bien passée ?

— Mais oui, à merveille, cocotte.

— Cocotte ? répéta la blonde.

Elle ne savait pas ce qui la perturbait le plus. Le fait que Yeonjun lui donne un surnom affreux alors qu'ils ne s'en donnaient jamais, ils trouvaient tous les deux ça bien trop niais, ou alors le ton qu'il avait utilisé. C'était comme s'il lui reprochait quelque chose avec cette appellation mais elle n'avait aucune idée de la référence. Le jeune homme tourna la tête sans lui répondre et Bahiyyih soupira, elle n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête avec lui mais il agissait comme un enfant de primaire.

— Quand tu te donneras la peine de m'expliquer surtout fais moi signe, je vais prendre ma douche.

— Fais donc, cocotte.

— Tu m'emmerdes, Choi Yeonjun.

La blonde se leva sèchement et fila s'enfermer dans la petite pièce d'eau. Elle qui pensait passer une bonne soirée tranquille dans les bras de son petit ami pour se remettre de cette infernale journée était bien déçue. Elle ne comprenait pas ce qu'elle avait fait pour mériter cette attitude. Elle était rentrée à l'heure prévue, elle avait même couru pour ça, elle était passée au chinois pour le repas du soir, et il n'y avait aucune chance qu'elle l'ait dérangé pendant son travail puisqu'elle avait oublié son téléphone à l'appartement.

De la mousse plein les cheveux, les traits du visage tendus par la réflexion, Bahiyyih cherchait à comprendre. Au terme de sa douche elle était arrivée à une conclusion, la seule probable, Yeonjun avait essayé de la contacter mais elle n'avait pas décroché, faute de téléphone. La seule énigme dont elle ne voyait pas la solution était cet immonde surnom sorti de nulle part. La jeune femme s'enroula dans une serviette, se sécha, sauta dans un pyjama confortable et enroula ses longs cheveux dans un tissu éponge.