YOHANNA

345 17 0
                                    


Après la fin des cours, Yohanna décida d'aller voir les amis de son ancienne école. Dolorés, Pablo et Juana l'attendaient devant leur boulangerie préférée. Après les embrassades et la joie de se retrouver, ils allèrent au parc public « se poser », comme ils le faisaient très souvent avant son départ.

- Alors chica, cette école de blindés, demanda Dolorés sa meilleure amie, qui était la seule à connaître son histoire.

- Ils sont sympas avec toi !

- Claro que si ! mentit Yohanna

- Pourquoi, je ne suis pas convaincue, lui la douce Juana.

- Bon, je reconnais que la majorité sont des abrutis finis avec très souvent le cerveau d'un poulpe et qu'ils ne sont pas là pour étudier mais pour montrer aux autres combien leur carnet d'adresses est fourni. Mais bon !

- En fait, je m'en moque, je veux juste intégrer la faculté de droit avec les meilleures notes, de cette manière un mécène financera la totalité de mes études et ce, durant toute ma scolarité.

- C'est ce qui est stipulé dans mon dossier d'inscription, c'est la règle de cet établissement, prendre en charge un ou une enfant pauvre pour se donner bonne conscience.

- Connais-tu ce riche homme d'affaires ? demanda Pablo

- Non,

- Je sais seulement qu'au moment de la remise des diplômes, il y aura un tirage au sort et le nom des hommes et femmes les plus riches de New-York seront dans l'urne.

- Es-tu la seule élève choisie ?

- Oui, puisque je suis la seule étudiante pauvre du lycée Kennedy, à qui tous ces « richards » veulent faire la charité, la bibliothécaire m'a même dit que l'un d'eux détestait les miséreux et les « crèves la faim ».

- Quelle bande d'enfoirés, répondit Pablo

- Bon parlons d'autre chose, Dolorés ma jolie, donne-moi ta guitare. J'ai oublié la mienne et j'ai très envie d'en jouer.

Yohanna prit l'instrument de son amie, et entonna une magnifique balade latino de Yuri Buenaventura.

Sa voix sensuelle et envoûtante se mêla au son langoureux de la guitare. C'était tellement beau que de nombreuses personnes se sont rapprochées pour l'écouter jouer et chanter. Mais Yohanna ne voyait rien, elle avait fermé les yeux pour se laisser emporter par la douceur musicale, et par le rythme afro-cubain comme lui avait enseigné sa mère.

Paradoxalement, elle se sentait libre, aucune entrave ne pouvait gâcher cet instant, même si elle avait dressé autour d'elle des murs infranchissables pour se protéger des autres.

Les applaudissements à la fin du morceau, la sortirent de son songe éveillé. Elle inclina légèrement la tête pour remercier ces spectateurs improvisés.

A ce moment-là, son téléphone vibra

- Où es-tu ? Hurla la voix de Rosario

- Ramène-toi, tu dois me virer une grosse somme sur mon compte, rapidement, je dois quitter le pays pour quelques temps.

- Le patron a découvert ma magouille, continua-t-il d'expliquer à Yohanna.

Il semblait agité et impatient, il valait mieux lui obéir, c'était dans ces périodes qu'il était le plus dangereux.

- J'arrive tout de suite mais ne t'avise pas de toucher à ma mère

- Alors dépêche-toi de rappliquer, tu me connais lorsque je suis en colère...Il laissa sa phrase en suspens afin d'effrayer un peu plus Yohanna.

YOHANNA, "LE BLANCHISSEUR" DU CARTEL !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant