K-OS [Commandes Fermées]

47 - The love of a demon

Wooyoung poussa la porte de son appartement d'une main, l'autre occupée à maintenir un mouchoir contre son nez. Le tissu avait cessé d'être blanc depuis de longues minutes, il était souillé de rouge et le jeune démon le jeta rapidement dans la poubelle de l'entrée. Il essuya la coulée ensanglantée d'un coup de manche, et grogna. Sa longue queue effilée s'agitait dans son dos, témoin de son agacement. Il était fou de rage, n'importe quoi pouvait lui faire commettre un acte qu'il regretterait par la suite.

Wooyoung alla dans la salle d'eau et se passa la tête sous le robinet. Le jet glacé s'abattit sur sa nuque, coula sur sa gorge et son visage en une trainée rafraichissante. Les sons étaient étouffés par l'eau, le froid lui permettait de se contrôler un minimum, chose dont il avait grand besoin. Il y resta de longues minutes, les épaules tenues et les mains fermement accrochées au meuble. Sa colère ne redescendait pas, il était à fleur de peau.

Le démon arrêta finalement le débit et attrapa une serviette sur le côté pour se sécher les cheveux. Il frotta énergiquement, se fichant de rougir sa peau. La serviette sur l'épaule, il sortit de la salle d'eau. Il entendait fredonner depuis la chambre et le son, qui habituellement était plaisant, lui sembla complètement hors de propos. Son agacement monta en flèche et il se dirigea vers la source du bruit, enfonçant presque la porte.

— Tu veux bien arrêter de chanter toute la journée ? Je n'en peux plus, gronda Wooyoung.

San cligna des yeux, sagement assis sur leur lit et un livre entre les mains. Les ailes de l'ange reposaient sur les oreillers, détendues, mais elles se replièrent dans son dos alors qu'il se redressait. La mélodie cessa de se faire entendre et San referma son livre, un doux sourire sur le visage. Il tendit la main vers Wooyoung, l'invitant à le rejoindre sur le matelas.

— Qu'est-ce qui t'arrive mon démon ronchon ?

L'ainsi nommé grogna de mécontentement et croisa les bras sur sa poitrine, refusant l'invitation de son amant. Il détourna les yeux, les joues gonflées. Il entendit San soupirer discrètement et le bruit des plumes sur du tissu.

— Woo, parle-moi.

Wooyoung se sentit être enveloppé dans une étreinte tendre et chaude. Le visage de San se nicha dans son cou, les bras de l'ange s'enroulèrent autour de ses épaules tandis que ses ailes se déployaient pour les transporter dans un cocon immaculé. Wooyoung se ramollit, apaisé par les battements de cœur lents et paisibles qu'il sentait contre sa poitrine.

Ils restèrent enlacés quelques minutes, suffisamment pour que les muscles contractés du démon se détendent un peu, puis San relâcha son étreinte. Son regard doux transperça Wooyoung qui se sentit scruter, comme si son amant regardait directement en lui. Une lueur inquiète, presque triste, brilla dans les yeux pâles de San qui leva sa main pour aller caresser la pommette de son petit-ami.

— Tu t'es encore battu, souffla l'ange.

La colère de Wooyoung, qui s'était calmée, grimpa en flèche. Il se détacha de son amant en lui infligeant un coup d'épaule qui fit grimacer ce dernier. Wooyoung ne se rendait même pas compte qu'il avait été violent avec lui et cela attrista San qui ne voulait que l'aider.

— Merci maman, j'avais pas remarqué, grinça le noiraud.

— Woo, je veux jute t'aider. Ne le prends pas mal, plaida San.

— Tu sais ce qui m'aiderait ? Que tu arrêtes de laisser traîner tes putains de plumes sur le sol. J'en peux plus de les ramasser comme si t'étais un gosse.

San fronça les sourcils et planta les poings sur ses hanches. Wooyoung était injuste, il voulait simplement faire mal pour éviter de devoir se dévoiler lui-même. L'ange était en période de mue, il n'y pouvait rien. Pendant plusieurs semaines ses plumes allaient se détacher de ses ailes pour être remplacées par de nouvelles, c'était naturel. En plus il les ramassait, celle dont parlait le démon venait tout juste de tomber au sol lorsqu'il l'avait repoussé.