chapitre trente-cinq

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— MANCHESTER
1991

AGATHA SORTIT de l'université à la même heure que Kingsley. Ils se rejoignirent devant.

— Ce soir, je suis en congé donc je vais avec un pote au bar, prévint-il.

— Tu as bien raison, Kings'. Autant en profiter.

Il sortait au moins une fois par semaine avec ce fameux pote. Il l'avait rencontré par le biais d'un ami qui organisait une petite fête pour son anniversaire. Le courant était apparemment bien passé.

— Comment il s'appelle, déjà ? demanda-t-elle en s'asseyant sur le siège conducteur de sa voiture.

— Antony. Je te le présenterai un jour prochain, promis.

Elle acquiesça avant de démarrer. Elle conduit jusqu'à chez la mère de Kingsley.

— Tu fais quoi là ? demanda-t-il en voyant qu'elle n'empruntait pas le bon chemin.

— Tu souffres de la situation avec ta mère. Et n'étant pas aveugle, je l'ai remarqué. Mon amour, il faut que ça s'arrête.

Kingsley baissa la tête, regardant ses pieds. Elle avait raison. Elle était exceptionnelle. Elle prenait si soin de lui.

— J'ai peur qu'elle ne veuille pas me voir.

— Je comprends. Si tu veux, j'entre en première. Elle me connaît, elle me laissera sûrement entrer.

Il haussa les épaules. Chaque chose qu'elle le faisait lui rappelait pourquoi il était tombé amoureux d'elle.

— Et tu me rejoindras cinq minutes après, le temps que nous parlions un peu, elle et moi.

— T'es sûre de ton coup ?

— Non, mais au moins on saura ce qu'il en est de votre relation. Tu mérites d'être éclairé sur cette situation. Et vous êtes tous les deux têtus, il faut bien que quelqu'un fasse le premier pas.

Il hocha la tête, compréhensif. Agatha se gara dans l'allée. Les voitures de la mère et du beau-père de Kingsley étaient là. Et la troisième devait appartenir à Victor, certainement.

Agatha sortit de la voiture tandis que son petit-ami resta un peu à l'intérieur. Il regardait sa copine sortir de l'habitacle. Comment pouvait-elle être si confiante ?

— A tout à l'heure, Kingsley. Je t'aime.

— Bon courage, Agatha.

Elle ferma la portière avant de marcher vers la porte d'entrée. Il ne lui avait pas dit « je t'aime ». Et c'était étrange, parce qu'il lui disait toujours « je t'aime ».

Elle toqua à la porte. A peine quelques secondes plus tard, quelqu'un ouvrit. C'était Victor. Il avait toujours son air impassible.

— Salut, commença Agatha en souriant.

Victor se décala pour la laisser entrer.

— Catherine est dans la cuisine avec mon père.

Elle n'avait mis les pieds qu'une seule fois dans cette maison.

— C'est de quel côté ? demanda-t-elle d'un air gêné.

Victor sourit, amusé par le peu d'assurance de la jeune femme.

— A gauche.

— Merci.

Elle tourna à sa gauche avant de tomber sur un séjour : salon, cuisine, salle à manger. Catherine et Anton, le beau-père de Kingsley était adossés sur le comptoir. Ils mangeaient des brownies.

𝐀𝐆𝐀𝐓𝐇𝐀'𝐒 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant