Elle rejoignit sa mère dans la cuisine, elle préparait son plat favori, le riz au poulet, qu'on appelait à Cuba « el arroz con pollo », elle n'était jamais allée dans le pays de sa mère mais elle avait su lui transmettre chaque saveur, chaque parfum de sa terre natale. Le combo entre ses origines pouvait paraître détonant mais pour sa part, elle en était très fière, son grand-père maternel était grec, ce qui expliquait le nom PETRAKOS.
Sa mère lui fit signe de s'asseoir,
- Entra mi amor, siéntate, c'est ton plat favori.
- Gracias, lui répondit Yohanna.
Aussi loin qu'elle se souvenait, elles avaient pris pour habitude de communiquer dans les trois langues, (anglais, espagnol et grec), cette dernière langue surtout, de cette manière CARDOZA ne comprenait pas leurs échanges même lorsqu'il était présent.
- Maman, que va-t-on porter ce soir ?
- Ne t'inquiète pas mon ange pendant que tu dormais, j'ai été faire un peu de shopping.
- Au fait, je suis très heureuse de pouvoir t'accompagner, ce soir, à la guitare durant cette représentation.
- Mais maman, ton niveau est plus que parfait alors que moi....
- Tu te trompes, mi corazon, tu es parfaite et douée, ta voix est ensorcelante. Alors contentes-toi de poser ta mélodie sur nos deux guitares, has entendido ?
- Si !
- Yohanna ?
- Oui maman !
- Bon anniversaire, mon trésor ! Tu es le seul être qui m'est gardé en vie. La seule personne qui me donne de la joie. Lui dit sa mère en posant avec amour ses magnifiques prunelles vertes sur elle tout en la serrant dans ses bras
- Gracias a ti de m'avoir gardé même si je suis, peut-être, le fruit d'un viol. Lui murmura avec douceur Yohanna.
Perplexe, Mara PETRAKOS repoussa légèrement sa fille, son regard était sondeur et pétrifié.
- Querida, comment as-tu su ? Lui demanda sa mère en mettant une main horrifiée sur sa bouche.
- Il y a un mois, un soir j'ai entendu ce sinistre type te cracher cet effroyable secret au visage.
- Je t'ai également entendu le supplier de ne rien me dire, je sais que c'est à cause de cela que tu as accepté, jusqu'à maintenant, son chantage abject.
Sa mère se laissa tomber sur le canapé, elle leva son regard sur elle. Yohanna s'agenouilla et posa sa tête sur les genoux de sa mère.
- Maman, ne te fais aucun reproche, je vais bien et ce, grâce à toi. Lorsque tu seras prête tu pourras me raconter cette partie de ta vie que tu tentais de me cacher.
- Physiquement, je ne te ressemble pas, donc j'en conclus que... Je lui ressemble !
- Pardon maman, ça doit être tellement dur de le voir à travers moi.
Mara posa sa main sur les cheveux de sa fille, et la redressa afin que celle-ci s'assoie à ses côtés.
- Ecoute mon ange, tu es mon amour et je ne vois pas cet homme à travers toi. J'avais 16 ans et comme toi, j'étais douée en tout, je vivais à La Havane avec mes parents. Un soir, je jouais de la guitare sur la plage lors d'une fête pour célébrer ma réussite au bac et oui, j'avais sauté deux classes.
- Dans mes souvenirs, j'avais bu un peu trop de mojitos cubains et je ne sais plus si j'étais consentante ou pas lorsque ce jeune homme, à peine plus âgé que moi, me demanda de danser avec lui et ensuite tout naturellement, il m'entraîna vers sa voiture.
- Je ne me souviens plus de son visage et je serais incapable de le reconnaître. J'ai occulté cette soirée depuis 18 ans.
- Je me rappelle seulement d'une croix grecque orthodoxe tatouée à l'intérieur de sa main et de sa voiture bleue.
D'une voix ferme, Mara continua de se confier à sa fille sur le déroulement de la nuit où elle fut conçue.
- Dans tous les cas, relation consentie ou pas, cet homme m'a fait le plus merveilleux des cadeaux.
- TOI ! lui dit sa mère en la serrant très fort contre elle.
- Maman, pourquoi n'as-tu pas porté plainte ?
- J'avais peur de la réaction de tes grands-parents mais surtout de devenir une coupable alors que j'étais peut-être une victime.
- Je comprends, te amo maman. Dit Yohanna en embrassant sa mère, consciente que Mara avait fait un énorme sacrifice pour elle.
- Yo tambien, mi amor ! A présent, allons nous préparer, on doit tout donner pour Dolorès.
- Oui, après et avant tout nous sommes des PETRAKOS, on a la musique dans notre sang.
Elles se levèrent en riant, inconscientes que ce soir, la vie de chacune d'elle allait prendre un tournant décisif. Leur destin se rapprochait lentement d'elles.
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YOHANNA, "LE BLANCHISSEUR" DU CARTEL !
RomansaElle s'appelle Yohanna PETRAKOS, elle vient d'avoir 18 ans, et vit à New-York dans le quartier hispanique où elle blanchit l'argent sale d'un puissant cartel américano-cubain, depuis l'âge de 13 ans. Vous avez bien lu, elle est le "blanchisseur" d'u...