chapitre vingt-cinq

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— MANCHESTER
1990

WILLIAM SE tenait debout, face à sa mère qui lui parlait de la venue d'Agatha. Il était frustré que ce soit sa mère qui l'ait eu au téléphone alors qu'il était dans la pièce d'à côté. Et il était d'autant plus frustré d'être sorti retrouvé un ami pendant qu'Agatha passait chez lui pour la première fois.

  Qu'avait-elle pensé de la maison ? De sa mère ? Lui avait-elle fait bonne impression ?

  — Comment l'avez-vous trouvée ? Elle est sympa, n'est-ce pas ?

  Jane haussa les épaules.

  — Vingt minutes ne peuvent servir à déterminer la gentillesse de quelqu'un, mon fils. Néanmoins, elle était polie. Et légèrement stressée.

  Il hocha la tête. Elle avait fait bonne impression et c'est tout ce qui comptait à ce moment-là.

  — C'est déjà ça.

  — Vient-elle de la classe moyenne ? Elle n'avait pas l'air habituée aux usages.

  On revenait toujours au point de départ avec ses parents. Pourvu qu'elle ne le dise pas à son mari, ce serait encore pire.

  — Ce n'est certes pas la personne la plus riche, mais ça reste une bonne personne.

  — Vous ne devriez pas traîner avec elle. Elle ne parle avec vous que pour l'argent et pour rejoindre notre rang.

  William leva les yeux aux ciels. Les préjugés. Toujours les préjugés.

  — Vous n'essayez même pas de la connaître !

  — Parlez-moi sur un autre ton, William. Je ne suis pas votre amie. Et ne levez pas les yeux au ciel. Je ne sais pas qui vous a éduqué comme cela mais certainement pas moi.

  Il ne connaissait presque pas Agatha mais il ne voulait pas que ça se termine comme ça entre eux. Il voulait continuer d'apprendre à la connaître.

  — Je traînerai avec Agatha, c'est tout. Et cette affaire sera étouffée. Vous devez avoir l'habitude, ce ne doit pas être une tâche trop compliquée.

  — Je vous l'interdis ! Ne la revoyez point. On ne sait pas comment sont ces gens-là.

  — Ils sont comme nous ! Agatha, c'est une fille géniale, avec des valeurs. Contrairement à ce que vous pourriez penser, elle ne fait pas des métiers indécents pour gagner de l'argent. Elle travaille et se débrouille seule.

  — Ne lui donnez pas un centime. C'est des voleurs.

  — Maman !

  — Courtney est très bien pour vous. Gentille, polie, jolie et c'est suffisant. Pas besoin d'Agatha je-ne-sais-quoi dans votre vie. Vous risqueriez de devenir comme eux. N'oubliez pas d'où vous venez.

  Cette conversation de quelques minutes à peine avait suffit à lui faire détester davantage ses parents.

  — Devant les journalistes, vous osez affirmer que vous venez en aide aux plus démunis, que vous donnez de l'argent aux associations... Mais en réalité, c'est du mensonge. S'ils savaient à quel point vous êtes différente hors caméra et tapis rouge, on ne serait plus influents depuis longtemps.

  — Vous avez intérêt à vous taire, de suite.

  — Un jour, la vérité éclatera. L'image de la famille parfaite s'envolera, croyez-moi.

  — Combien de fois vous ai-je aidé à cacher vos bêtises ?

  — Vous le vouliez. Moi, je n'en avait guère l'attention. C'était votre choix.

  — J'ai toujours été là pour mes enfants.

  — Vous n'étiez pas notre mère, vous étiez la femme d'affaire Jane Hamilton, épouse d'Edouard et mère de Lydia et William. Vous ne m'avez pas vu faire du vélo sans roulette pour la première fois, c'est la nounou qui était avec moi ce jour-là. C'est toujours la nounou ou Lydia qui ont été là pour moi. Même Ethan a été plus présents que vous, c'est pour dire.

  — Hors de ma vue. Vous êtes puni.

  — Je suis majeur, je fais ce que je veux, quand je veux. Je ne dépend plus de vous.

  — C'est ce que vous croyez ? Vous vivez sous notre toit, vous respectez nos décisions. Point.

Publié le 03/09/23 (avec un peu de retard, désolée !!)

𝐀𝐆𝐀𝐓𝐇𝐀'𝐒 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant