chapitre cinquante-huit

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— MANCHESTER
1992

UN MOIS plus tard, William revint de mission. Agatha adorait sa nouvelle coupe de cheveux. C'était certes totalement différent qu'avant mais ça lui donnait un charme. Elle aimait sa nouvelle apparence.

  A peine les caméras avaient-ils découvert sa nouvelle coupe qu'ils s'étaient empressés de la faire apparaître sur la une de leurs journaux comme "la nouvelle coupe à la mode". Et plusieurs anglais avaient déjà fait cette coupe depuis ces articles. C'en était presque flippant de vouloir autant ressembler à William Hamilton.

  Agatha venait de terminer de se préparer pour aller faire les courses. William était chez lui étant donné qu'il avait besoin de beaucoup de repos après ce mois intense. Mais ils avaient prévu de se voir dans la journée. Ils allaient sans doute partager un dîner ensemble.

  Agatha prit son sac à main, ses clés de voiture, et sortit de chez elle. Elle rejoignit rapidement l'ascenseur. Une odeur nauséabonde y flottait. Les voisins d'en-dessous empruntaient toujours les ascenseurs et leur hygiène de vie n'était pas la meilleure. Agatha prit le moins de bouffé d'oxygène possible pour ne pas avoir à respirer cette odeur. Elle lui donnait envie de vomir. Elle ne voulait même pas imaginer l'état de leur appartement.

  L'ascenseur arriva enfin en bas. Agatha sortît de son bâtiment sans même regarder devant elle. Puis elle fut accueillie par une horde de flash. Elle releva la tête et vit une bonne vingtaine de paparazzis, agenouillés ou debout devant elle, leurs appareils photos en main.

  Elle sentit son coeur louper un battement et la soudaine envie de s'enfuir arriva. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle était censée faire. Elle resta pétrifiée pendant une trentaine de secondes, la bouche entre ouverte et la respiration saccadée. Puis une journaliste s'approcha d'elle, un micro en main.

  — Etes-vous bien Agatha Landry ? demanda-t-elle en tendant le micro vers la brune.

  Cette dernière hocha difficilement la tête, avalant sa salive. Elle avait envie de se cacher sous terre.

  — Etes-vous en couple avec William Hamilton ?

  Elle ne répondit pas, bien trop désarçonnée par la situation. Quelques paparazzis criaient son prénom pour qu'elle se retourne vers eux. Comment pouvaient-ils connaître son prénom alors que même ses voisins ne connaissaient pas son prénom ? Elle était apeurée.

  Elle marcha vers la gauche, mais une horde de paparazzis bloquaient le passage. Elle baissa la tête, la tourna vers le bâtiment où aucun paparazzis ne la photographiait, et elle se faufila. Elle marcha d'un pas rapide vers sa voiture. Maintenant, tout le monde saurait quelle voiture elle avait. Elle aimait sa voiture mais elle sentait qu'elle devrait bientôt la remplacer. Et ça lui brisait le coeur.

  Elle entra dedans et démarra le plus vite possible. Elle quitta le parking et sortit de l'enceinte. Puis elle roula. Des SUV noirs la suivaient, ne faisant qu'accroître son stress. Elle ne savait pas comment les semer.

  Pour la première fois de sa vie, elle fit un gros excès de vitesse pendant un virage, tournant vers une rue, parsemée de multiples chemins. Elle tournait à chaque intersection, sans vraiment savoir où elle allait. Elle voulait juste fuir.

  Une bonne dizaine de minutes plus tard, elle s'arrêta sur un parking qu'elle n'avait encore jamais vu. Elle n'était plus suivie. Elle soupira avant de serrer fort ses mains sur le volant et de fondre en larmes. Elle ne réalisait pas ce qu'il venait de se passer. Elle ne réalisait pas que demain, tout le monde connaîtrait son visage. Elle savait que ce moment arriverait mais elle n'y était pas préparée. Ce n'était pas censé arriver aujourd'hui.

𝐀𝐆𝐀𝐓𝐇𝐀'𝐒 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant